Par bien des côtés l’hybridation du télétravail avec le travail traditionnellement pratiqué ressemble à celle qui en est jeu dans le Blended Learning. De là à parler de Blended Working, il n’y a pas loin. Les conséquences en sont potentiellement importantes sur la possible contribution des Directions Formation, bien au-delà de ce qu’on leur demande habituellement.
L’hybridation (on pourrait aussi parler de « blendisation ») consiste en la combinaison de formats et activités qu’on trouvait jusque-là rarement agencés, certains provenant de « l’ancien monde » ; les autres du « nouveau monde » issu de la transformation numérique.
Blended Learning
Dans le vaste champ de la formation professionnelle continue, l’ancien monde, c’est celui du stage présentiel, de ses formats et d’activités pédagogiques pratiqués depuis des décennies ; quant au nouveau monde, il émerge avec les outils et plateformes numériques. Le résultat de leur hybridation, c’est le Blended Learning, i.e dans sa première acceptation l’association de formations en ligne (live ou asynchrone) et de sessions présentielles.
Nombre de concepteurs / producteurs / diffuseurs de formation, dans l’entreprise ou en dehors, ont appris à manier le Blended Learning en identifiant la valeur créée par tel format ou activité de formation selon le contexte (entreprise, population des apprenants, besoins, contraintes…), puis en les associant dans un dispositif dont la cohérence et la finalité globale doivent être assurés.
L’hybridation est largement affaire de curseur : où faut-il le placer pour optimiser la solution de l’équation efficience / coût de la formation ? Trop haut, trop bas : on y perd à tous les coups ! (On compare parfois la création d’un dispositif Blended Learning à celle d’une recette culinaire : choix des bons ingrédients, des quantités, équilibre / innovation…). Certains dispositifs, à l’heure de la crise sanitaire, ont poussé le curseur jusqu’à supprimer le présentiel, proposant ainsi des parcours Blended Learning 100% distanciels, mariant des activités pédagogiques variées.
Blended Working
Avec le développement du télétravail, l’hybridation du travail se développe à son tour fortement. L’ancien monde reste à la manœuvre : celui du bureau, open space ou non, des chemins qu’il faut emprunter pour le rejoindre (transports, hall d’accueil, ascenseurs, couloirs…), des salles de réunion et autres espaces partagés. Le nouveau monde, c’est l’écran, mobile ou non, qui médiatise les activités professionnelles individuelles ou collectives, remplaçant partiellement la réalité du travail « physique » tel qu’on le connaissait (de même que les visiteurs d’un musée observent souvent les toiles à travers l’écran du smartphone qui permet de les prendre en photo).
Démarrée dans les 80’s, cette hybridation a une longue histoire : on ne conçoit plus un bureau sans un ou plusieurs écrans. La nouveauté, c’est la conquête du domicile (du privé) par des écrans à usage professionnel.
Les problématiques de ce Blended Working ressemblent à celles du Blended Learning : quelles activités / tâches doivent être menées en télétravail / dans les bureaux ; quelle distribution (durée) entre travail à distance et travail « présentiel » ; quelle combinaison pour maintenir le lien entre le collaborateur et la communauté de travail, etc.
Contribution de la Direction Learning & Development à la nouvelle organisation du travail
Dans la nouvelle organisation du télétravail, on demande aux services formation de contribuer au maintien de la productivité / qualité du travail individuelles, du lien entre les collaborateurs, les équipes et l’entreprise, au développement des compétences digitales et du management à distance, au bien-être des collaborateurs…
La contribution pourrait s'amplifier à un autre ordre, plus stratégique : à partir de ses compétences durement acquises en matière de Blended Learning, la Direction L&D peut éclairer l’entreprise dans sa réflexion sur les nouvelles approches du Blended Working dont les enjeux / problématiques / Solutions / Vision ont en effet beaucoup à tirer d’une expérience de 20 ans dans la transformation numérique de la formation.
Une démarche d'autant plus pertinente que la généralisation du distanciel estompera la frontière encore existante entre formation et travail.
Michel Diaz
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