Activité physique réduite, kilos de trop, stress, insomnie… la crise sanitaire met à rude épreuve notre équilibre physique et émotionnel, ce qui n'est pas sans effet sur la productivité des entreprises… Il est possible d’en sortir par le haut, grâce aux 6 conseils recueillis auprès de Maarten Franken, Fondateur et PDG.
Le bien-être au travail ?
Maarten Franken : Pour l’OMS, le bien-être au travail, c’est « un état d’esprit caractérisé par une harmonie satisfaisante entre d’un côté les aptitudes, les besoins et les aspirations du travailleur et de l’autre les contraintes et les possibilités du milieu de travail ». Les deux - productivité individuelle et bonheur - sont dépendants, car la performance et l’aisance au travail engendrent une grande satisfaction individuelle et collective.
Le bien-être au travail, c’est donc un atout pour l’entreprise ?
Maarten Franken : Réduction de l’absentéisme, diminution du stress et de l’anxiété, engagement, loyauté, rétention des talents… ces avantages sont précieux en ce moment où l’on voit se développer tout un mal-être pouvant aller jusqu’à la dépression ou des maladies chroniques comme le diabète et les maladies cardiaques dont l’impact est en effet désastreux sur la performance collective. Le collaborateur et l’organisation trouveront donc tous deux leur compte en améliorant le bien-être. Les responsables RH-formation ayant participé à l’étude GoodHabitz x Féfaur sur l’impact du télétravail sur la formation sont unanimes : l’année 2021 sera placée sous le signe du bien-être des employés, ce qui passera notamment par la création d’un environnement de travail sain où il fait bon travailler, et par la formation qui confirme sa capacité à concilier télétravail et bien-être.
Comment les services formation-RH peuvent-ils y parvenir ?
Maarten Franken : Nous avons relevé 6 initiatives à prendre immédiatement. Première initiative : la mise en place d’un programme de santé physique et morale - ce que font déjà 80 % environ des entreprises de plus de 200 salariés (source : Harvard University) - construit sur les notions d’équité, de collaboration et de réussite, à quoi s’ajoute la santé mentale pour prendre en compte les conséquences de la crise, 91 % des employés interrogés souffrant d’un stress excessif et près de 71 % estimant que leur employeur n’en fait pas assez pour prévenir le surmenage (source Deloitte). Un tel programme est forcément personnalisé, car ce qui fonctionne dans une entreprise ne fonctionnera pas forcément dans une autre ; cette personnalisation passant par une enquête sur les besoins des employés et des équipes, sous forme de réunions, de suggestions de type « boîte à idées », et d’utilisation de notre « GoodScan » !
Donc, la santé mentale dans le radar ?
Maarten Franken : C’est la 2ᵉ initiative que nous pouvons suggérer : cap sur la santé mentale au travail ! Le sujet qui n’est plus tabou, car le burnout - « un stress chronique au travail qui n’a pas été correctement géré » selon l’OMS - s’amplifie avec la nécessité de nous adapter à la distanciation sociale, au port du masque… une situation qui bouleverse notre équilibre émotionnel, alors que celui-ci est un des piliers du bien-être au travail. La popularité croissante de nos formations à la gestion du stress démontre qu’il y a là un besoin considérable. Autant donc prévenir le burnout en apprenant à reconnaître ses signes. Coaching et formations peuvent beaucoup pour responsabiliser l’ensemble du personnel sur ces sujets.
3ᵉ initiative : le bon équilibre vie privée / vie professionnelle…
Maarten Franken : Offrir plus de flexibilité aux employés, promouvoir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, c’est devenu essentiel dans le sillage de la crise, comme le démontre les résultats positifs obtenus chez Adecco. Permettre aux employés de travailler quand et où ils le souhaitent ne doit plus surprendre : cette souplesse permet de renforcer la capacité d’adaptation du personnel, de réduire le niveau de stress, et de fidéliser les talents. Dans cette optique, le développement personnel doit être au cœur de toute politique RH.
Cela suppose beaucoup de communication interne ?
Maarten Franken : En effet, cette 4ᵉ initiative - communiquer au bon niveau et en continu - est essentielle au bien-être au travail, surtout en ce moment d’isolement où le contact humain n’a jamais été aussi indispensable à notre bien-être physique, mental et social. Encore la communication interne doit-elle être de qualité, fluide et ouverte, interpersonnelle, fondée sur l’empathie, la sensibilité, le dialogue… Le feed-back est un art à développer, de même qu’il faut utiliser les bons outils : campagnes personnalisées et spécifiques, intranet, etc.
Pourtant, vous mettez en avant la nécessaire « désintoxication digitale » !
Maarten Franken : Notre 5ᵉ initiative - la détox digitale - doit promouvoir l’habitude de se déconnecter, d’éteindre l’ordinateur, d’oublier son smartphone… pour mieux se reconnecter au monde qui nous entoure : c’est un impératif de santé publique quand on sait que plus de la moitié des Français ont passé deux à quatre heures devant les écrans en 2019, et que la dépendance digitale est dans le collimateur de l’association américaine de psychiatrie. Ce phénomène n’a pas dû s’arranger avec le télétravail et le confinement ! L’équilibre vie privée / vie professionnelle ne suffit pas… il faut aussi maintenir un bon équilibre entre vie en ligne et vie réelle.
Finalement : résilience, le maître-mot de période ?
Maarten Franken : C'est notre sixième suggestion : développer les capacités de résilience. Pour aujourd’hui et pour demain, car ce concept de psychologie positive, qui exprime la capacité d’un individu à s’adapter et à supporter les épreuves difficiles et stressantes et d’en ressortir plus fort, nous fait ressembler à des roseaux qui ploient mais ne rompent pas… La résilience est la clé d’une meilleure santé mentale ; elle s’apprend et un environnement de travail favorable permet de la renforcer. Il y va de la connaissance de soi pour mieux se comprendre et gérer l’incertitude et ses émotions. Tout cela, qui a été dit il y a bien longtemps, est plus que jamais d’actualité.
Propos recueillis par Michel Diaz
Télécharger le Rapport d’étude GoodHabitz x Féfaur sur L’impact du télétravail sur la formation
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