Après plus d’un an de formation à distance forcée, il est temps de se pencher sur des pratiques pédagogiques qui ont bousculé les certitudes du présentiel. Durant cette période, l’ISTF a accompagné près de 5 000 formateurs dans leur « transformation digitale », ce qui a permis à bon nombre d’organismes de formation de sortir gagnant de la crise ; ce qui nous a également permis d’observer comment les anciens postulats pédagogiques avaient évolué au cours des 15 derniers mois…
Les formations de l'ISTF, qui sont dispensées à distance, ne se contentent pas de développer les compétences de nos stagiaires (ce qui est déjà très bien !) : elles visent aussi à leur faire vivre l’expérience d’être apprenant à distance. Autant dire qu'elles constituent une sorte de laboratoire grandeur réelle de ce qui marche ou ne marche pas en matière de pédagogie distancielle, selon qu'on se place du point de vue de l'apprenant ou du formateur.
Sur un panel aussi large de « formateurs - apprenants », les considérations, que l’on peut d’ores et déjà porter, sont consolidées dans l’infographie « Mesure de l’efficacité d’un parcours de formation distancielle » disponible gratuitement sur le site d’ISTF.
Verbatim (florilège)…
Quel est l’avis des formateurs démarrant leur formation à l’ISTF, à propos de la digitalisation de leurs formations présentielles ? « Le digital-learning, je suis d’avance convaincu que c’est très bien, mais cela dépend des contextes et dans le mien, ça ne peut pas fonctionner. ». Cet avis n’est pas isolé : il est partagé par 90 % des formateurs que nous accompagnons… problème… Une autre question vient immédiatement : « En quoi, votre contexte est si différent que la formation à distance ne pourrait y trouver sa place ? ». De nouveau, les réponses sont très partagées, selon 4 axes :
- « J’utilise beaucoup les mises en situation en réalisant des jeux de rôle. »
- « Je me sers beaucoup du non verbal pour travailler la libération de parole. »
- « J’ai besoin de créer un vrai relationnel avec les stagiaires et ce n’est pas possible à distance. »
- « Je fais beaucoup travailler les apprenants entre eux dans une approche collaborative. »
Tout le travail des formateurs de l’ISTF consiste alors à mettre en œuvre les approches pédagogiques pour démontrer qu’il est possible de répondre point par point aux réticences évoquées, et que ces réponses sont de surcroit souvent plus efficaces… Ce que finissent par admettre les formateurs à l’issue de leur formation : 84 % reconnaissent que la formation à distance est plus efficace qu’un cours en présentiel ! Un autre résultat pourra surprendre : pour 76 % d'entre eux, c’est dans les séquences asynchrones, quand ils sont seuls face à un travail à rendre à leur formateur, que l’efficacité du distanciel est optimale, sous réserve que l’implication soit au rendez-vous, car ils sont 87 % à considérer que le niveau d’implication requis est plus important que dans le cadre d’une formation traditionnelle en salle.
Plus efficace, à même d’embarquer la quasi-totalité des approches pédagogiques, que manquerait-il alors à la formation à distance ? Finalement, la formation présentielle serait inutile ? Au plan de l’efficacité pédagogique, on peut vraiment s’interroger… Mais notre étude démontre au contraire que le présentiel a toute sa place, sous réserve des conditions dans lesquelles il se tient. On mentionne souvent la motivation plus élevée des stagiaires quand ils apprennent en groupe, la convivialité de la pause-café et du déjeuner pris en commun, la possibilité même de l’humour en salle quand a contrario les plaisanteries en ligne supportent mal les problèmes de bande passante ! Ce qui fait défaut au bout du compte, c’est le contact entre des êtres vivants qui relève plus des « ondes » et de nombreux signaux (non encore interprétés) plus ou moins faibles émanant des individus que de la pédagogie elle-même.
Le présentiel seul ne « forme » pas mieux, il forme même sans doute moins bien, mais il demeure indispensable à l’épanouissement personnel en tant qu’être vivant et rayonnant. C’est fort de ce postulat qu’il faut construire le « blended » moderne : non sur de fausses croyances pédagogiques, mais sur la recherche d’un nouvel équilibre entre la pédagogie et ce qu’on pourrait (peut-être abusivement) qualifier de sociologie.
Pour consulter tous les chiffres clés de cet article, téléchargez gratuitement l’infographie « Mesure de l’efficacité d’un parcours de formation distancielle » disponible gratuitement sur le site d’ISTF.
|