Depuis toujours, formation et catalogues font bon ménage. Le phénomène s’est amplifié avec la transformation numérique de la formation ; on le voit à l’œuvre désormais dans le champ des compétences : les DRH utiliseront de plus en plus les catalogues standards contre lesquels leur propre référentiel interne peut difficilement lutter…
Catalogue de formation : une vieille histoire
Dès qu’elle est devenue une affaire sérieuse, bien ancrée dans la société marchande ; autrement dit, dès qu’elle est sortie du seul compagnonnage (ou d’un modèle 70/20 qui ne disait pas son nom), la formation continue s’est structurée autour de la notion de catalogue. Longtemps les organismes de formation ont délivré leur offre sous forme de fiches produits (programmes avec objectifs, durée, modalités pédagogiques, dates pour les inter, etc.) avec, au besoin, un mode d’emploi « filières » lorsque celles-ci existaient. Ces catalogues, surtout ceux proposés par les leaders de la formation, étaient attendus avec impatience : les responsables formation allaient y puiser l’inspiration d’une partie de leur plan annuel.
Le web : une aubaine pour l’approche catalogue
Avec le Web, loin de disparaître - au contraire, il y a inflation ! -, les catalogues devenus numériques se sont dotés des fonctions de recherche permettant de trouver la perle rare (le stage qui me convient) en multipliant les possibilités de tri croisé. Rupture plus importante encore : la toile étant ouverte à tous, les catalogues de formation ne sont plus principalement réservés aux responsables formation : n’importe qui, à commencer par l’apprenant potentiel, peut accéder à ces catalogues de formation.
À l’aise dans ce nouveau monde (un coût de production moindre, une multiplication des opportunités), le catalogue ne s’est pas arrêté en si bon chemin, comme le montre le développement des contenus sur étagère, qui s’organisent sous forme de catalogue, ou encore l’usage de la notion de catalogue au cœur même de l’administration des LMS et autres plateformes digitales de formation…
Il semble donc que la formation soit tout entière progressivement conduite à se transformer en catalogue ! Et si l’on s’arrête un instant sur les catalogues de formation en ligne sur étagère, force est de constater que l’exponentialisation des contenus disponibles permet de couvrir la plupart des champs de formation, y compris ceux qui semblaient exclusivement réservés aux formations métier sur mesure. Lesquelles procèdent largement aujourd’hui de formations sur étagère, accompagnées d’un e-coaching des apprenants ou de quelques séquences de formation complémentaires spécifiquement développées pour l’occasion.
Les compétences : aussi un catalogue !
Depuis Clustree (dont le catalogue, racheté par Cornerstone OnDemand, décrit plus de 50,000 compétences) ou d’autres, aucun doute : les catalogues de compétences sont à leur tour appelés au plus grand avenir. Le référentiel de compétences sur mesure que les DRH mettaient des années à construire, pour s’apercevoir, le travail fini, qu’il était déjà obsolète, et que la grande affaire était celle de son actualisation inaccessible aux moyens de l’entreprise, dans une ère d’obsolescence massive et accélérée des compétences, ce référentiel prend l’eau. Pourquoi se creuser les méninges, si l’on peut partir de ces énormes catalogues de compétences « standards » actualisés en temps réel par des algorithmes qui vont puiser, par exemple, dans les CV ou les profils LinkedIn ? Surtout, si l’on constate que les compétences proposées recouvrent largement, sauf peut-être en matière de sémantique, celles que les DRH ont décrites dans leur tentative de référentiel. Au reste, rien n’empêche l’entreprise d’y ajouter le soupçon de sur mesure, comme elle le fait (on l’a mentionné plus haut) avec les formations sur étagère ?
Michel Diaz
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