Quelques considérations prises sur le vif auprès de Mathieu Heidsieck (Directeur du développement, Xperteam) sur le sujet toujours « chaud » des contenus pédagogiques digitaux et sur quatre leviers que les services formation peuvent mobiliser dans leur stratégie de contenus.
Est-ce qu’en matière de formation, on peut affirmer que « content is king » ?
Mathieu Heidsieck : Si le contenu est roi, alors le roi est nu… Cette suggestion (que le contenu est roi) vient d’une culture du training très top down. Notre secteur a connu, dès l’origine, la tentation de reproduire une approche de formation descendante reposant sur le contenu. Récemment encore, les offres inspirées de Netflix, qui sont elles aussi centrées sur le contenu, en ont apporté la preuve. Alors que les succès d’audience engrangés par l’industrie des technologies sont essentiellement allés aux acteurs qui ne possédaient pas de contenu (Yahoo, Google, Facebook, TikTok).
Si la capacité d’une plateforme de formation à conjuguer une capacité native de création (les contenus pédagogiques digitaux produits par les équipes internes) avec un accès intelligent aux contenus (d’où qu’ils viennent : sur mesure externalisé, offres du marché, curation) est certes primordiale, les meilleures plateformes sont celles qui soutiennent le « comportemental » : échange, collaboration, live training, coaching et feed-back, dans une approche qui dépasse largement l’apport efficace de contenu.
Travaille-t-on réellement les compétences avec du contenu ? Le bon contenu suffit-il à développer les savoir-faire et les compétences comportementales ? Ce sont les vraies questions… Si le contenu est roi, la plateforme est donc reine !
Qu’est-ce qu'un « bon contenu » pour l’apprenant ?
Mathieu Heidsieck : Le bon contenu, c’est celui qui produit l’effet prévu. Les concepteurs ne devraient pas commencer sans avoir la finalité en tête, à savoir le comportement attendu du collaborateur pour accomplir les différentes tâches. Le bon contenu, c’est celui qui va clarifier les activités cognitives qui sont mobilisées dans l’accomplissement des tâches comportementales. Charge aux experts, qui vont contribuer à l’élaboration du programme, de s’appuyer sur la rationalité déployée par les collaborateurs les plus performants. Une approche délicate, parce qu’on sait que 70 % des connaissances mobilisées par ceux-ci sont « automatisées/inconscientes ». Un expert commet souvent l’erreur paradoxale d’une trop grande rigueur et d’une volonté d’exhaustivité dans les connaissances à transmettre, alors qu’une formation destinée à développer les compétences et la performance devrait démarrer avec l’objectif d’opérationnalité en tête. Il sera ainsi plus facile, en plus des connaissances, de déterminer la palette de modalités pédagogiques à mobiliser.
Comment lutter contre le goulet d’étranglement souvent constaté dans la production de contenus sur mesure ?
Mathieu Heidsieck : On peut « sourcer » plus de la moitié du contenu en scannant la grande diversité des sources disponibles. Les marketplaces proposent des contenus sur étagère de toute nature (e-learning, articles, podcasts, livres, vidéo, etc) provenant de multiples éditeurs. Xperteam vient de lancer sa nouvelle marketplace pour simplifier cette activité de sourcing. Ensuite, il y a le contenu original, spécifique à l’entreprise, créé en interne, qui peut être développé via toute une palette d’outils.
Dispose-t-on d’une typologie de ces outils auteurs ?
Mathieu Heidsieck : L’entreprise peut mobiliser quatre types d'outil ou d'approche :
- D’abord l’éditeur natif de ressources pédagogiques pour les contenus rapides et simples à créer ; cette simplicité est un gage de démocratisation maximale pour créer des banques de connaissances dont la formation peut être tracée ;
- Ensuite, il y a les banques de questions dont l’exploitation peut être diversifiée dans divers domaines : formatif, ancrage, sommatif, enquête, observation, voire feedback360 ;
- On pourra aussi utiliser les outils auteurs e-learning, largement remplacés aujourd'hui par les plateformes auteur collaboratives, plus puissantes, réactives, souples ;
- Enfin, la création de modèles de formation « live » est selon moi appelée à un grand avenir.
Cette approche du « live » vous semble particulièrement efficace…
Mathieu Heidsieck : Efficace et agile, comme on l’a constaté chez nos clients, par exemple, à l’Apave où le programme « Booster » conçu par le Campus, qui a d’abord réuni 1500 managers, a été relayé par ces derniers auprès des 12 000 collaborateurs. Déployée via la plateforme de « live » Mobiteach, cette session modèle, interactive, engageante a par ailleurs apporté un haut niveau de traçabilité. Le temps de conception du live est plus court ; de plus, intégrer les managers dans ce « geste pédagogique » a des effets vertueux.
Pourrait-on imaginer, demain, des experts métier autonomes dans la médiatisation rapide de leurs savoirs ?
Mathieu Heidsieck : C’est déjà le cas ! En atteste la réussite spectaculaire de Decathlon et de ses 1000+ auteurs dans 40 pays, appartenant à tous les départements de l’enseigne, et qui produisent annuellement plus de 4000 modules e-learning. Les contenus ainsi produits au rythme du business sont engageants, lisibles sur un PC ou un mobile. Nous avons accompagné ces auteurs à la maîtrise d’Elucidat, un outil qui fait des merveilles pour fluidifier la production interne et externe de contenus e-learning de qualité, dans une démarche qui conjugue qualité, agilité et économies.
Une plateforme xLMS permet-elle de libérer ce potentiel de création ?
Mathieu Heidsieck : La plateforme xLMS réunit le meilleur d’un LMS et d’un LXP, avec, en complément, le support du coaching terrain et du « live » pédagogique renouvelé ; une telle plateforme permet de créer nativement tout type de ressources pédagogiques, notamment des modalités variées d’évaluation qui sont au cœur des stratégies de formation les plus efficaces. L’observation, le feed-back et les missions sont au service des activités expérientielles. La créativité des formateurs est également libérée pour rehausser le niveau des animations présentielles et distancielles. J’y reviens : c’est la plateforme xLMS qui est reine !
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