Rencontre avec Virginie Garlasain (Directrice des Services Professionnels et des projets innovants, Xperteam), fine connaisseuse de l’adaptive learning, tel qu’il est concrètement mis en œuvre aujourd’hui par les Directions formation. Ingrédients de l’adaptive learning, plus quelques conseils bons à prendre.
L'adaptive learning, c’est l’IA (Intelligence Artificielle) appliquée au domaine de la formation ?
Virginie Garlasain : Dans les cahiers des charges reçus par Xperteam, les Directions Formation peuvent donner des versions très différentes de l'adaptive learning, et le terme d’IA n’y apparaît que timidement. Pour certaines, l’adaptive learning, c’est la recommandation de contenus personnalisés ; pour d’autres, la personnalisation des parcours selon les profils métier ; pour d'autres encore, un ancrage gamifié des connaissances… L’adaptive learning, c'est tout cela à la fois : parcours conditionné, engagement gamifié, ancrage. Et l’Intelligence Artificielle, ce n'est rien d'autre qu'un programme apprenant qui peut sentir, raisonner, agir et s'adapter… Avec une erreur à éviter : croire que le programme pourrait jamais remplacer le formateur ou l'ingénieur pédagogique.
Quels sont les bénéfices de l'adaptive learning ?
Virginie Garlasain : Le premier bénéfice, c'est le gain de temps et l’économie des moyens, pour l’apprenant, le manager, et le département L&D : l’adaptive learning permet d’alléger le programme d'apprentissage de chacun sans qu’il faille en passer par la démultiplication des parcours, des cours et des contenus. Ensuite, les résultats sont manifestes en matière d'engagement et de rétention, en particulier dans le cadre de la formation dans le flux du travail (« in the flow of work »), en l’absence d’un formateur : si on maîtrise déjà les deux-tiers des compétences d'un cursus, il faut pouvoir se concentrer en priorité sur le tiers restant, et terminer ainsi sa formation avec le sentiment qu’on a bien utilisé son temps !
Ces bénéfices existent-ils d’ores et déjà ?
Virginie Garlasain : L'adaptive learning a largement prouvé son efficacité dans divers domaines : apprentissage des langues, formations règlementaires, acquisition de connaissances et de compétences techniques. Le programme « Dalloz Coaching », par exemple, que notre client Dalloz déploie depuis 4 ans via notre xLMS, permet aux étudiants en droit de bénéficier d’un coach 100 % numérique qui les aide à planifier et suivre un programme de révision personnalisé en vue de leur examen, en disposant de tous les ingrédients nécessaires : app mobile, évaluations, suggestions de contenu, adaptation en fonction du temps disponible et de la date d'examen.
Justement, quels sont les ingrédients de l'adaptive learning ?
Virginie Garlasain: L'ingrédient clé, on l'a mentionné, c'est l'IA et ses algorithmes. Le mobile revêt aussi une grande importance, car il est l’outil par excellence pour recevoir des notifications et ancrer ses connaissances en situation de mobilité. L’évaluation joue un rôle prépondérant, car c’est d’elle que procèdent les parcours conditionnels et les recommandations de contenus pertinents, au moment opportun, selon les préférences de format et les connaissances ou compétences déjà acquises. La modalité la plus emblématique de l'adaptative, c’est aujourd'hui l’évaluation formative adaptative, qui s'appuie sur les mécanismes des neurosciences, et plus particulièrement sur la courbe de l'oubli, pour ancrer les connaissances et les compétences. Quant au 3ème ingrédient, c'est l’acception culturelle de ces nouvelles approches : même ma génération a fini par s'approprier l'apprentissage par le jeu, l'utilité des rappels et des notifications sur mobile !
Tout est en place, donc, pour que ça prenne : la science qui démontre le bien-fondé de l’adaptive learning, les apprenants de plus en plus réceptifs à ce type d’apprentissage, et la technologie.
Beaucoup de responsables formation se demandent par où commencer…
Virginie Garlasain : L’adaptative doit être pensé à partir des finalités visées - les compétences individuelles à développer et à ancrer durablement ; les modalités viennent seulement après. Cette démarche exige une vision « macro » : connaître ses audiences, identifier les compétences clés de chaque profil, décliner ces compétences en points clés. Après, on doit se poser des questions sur les contenus… En a-t-on assez pour que l’adaptation des parcours soit opérante ? Sont-ils pertinents ? L’évaluation doit aussi être décloisonnée, pour jouer pleinement son rôle en continu, tout au long du parcours… Dispose-t-on de tests de positionnement, d’évaluations pertinentes ? L’ancrage des compétences est-il convenablement rythmé ? A-t-on l'app pour gérer la mobilité, les activités gamifiées ?
Des questions auxquelles les équipes Xperteam aident les Directions learning & development à répondre ?
Virginie Garlasain : Oui, avec cette volonté de simplifier l’écosystème L&D de nos clients. Le xLMS, qui intégrait déjà toutes les fonctionnalités pour « Piloter, Créer, Engager et Coacher », est aujourd’hui nativement doté d’un nouveau module d'ancrage adaptif qui évitera à nos clients d’encourir des coûts d'intégration avec un outil tiers ; ce module peut être aussi déployé sur notre app mobile !
J’en profite pour signaler au passage que notre département Xperteam Easy compte plusieurs docteures en sciences cognitives à même de conseiller et d’accompagner les directions formation en mode « Form'action » pour les aider à optimiser leurs parcours de formation, et les rendre plus cohérents et engageants. Elles aident également nos clients à lever les freins sur la rédaction des questions d'ancrage et la formulation des Feedbacks.
Quelles sont les perspectives de l'adaptive learning ?
Virginie Garlasain : Le Machine Learning et le Deep Learning sont un sujet à part entière, qui dépasse le cadre de notre échange, mais qui semble intéresser toujours plus les universités et les grands organismes de formation. L’adaptive learning qui en résulte s’appuiera sur le recueil et l’analyse d’énormes volumes de données sur les apprenants et sur leur comportement ; l’idée, c’est de les aider à terminer leurs cursus, à améliorer les résultats aux examens.
Dans le monde de l'entreprise, il s'agit avant tout de bien mieux exploiter tout le potentiel du Blended & Action Learning pour développer la compétence.
A ce jour, l'adaptive qui est très concentré sur les savoirs et l'ancrage via l'évaluation, favorise la rétention ainsi que la capacité à faire des liens entre les connaissances. Il prépare donc mieux à l’action.
Mais reste la métacognition, la compétence « automatique », qui ne s’actualise que par la réflexivité pour l'action. Un nouvel usage de l'adaptive passe donc par un usage orienté mise en œuvre, avec l'introduction du micro-doing, en mode « smart coaching » sur une app.
|