Déjà en vue : la mise à niveau des classes virtuelles qui, de simples réunions de formation en ligne, deviennent une modalité de formation à part entière… Pas encore tout à fait en vue : l’intégration des classes virtuelles dans une architecture Blended Learning dont elles pourraient devenir un composant majeur…
Temps 1 : la « réunion de formation en ligne »…
Les cours en salle ayant été largement supprimés, ils ont été remplacés par ce qu’on qualifiera de « réunions de formation à distance ». Un remplacement accompagné par les organismes de formation qui, aidant leurs clients à maintenir des formations planifiées, en ont profité pour expérimenter les formations distancielles en direct (et pour sauver heureusement au passage une partie de leur chiffre d’affaires). Ces réunions de formation ont aussi permis de répondre à des nouveaux besoins issus du télétravail : adaptation au nouvel environnement numérique collaboratif, gestion du stress, thèmes liés au maintien du lien social et du bien-être.
Ce mouvement a été facilité par la disponibilité des plateformes collaboratives grand-public (Skype, Zoom) ou professionnelles (Teams) qui ont aménagé un nouvel espace virtuel de maintien d’un lien social vivant où la formation a joué un rôle clé. Pour les particuliers, ces applications sont maintenant d’usage quotidien, à l’instar de la messagerie ou de la bureautique (sinon au-delà, car on se « zoom » plus facilement via un smartphone qu’on y produit un document Excel ou Word). Cette appropriation générale du code collaboratif / live est de très bonne augure pour le futur développement des classes virtuelles.
On est toutefois encore loin du niveau d'exigence pédagogique promu par les formateurs, et attendus des apprenants (mais, la plainte n’est pas de mise : les Directions Learning & Development ont répondu à l’urgence).
Temps 2 : la classe virtuelle…
Voici plusieurs mois qu’on est entré dans le 2ᵉ temps : celui d’une classe virtuelle méritant progressivement son nom, parce que distincte de la réunion de formation par sa qualité / densité pédagogique. Les stratégies se mettent en place pour anticiper la durée d’une classe (variable selon le projet de formation), les activités pédagogiques que l’animateur ou les participants proposeront pendant la classe, leur lien organique avec des objectifs clairement exprimés au préalable, le script / scénario pédagogique comme cadre général qui ne fige pas pour autant l’animation… l’animation justement, qui emprunte au cours présentiel, mais qui sait aussi en diverger.
Pour franchir ce gué (de la réunion de formation à la classe virtuelle), on peut compter sur les compétences acquises par les concepteurs et les formateurs, dans le cadre d’une approche 70/20/10 exemplaire : animation de réunions de formation en ligne pendant le premier temps de la crise (70), retours d’expérience dans la communauté professionnelle de formation (20), suivi de formations permettant de structurer la nouvelle démarche de conception et d’animation des classes virtuelles (10) !
Bref : le branle-bas initial débouche sur une salutaire prise de recul qui revisite la notion de classe virtuelle (et plus largement celle de « formation distancielle en direct », dont la classe virtuelle n’épuise pas toutes les virtualités).
Temps 3 : la classe virtuelle en architecture Blended Learning
D’aussi grande qualité / densité pédagogique soit-elle, la classe virtuelle ne saurait se développer hors le dispositif général de formation. Une question attend les responsables de formation : au moment où la classe virtuelle est sur le point de se généraliser, quelle sera sa place dans l’architecture Blended Learning de l’entreprise ?
Si la classe virtuelle est un format parmi d’autres, la question revient à se demander quelle est la valeur pédagogique spécifiquement créée par une classe virtuelle (pourquoi l’utiliser elle plutôt qu’un autre format, dans une situation donnée) ? comment cette valeur se compose avec celles des autres formats de formation ? Ce sont les questions canoniques posées devant tout projet de Blended Learning (choix des modalités, choix de leur combinaison / cinématique).
Mais, la variété des activités pédagogiques qu’une classe virtuelle peut apporter lui donne par ailleurs des airs de Blended Learning 100 % distanciel en miniature. De là à imaginer qu’elle pourrait devenir le composant privilégié, sinon central, du Blended Learning (un « Blended Learning orienté classe virtuelle » en quelque sorte), il n’y a pas loin. Cela n’empêchera pas d’examiner sa relation avec les autres modalités du Blended Learning (par exemple avec les contenus numériques jusqu’ici consommés en autoformation, les serious games, etc.).
Dernière remarque : la dimension technologique d’une classe virtuelle - composant majeur du Blended Learning, ne doit pas être sous-estimée : le choix et l’intégration de la plateforme de « Live Training » dans l’écosystème numérique de formation conditionne la puissance et l’agilité des futurs dispositifs de formation.
|