Si l’on se livrait à un rapide recensement des acteurs du développement des compétences dans l’entreprise ?

Mathieu Heidsieck : C’est une famille nombreuse ! Essayons tout de même : le formateur concepteur, l’animateur de formation, le tuteur, le coach externe et interne, le manager accompagnant, les experts, sans oublier les pairs ni les superviseurs d’organisation… Tous ont un rôle à jouer dans le développement d’une culture et de pratiques apprenantes, à travers une très grande diversité d’activités créatrices de compétence, et les solutions digitales spécialisées pour les faciliter.

Le risque d’éparpillement est grand…

Mathieu Heidsieck : On peut souhaiter que la plateforme d’organisation apprenante devienne le lieu de ralliement de tous les acteurs qui interviennent dans la création de compétence. Une belle ambition que celle de fédérer et de mettre en cohérence les actions de toutes ces parties prenantes. 

J’observe qu’aujourd’hui aucune solution ne permet d’atteindre cet objectif, du moins sans innovation ouverte. Une plateforme à même de prendre en compte et d’harmoniser toutes les activités d’autoformation existantes avec des formations « Live » en présentiel ou distanciel elles-mêmes augmentées d’activités et de traçabilité, c’est déjà une rareté, bien qu’étant un enjeu clé ! Reste encore à faciliter et renforcer le développement continu des compétences sur le terrain, ce qui suppose des fonctionnalités supplémentaires de coaching terrain en situation de travail, facilitant la FEST et la mécanique puissante des boucles d’apprentissage où doivent intervenir managers, formateurs, experts ou pairs accompagnants… Le chemin semble long. La meilleure stratégie me semble de conjuguer une solution ayant une couverture native importante, ouverte, évolutive avec des solutions tiers.

Faut-il passer un contrat pédagogique avec l’apprenant ?

Mathieu Heidsieck : L’époque est sensible aux plateformes de type « market place », offrant une approche Netflix ou Deezer de la formation avec une abondance de contenus recommandés à partir du profiling de l’apprenant. Cette liberté guidée offerte à l’apprenant, la confiance qu’il porte à juste titre à cette approche d’ores et déjà bien éprouvée, expliquent qu’on la retrouve sur de nombreuses plateformes. Mais la richesse du choix peut aussi décourager, car il ne suffit pas d’apporter la quantité et l’immédiateté des savoirs pour réussir un développement de compétences… La définition des priorités de formation individuelles passe par l’identification des écarts de compétences et des progrès à réaliser, au regard d’un poste occupé ou d’une ambition. Ce processus peut s’automatiser, mais une intervention humaine réfléchie est indispensable à la passation d’un contrat pédagogique avec l’apprenant, un contrat porteur d’engagement et d’endurance. Comme dans de nombreux récits réussis, un « destinateur » confie la mission à un « destinataire » qui la valide. Les conversations de développement menées avec le manager deviennent régulières, pour amener chaque collaborateur à révéler ses talents. 

Le développement des compétences passe-t-il par une approche Blended Learning enrichie ?

Mathieu Heidsieck : Tous les programmes de développement des compétences devraient se repenser via l’approche 70-20-10. Qu’on parle de ce sujet depuis plus de 10 ans ne signifie pas qu’on en ait tiré tout le potentiel ! D’autant que le contexte est devenu très favorable à cette démarche d’excellence dont la qualité donne un réel crédit à la validation des compétences visées, et donc in fine à l’attractivité des démarches proposées. Par ailleurs, il n’est pas toujours nécessaire d’être sur le terrain opérationnel pour exploiter toutes les possibilités de l’apprentissage expérientiel ; nos clients, par exemple, utilisent de plus en plus des logiques de simulation incluant des séquences d’interactivité en temps réel avec le formateur ou le coach : l’Apave ou Dekra utilisent la réalité virtuelle pour le contrôle des véhicules ou des installations, Poma utilise les simulateurs de cabine téléphérique, d’autres encore vont utiliser le e-sport pour former des équipes haute performance ! Il est possible désormais de renouveler en profondeur toutes les activités pédagogiques, dans un contexte légal qui soutient également les activités de formation sur le terrain. C’est très stimulant !

Quelle est l’offre de Xperteam pour répondre à ces nouveaux enjeux ?

Mathieu Heidsieck : Notre plateforme xLMS® sert l’accélération de la professionnalisation, c’est-à-dire le développement des savoirs complexes (apprendre, comprendre, agir) et des apprentissages critiques. Faire circuler les savoirs pour développer permet certes de favoriser une culture de l’apprenance, mais il faut creuser plus profondément. Le xLMS® est la plateforme par excellence de cette révolution, il conjugue les apprentissages micro et macro, le learning et le training, la blended évaluation pour mieux cerner les preuves de l’apprentissage, le digital et l’humain, le renouvellement du synchrone et pas seulement de l’asynchrone, les apprentissages cognitifs individuels et les apprentissages d’équipe et relationnels, le feedback et l’autoévaluation individuels comme les 360 collectifs, le badge de gamification et la certification…

Avec une prise en compte de l’explosion des formations « Live » à distance ?

Mathieu Heidsieck : La formation « Live » - qu’elle soit présentielle ou en classe virtuelle – est devenue la modalité dominante en proportion et en impact. Mobiteach, notre plateforme de « Live Training », est parfaitement intégrée au xLMS® : son effet en est aujourd’hui renforcé. Ce qui nous permet de définir les compétences ou les champs de responsabilité des collaborateurs, avec tous les leviers de développement et d’animation à la main des différents acteurs.