Pour le Lieutenant-colonel Sébastien Botheron, la sensibilisation à la menace terroriste devait passer par un MOOC… Le résultat a donné raison à ce choix du SGDSN (secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale)… Tenants et aboutissants ayant permis la réussite du projet seront présentés en détail et approfondis les 25 et 26 novembre à Paris, à la Conférence des Lauréats du Digital Learning…
Un MOOC pour sensibiliser à la menace terroriste ?
Sébastien Botheron : Face à la menace terroriste et afin de contribuer à élever le niveau de résilience de la Nation, la nécessité de développer une culture commune de la sécurité au sein de la société a été érigée en priorité par le Gouvernement, notamment à travers le plan d’action contre le terrorisme de 2018. Dans ce cadre, le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) a développé en 2019, avec les sociétés Onlineformapro et Terr(o)risc, un MOOC afin de mettre à la disposition d’un public très large, un outil de sensibilisation à la menace terroriste.
Un MOOC qui concerne finalement tout le monde ?
Sébastien Botheron : Ce MOOC est gratuit et s’adresse en effet à tous, particuliers comme professionnels, avec deux modules destinés au grand public (pour comprendre la menace terroriste et connaître les gestes et réflexes à adopter afin de prévenir un acte terroriste ou de réagir en cas d’attaque) et un module à destination des professionnels responsables d’établissement ou de site recevant du public, des organisateurs d’événement et des élus locaux, pour les aider à mieux connaître leurs responsabilités en la matière, et à les appuyer dans la protection de leurs collaborateurs, du public et de leurs sites.
Pourquoi avoir choisi le format MOOC ?
Sébastien Botheron : La “matière” existait déjà, au travers du plan public Vigipirate ou de guides sectoriels que l’on trouve sur le site du SGDSN. Notre objectif était de pouvoir diffuser davantage le contenu de ce plan et d’en faciliter son appropriation par le plus grand nombre, en utilisant un outil moderne et facile d’accès : le MOOC était une évidence !
Entrons dans le détail de ce MOOC…
Sébastien Botheron : Chacun des trois modules du MOOC est découpé en 3 ou 4 unités, qui se déroulent sous forme de parcours chapitrés, avec du contenu écrit, visuel et interactif, qui permet à l’apprenant de progresser pas à pas.
Pour varier les formats d’apprentissage, mais également pour illustrer de manière concrète les recommandations émises dans le MOOC, chaque unité est introduite par une courte vidéo d’un grand témoin, citoyen ou professionnel, ayant été confronté à des attaques (Amaury, rescapé du Bataclan, Didier François, grand reporter ayant été otage de Daesh, ou Eric Menassi, maire de Trèbes) ou dont les services contribuent à lutter contre le terrorisme.
Enfin, pour faciliter la mémorisation des informations les plus importantes, notamment celles liées aux réactions en cas d’attaque, des séquences interactives sont proposées, plaçant l’apprenant face à des situations concrètes (attaque sur son lieu de travail, conduites à tenir, etc.). L’objectif de cette interaction est de pouvoir diffuser largement au sein de la population des réflexes simples et de bon sens.
Il faut environ 4 heures pour suivre les 2 modules grand public et 3 heures pour le module à destination des professionnels.
Débouche-t-il sur une attestation de formation ?
Sébastien Botheron : Oui, nous avons fait le choix de délivrer une attestation de suivi qui est attribuée sous réserve d’obtenir au moins 80% de bonnes réponses aux questionnaires de fin de module. Les retours sont positifs sur cette possibilité, qui permet par exemple aux employeurs qui ont intégré ce MOOC dans leur formation continue de s’assurer de son suivi, ou aux particuliers d’enrichir leur CV en y joignant l’attestation.
Quel bilan en tirez-vous ?
Sébastien Botheron : Les premiers mois d’exploitation ont été encourageants : 15 000 personnes se sont rapidement inscrites pour un taux de complétude de 20%, ce qui est remarquable. Nous avons eu beaucoup de retours positifs, et près de 400 personnes ont laissé une évaluation du MOOC sur le site “my-mooc.com” qui nous attribue une note moyenne de 4,5 / 5. Derrière ces chiffres, nous sommes surtout satisfaits de constater que ce MOOC répond à un vrai besoin et que le format plaît aux apprenants.
Au-delà de l’effet de curiosité au lancement, comment maintenir l’intérêt pour ce MOOC dans la durée ?
Sébastien Botheron : Dans la phase de lancement, nous avons présenté le MOOC dans différentes instances professionnelles, et nous poursuivons l'exploration d'autres pistes avec des partenaires. Nous considérons par exemple que ce MOOC pourrait trouver sa place dans la formation citoyenne de notre jeunesse… Par ailleurs, à court terme, nous réfléchissons à développer un module court en anglais au profit des étrangers, étudiant ou travaillant en France, ou des touristes.
Le format MOOC est-il amené à se développer dans les missions du SGDSN ?
Sébastien Botheron : Nous n’avons pas de projet consolidé mais nous y réfléchissons ! Après le MOOC SecNumacadémie de l’ANSSI, le MOOC Vigipirate est la deuxième réalisation du SGDSN, et il est clair que ce format est parfaitement adapté pour faire de la sensibilisation.
Propos recueillis par Michel Diaz
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