Quand toute une branche d’activité décide de transformer sa formation pour soutenir ses entreprises et ses emplois… Grand angle avec Sylvie Soriano (Responsable Digital Learning, IDEP - Institut du Développement et Expertises Plurimédia)…
Quels sont les principaux enjeux de formation dans la branche Industrie graphique et Communication ?
Sylvie Soriano : Le principal enjeu c'est de doter le secteur de nouvelles compétences pour accompagner la digitalisation et la robotisation de ses 4 000 entreprises, majoritairement des TPE, qui emploient 50 000 salariés. La taille moyenne des entreprises et leur éloignement géographique des quelques centres de formation et CFA spécialisés en industries graphiques, accentuent les difficultés d’accès à la formation, avec des contraintes de production et d’organisation de la vie privée. Dans ce contexte, la formation doit répondre à des enjeux majeurs : adaptation aux nouvelles pratiques, élévation des compétences liées à l’utilisation de nouvelles technologies, intégration de nouvelles compétences dans un secteur qui doit par ailleurs soigner son attractivité.
D’où le dispositif de formation « LaLigneContinue » ?
Sylvie Soriano : Face à ces défis, nous avons décidé d’accompagner la transformation numérique des organismes de formation du secteur dans le cadre d’une démarche coordonnée par la branche. « LaLigneContinue », c’est le résultat du co-développement de la plateforme numérique de formation et d’évaluation dédiée aux industries graphiques, qui veut répondre aux besoins que je viens d’indiquer par le biais d’environnements pédagogiques engageants.
Elle propose des programmes en accès libre et gratuits, complétés par l’offre personnalisée des organismes. Faciliter l’accès à la formation est l’essence de ce projet dont le patrimoine est d’ores et déjà constitué de 130 modules qui entrent dans l’élaboration des parcours « blended learning » des organismes de formation de notre secteur. Pour coller au plus près des besoins, « Oùjensuis » - notre plateforme numérique d’évaluation - a été entièrement rénovée : 7 de nos CQP sont dès à présent accessibles via des parcours mixant positionnement, entraînement en ligne et accompagnement à la certification.
Enfin, « LaLigneContinue » s’adresse aussi aux services formation des entreprises de notre branche, qui souhaitent notre assistance dans leur démarche de transformation numérique.
Quelle place tient la réalité virtuelle dans ce dispositif ?
Sylvie Soriano : Nous avons fortement investi dans la réalité virtuelle (RV) appliquée à la formation : 11 expériences immersives sont actuellement disponibles, que nous avons pour projet de multiplier par deux en 2021 sur des thématiques prioritaires : façonnage, colorimétrie, impression…
La réalité virtuelle se substitue en partie aux simulateurs de formation dont le coût est élevé et l’accessibilité moindre. Grâce à la réalité virtuelle, nous réalisons plus rapidement des formations autour de situations professionnelles individuellement vécues par les utilisateurs. Cette approche a ouvert les organismes de formation de la branche à des nouvelles ingénieries de formation, comme on peut le constater chez Amigraf et Normaprint, qui se sont appropriés la plateforme Uptale - notre partenaire technologique clé dans la technologie RV et 360° -, et qui ont su adapter leur granularisation pédagogique aux blocs de compétences des CQP. Les organismes ont donc une place cruciale dans le nouveau dispositif, puisqu’il leur appartient de construire l’offre de LaLigneContinue à partir de leurs connaissances théoriques et techniques et en lien avec les besoins du terrain, le tout au profit d’un projet collectif porté par la branche qui en assure le pilotage via l’IDEP.
Quel bilan tirez-vous de la réalité virtuelle ?
Sylvie Soriano : L’engagement des apprenants a été quasi immédiat et constant sur toute la durée des formations, leurs contributions ayant dépassé, dans les modules de réalité virtuelle, celles du présentiel ! Ce qui n’a pas manqué de surprendre les formateurs. Le taux de réussite s’est lui aussi renforcé, chez les techniciens comme chez les cadres : 90% contre 75% dans les formations traditionnelles.
Autre point de satisfaction : l’implication des organismes de formation dans la logistique - il fallait notamment assurer la gestion des 100 casques de réalité virtuelle du programme. Conséquence immédiate : les sessions en salle utilisant la RV ont connu un grand succès : par exemple 160 stagiaires ont suivi le stage « Découverte de la couleur imprimée ». Ce qui ne nous étonne pas : la RV est donc une modalité pédagogique qui répond valablement aux attentes de notre secteur : plus facile d’accès que les simulateurs dont elle est complémentaire, elle met au premier plan l’apprentissage des situations professionnelles, ce qui facilite l’engagement des apprenants.
Ce bilan d’un premier pilote nous invite à poursuivre dans un mouvement qui accélérera au fur et à mesure où il sera rejoint par les autres organismes de formation de notre branche… C’est un appel à ce qu’ils nous rejoignent, en particulier s’ils ont des projets d’utilisation de la réalité virtuelle en formation !
Propos recueillis par Michel Diaz
Source de la photo : Roux Developpement Impression
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