Marie-Laure Massué, Directrice du Learning LAB de NEOMA Business School, démontre qu'une École de classe mondiale ne saurait se passer du numérique. Preuve par le projet de formation immersive "Drive E. Leclerc".
NEOMA Business School, parmi les grandes écoles de commerce internationales ?
Marie-Laure Massué : NEOMA Business School a pour ambition d’être le challenger innovant des plus grandes Business Schools internationales. Notre plan stratégique nous aide à construire l’Ecole de demain et à repenser ses pratiques en matière d’international, de pédagogie, d’approche du digital et d’aménagement des campus. Nos 3 campus (Reims, Rouen et Paris) offrent à nos 9500 étudiants le plus large portefeuille de programmes depuis le Bachelor et le Programme Grande Ecole jusqu’à l’Executive Education. La faculté de NEOMA Business School rassemble plus de 160 professeurs permanents, enseignants-chercheurs, dont plus de 60% d’internationaux. Nous comptons actuellement plus de 57 000 diplômés basés dans 120 pays. Enfin, pour finir sur cette rapide présentation, l’École, qui est présidée par Michel-Edouard Leclerc, et dirigée par Delphine Manceau, bénéficie d’une forte reconnaissance académique conférée par les trois accréditations internationales EQUIS, AACSB et AMBA qui n'ont été obtenues que par 1% seulement des Business Schools dans le monde.
Quel projet de formation a été récompensé par les Trophées du Digital Learning 2020 ?
Marie-Laure Massué : Un projet qui trouve place parmi les études de cas en réalité virtuelle immersive qui permettent aux étudiants de découvrir le monde de l’entreprise. Grâce à la technologie de Réalité Virtuelle, les étudiants peuvent visiter une entreprise de manière complètement immersive, tout en restant dans la salle de classe avec le professeur…
Dans l’étude de cas "Drive E. Leclerc", qui a été récompensée, les étudiants s’immergent au sein du drive de Saint Brice Courcelles (Reims) pour visiter, observer, établir un diagnostic critique et proposer des améliorations à l'existant. Nous avons retenu le principe d'une approche systémique, non linéaire : les apprenants de Licence 3 au Master in Business Administration construisent individuellement les étapes de leur chemin d'apprentissage, d’un espace à l’autre, pour découvrir l'organisation comme ils le feraient dans la vie réelle.
Quelles étaient les contraintes du projet ?
Marie-Laure Massué : Il fallait que l'entreprise ait la volonté de développer un tel outil pédagogique innovant en partenariat avec notre business school, et que des salariés s'impliquent dans le projet… C'est bien le cas, pour toutes les personnes qui interviennent dans cette étude pour expliquer le fonctionnement de leur entreprise. Par ailleurs, l’application développée devait pouvoir fonctionner sur la quasi-totalité des smartphones.
C'est notre "Learning LAB", unité de R&D en pédagogie de notre Direction de la transformation digitale, qui a mené ce projet à bien, dans le cadre de sa mission générale, qui est d’explorer et de tester des pratiques et des systèmes innovants destinés à enrichir l’expérience d’apprentissage et d’enseignement. Nous nous articulons avec la Direction de la Pédagogie Innovante qui effectue le déploiement à l’échelle.
Quelle place doit rester au présentiel ?
Marie-Laure Massué : Vous l'aurez compris : aujourd'hui le numérique joue un rôle essentiel dans nos dispositifs, sous l'influence notamment des évolutions technologiques et des nouveaux modes d’apprentissages. Il permet de développer une éducation ATAWADAC (tout le temps, partout, sur n'importe quel écran, tout type de contenu) et de compléter les dispositifs en présentiel. Mais le présentiel continue d'avoir une place centrale, car la pédagogie est affaire de rencontres, d’échanges, d’interactions et d’émotions. C’est ce que NEOMA Business School valorise en favorisant le présentiel à 60% en cette période de crise sanitaire, et en développant des méthodes d’apprentissages expérientielles, même si cette crise accélère le déploiement d’outils technologiques et les efforts d’adaptation des équipes pédagogiques et administratives comme des apprenants.
Dans ce contexte, nous ne posons plus la question du “pourquoi ?” mais celle du “comment ?” ! En 6 mois, nous avons réalisé une transformation plus importante qu’en trois ans, parce que nous disposions déjà de la structure et de la maturité nécessaires pour l'aborder sereinement. A terme, nous visons une hybridation de la pédagogie qui allie numérique et présentiel pour tirer le meilleur parti des deux afin d’améliorer l’expérience d’apprentissage.
Comment vos équipes pédagogiques intègrent-elles la notion d’expérience apprenant dans la conception de leurs dispositifs pédagogiques ?
Marie-Laure Massué : L’expérience d’apprentissage est au cœur de cette conception. Les professeurs effectuent des retours d’expérience par des questionnaires d’appréciation et avec les résultats académiques obtenus par les apprenants. Ces retours nous permettent d’améliorer nos pratiques et d’accroître la qualité de l’expérience d’apprentissage. Une évaluation plus globale de l’expérience des apprenants est réalisée une fois par an et les résultats en sont analysés de manière dynamique d'une année sur l’autre.
Par principe, nous avons choisi de favoriser des dispositifs pédagogiques au format apprentissage expérientiel qui permet aux apprenants d’acquérir et de modifier leurs connaissances et leurs compétences en vivant une expérience. Ce faisant, ils développent leur capacité à construire un raisonnement et des pratiques de manière adaptée et continue selon les contextes dans lesquelles ils évoluent. C’est dans ce cadre que nous avons développé les études de cas en réalité virtuelle immersive ainsi que le campus virtuel persistant. L’engagement peut être mesuré par l’assiduité des apprenants, la qualité de leur participation, la richesse des échanges entre étudiants et pédagogues ainsi que la pertinence des productions réalisées par les étudiants.
Propos recueillis par Michel Diaz
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