« Prenez votre risque ! » On ne sait pas si Michel Diaz, le cofondateur du cabinet Féfaur, pensait à Emmanuel Macron ou René Char en concluant ainsi son intervention mais c’est bien le conseil qu’il choisit d’adresser à l’auditoire venu assister à son intervention inaugurale du salon e-Learning Expo, mardi 7 septembre à Paris…
Manière de rappeler une fois de plus que les années Covid bouleversent le rapport à la distance et au numérique et, ce faisant, créent des opportunités inédites pour les acteurs de la formation. Encore faut-il tirer « quelques leçons de ces deux années qui ont changé la formation. »
Impact sur l’offre
Michel Diaz le relève, la crise sanitaire n’a pas été sans effet sur les contenus et les attendus de la formation. S’il s’agit toujours de contribuer à accroître la performance individuelle et collective des entreprises, on observe sur la période un certain « transfert des formations métier sur mesure vers les formations aux outils et aux environnements de travail numériques. » Lesquelles signent la montée en puissance des responsables informatiques, à la manœuvre pour la conception de cette offre développée dans l’urgence, avec l’objectif de développer la performance opérationnelle des collaborateurs.
Rappelant la « souffrance énorme générée par la distanciation sociale », le directeur associé du cabinet Fefaur relève également la grande créativité des offreurs en matière de formation au bien-être, facteur de fidélisation des salariés. Et il veut le croire, sans aller jusqu’à « se tailler la part du lion, cette offre va rester durablement dans les plans de formation, au-delà des 10 % dans les entreprises de taille moyenne. » Parmi les autres externalités de la crise sanitaire pour la formation, Michel Diaz souligne notamment l’impact positif d’une compétence collective digitale accrue sur la transformation digitale des entreprises et insiste sur le rôle de la formation pour la mise en conformité des entreprises avec les nouvelles exigences issues de la pandémie.
Réactivité
Si les politiques formation d’avant-crise n’étaient pas toujours du côté de l’audace aux yeux de Michel Diaz, ce dernier n’en estime pas moins que la communauté professionnelle des responsables formation s’est montrée d’une « incroyable réactivité » pour faire face aux défis posés par la crise Covid. Rapidement apparue comme un moyen de « maintenir un lien affectif avec les collaborateurs », les logiques de classes virtuelles ont été déployées par 80 % des entreprises depuis mars 2020, se félicite-t-il. Et si dans bien des cas, on a certes « plus distancialiser que digitaliser » la formation à travers de simples plateformes type Zoom ou Microsoft Teams, c’est selon lui le « pragmatisme » des responsables formation, vécu comme une « heureuse surprise », qu’il faut célébrer.
V.U.C.A.
À l’unisson de la communauté d’experts de la formation, Michel Diaz relève à la fois les limites du tout distanciel et le « choc durable » encaissé par le tout présentiel, pour plaider à son tour pour un modèle mixte dont les équilibres restent à inventer. En conclusion, la crise ne lui apparait que comme « l’actualisation et l’expression de l’ère V.U.C.A. » qui caractérise le monde contemporain : Vulnerability (vulnérabilité) – Uncertainty (incertitude) – Complexity (complexité) – Ambiguity (ambiguïté). Et parce que la formation est une réponse à ces nouveaux défis, les opportunités de développement sont réelles. C.Q.F.D. : « prenez votre risque ! »
Initialement paru dans Centre Inffo, avec l'aimable autorisation de Nicolas Deguerry (Nicolas Deguerry, Centre Inffo)
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