Cegos dévoile son baromètre international « Transformations, Compétences et Learning ». La crise est passée par là, mais la formation qui en a profité pour s’adapter, peut durablement compter sur la prise de conscience collective des entreprises et des salariés qu’un effort considérable doit être effectué en matière de développement des compétences.
Édition 2021 du baromètre « Transformations, Compétences et Learning » Cegos : 2643 salariés et 365 responsables formation-RH interrogés en juillet, dans des organisations de plus de 50 salariés, appartenant à tous les secteurs d'activité, public y compris. Premier intérêt, immédiat, du baromètre : il donne la parole aux « clients » (les salariés) et aux « fournisseurs » (la fonction formation-RH)… La comparaison des réponses est toujours riche de leçons ! Deuxième intérêt : la possibilité d’une comparaison géographique, l’étude ayant été menée en juillet 2021 en France, Allemagne, Italie, Espagne, ainsi qu’à Singapour et au Brésil (où le groupe est fortement implanté).
Passage en revue de quelques résultats marquants :
La formation s’est adaptée à la crise…
Cette adaptation mentionnée par 89 % des responsables formation-RH français (93 %, dans l’ensemble du panel international) s’est notamment traduite par une poursuite de la distancialisation des formations déjà bien entamée en 2020 : en France, 58 % des responsables indiquent avoir mis en place des modalités à distance en ligne (48 % des dispositifs mixtes), une tendance qui a crû de 16 % en comparaison à 2020 (première année de l’interdiction brutale de la salle de cours pendant le confinement). La formation se maintient, même à distance, pour la raison évidente que les besoins de formation sont toujours bien là ! Autre indication témoignant d’un mouvement de fond : 54 % des salariés français (52 % du panel salariés international) ont été à l’initiative de la formation suivie (contre 46 % à qui la formation suivie a été imposée), qu'on peut qualifier d'excellente nouvelle : la crise aura permis de responsabiliser les salariés sur le maintien, sinon le développement, de leurs compétences. La peur est ici bonne conseillère (pourvu que ça dure).
La compétence digitale est au cœur des préoccupations
Selon les responsables formation-RH français, 40 % des emplois de leur organisation sont menacés à trois ans par d’obsolescence des compétences, et 49 % (en augmentation de 10 %) disent rencontrer des difficultés croissantes à « matcher » ces besoins avec l’offre de formation. Résultat : pour 78 % de ces responsables, la maîtrise des compétences de base est devenue un enjeu RH majeur. Parmi celles qui sont à développer, 3 sont particulièrement mises en avant : communication digitale, collaboration à distance, agilité/adaptation — aucune surprise, car ce sont des compétences qu’on trouve régulièrement actualisées, par exemple, dans les listes du BIT ou du WEF. Par ailleurs, si l’on admet que la collaboration à distance suppose de bien connaître et utiliser les nouveaux environnements numériques, et que l’agilité suppose de s’appuyer sur l’accélération offerte par les outils digitaux, on s’accordera sur le fait que la compétence digitale est au cœur des préoccupations formation-RH.
Au-delà de la crise, des salariés plus enclins à se former
La crise, on l’a évoqué, a accru l’attention et le désir de formation des salariés. S’agit-il d’un feu de paille ou d’une tendance durable ? Le baromètre peut rassurer : 63 % des collaborateurs français (quasiment à égalité avec l’ensemble du panel international) admettent que le développement des compétences est une responsabilité partagée par eux-mêmes et l’entreprise (alors que seulement 45 % des responsables formation-RH partagent ce constat de coresponsabilité… encore un effort !). Le tableau est moins souriant en matière de formation : si 76 % des salariés à l’international sont prêts à suivre une formation en dehors de leur temps de travail, leur part est de 63 % en France — un chiffre tout de même loin d’être négligeable et qui est conduit à progresser, pourvu que la formation est bien ancrée dans la situation réelle de travail et que les contenus de formation soient faciles d’accès (ces deux facteurs conditionnant, selon les répondants au baromètre, l’engagement des actifs dans leur formation).
Un contexte réglementaire plus favorable
La dernière réforme de formation professionnelle, qui a ouvert le champ d’action de la formation et lancé le CPF, est bénéfique à l’innovation selon 85 % des responsables formation-RH, ainsi qu’aux salariés qui se sont déjà connectés en masse (69 % en hausse de 10 % sur 2020) à l’application « Mon Compte Formation », 83 % d’entre eux considérant que le CPF est utile pour développer leurs compétences. Le CPF n’empêche toutefois pas les entreprises d’investir en formation sur le fonds propres (9 % seulement des responsables constatent une diminution de ce mode de financement).
Michel Diaz
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