Nous sommes plongés depuis plusieurs mois au cœur d’une crise sanitaire d’une gravité sans précédent. Cette crise est le vecteur d’un changement majeur et accéléré dans les entreprises qui doivent faire face, se reconfigurer et se transformer en profondeur. La formation n’échappe pas à cette transformation, profondément remise en cause dans ses fondements et principes de fonctionnement.
Quelques observations et réflexions que la période écoulée appelle…
Digitalisation de la formation : professionnalisation accélérée des acteurs de la formation
Là où il fallait souvent argumenter et s’armer de patience pour initier et mener à bien la transformation numérique de la formation, la crise s’est révélée un véritable accélérateur en la matière : mieux encore : elle a poussé à la professionnalisation de l’ensemble des acteurs de la formation, dont l’ensemble des salariés qui, dans l’entreprise, ont développé leurs compétences de « digital learning » en un temps record en s’impliquant comme jamais dans le partage des savoirs. Un exemple marquant est celui de la montée en puissance des capacités d’organisation et d’animation des classes virtuelles dont on sait l’importance qu’elles ont prise avec le télétravail. Résultat : l’employabilité individuelle et collective s’est largement accrue pendant la période, et la formation a su avancer dans son objectif d’assurer la « continuité pédagogique » et dans l’administration de la preuve qu’elle apporte une valeur sans équivalent quand les temps se troublent.
Confrontations des approches pédagogiques : un terrain exceptionnel d’expérimentations
La crise a fortement soutenu le « laboratoire des idées pédagogiques », notamment à travers l’expérimentation des méthodes pédagogiques qui ont été mises en œuvre pour passer du présentiel au distanciel devenu incontournable. L’analyse des tenants et aboutissants de l’ingénierie pédagogique, l’appropriation de nouvelles approches, leur confrontation entre « l’ancien et le moderne » ont accéléré comme rarement ! La collaboration s’est nouée interentreprises, de nombreux retours d’expérience ont permis à la communauté L&D de mieux maîtriser ensemble des innovations qui ont porté sur les contenus, les modalités et les processus de transformation. J’en veux pour exemple le débat ouvert sur l’éventuel « étalement » dans le temps des séquences pédagogiques quand le présentiel se mue en distanciel. Les premiers déploiements réalisés dans l’urgence, en particulier en mai et juin 2020, ont finalement montré que des séquences concentrées sur les créneaux présentiels initiaux (« iso-planning ») donnaient parfois des résultats somme toute très satisfaisants. Les discussions se poursuivent et font émerger des critères décisionnels empruntant à la charge cognitive de l’apprenant, à l’éventuelle nécessité de laisser du temps pour intégrer les apprentissages voire de mettre en place une connexion intermédiaire avec le terrain.
Dynamique créative : l’innovation collective au cœur de la transformation de la formation
Les contraintes imposées par la crise ont par ailleurs débouché sur un développement considérable de l’innovation collective, tout particulièrement en matière de temps et de budget. Innovation pédagogique et Digital Learning n’étant jamais bien éloignés, on a vu par exemple des formations clients délivrées en classe virtuelle mobilisant plusieurs caméras pour visionner l’animateur, ses supports et les éléments matériels associés ; ou la mise en place d’une démarche TWI ou AFEST distancielle via un outil de classe virtuelle doublé d’une app mobile, pour former un technicien dans un atelier à plusieurs milliers de kilomètres de distance ! Mutualisées, ces innovations / initiatives viennent enrichir le degré d’expertise de l’entreprise en matière de formation.
Nouvelles ambitions : la réinvention de la formation de demain
Ajoutons enfin que la crise offre aux Directions Formation l’opportunité (à saisir !) de se projeter dans un nouveau modèle de fonctionnement, car il est probable qu’on ne reviendra pas en arrière, et qu’il faudra se transformer en profondeur pour soutenir l’entreprise dans les enjeux auxquels elle est désormais confrontée. J’en retiendrai que cette période aura permis une réelle diversification des méthodes pédagogiques et un développement rapide des parcours multimodaux alliant plus efficacement que jamais présentiel (face-à-face) et distanciel (classe virtuelle), synchrone et asynchrone.
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