Contrairement à ce qu’on pourrait penser, une meilleure prise en compte des besoins des apprenants est loin d’être incompatible avec la réduction de l'impact environnemental des outils de digital learning !
Réduire l’empreinte carbone du numérique : le Sénat s’en mêle. Le 24 juin dernier, sa commission de l’aménagement du territoire et du développement durable a adopté une feuille de route présentant 25 propositions pour une transition numérique écologique. En effet, en 2019, le numérique était responsable de 2% des émissions de GES (NDLR : gaz à effet de serre) de la France. Un chiffre qui pourrait augmenter de 60% d’ici 2040, avec la place grandissante du numérique dans notre société. Afin que les bienfaits du numérique ne soient pas invalidés par son empreinte carbone, il faut donc s'engager dans une transition numérique écologique.
Éco-concevoir…
Afin de favoriser des usages du numérique écologiquement vertueux, la commission recommande notamment de rendre obligatoire, à moyen terme, l’éco-conception des sites publics et des principaux sites privés. Si les acteurs du digital learning ne sont pas exposés en première ligne à ces exigences, il serait étonnant que le secteur ne soit pas gagné par un phénomène de contagion via son écosystème, et notamment ses clients les plus importants. Dès lors, pourquoi ne pas adopter une démarche proactive en commençant dès aujourd'hui à se pencher sur ce sujet ? D'autant plus que certaines pistes peuvent également être sources d'économies mais aussi d'amélioration de l’expérience utilisateur (UX), de plus en plus cruciale dans nos métiers.
3 pistes de réflexion autour de l'éco-conception de dispositifs Digital Learning…
Penser "mobile first"
De plus en plus de gens se forment sur téléphone ou tablette. Mais peu de technologies sont réellement "responsives". Souvent, le contenu des grands écrans, généralement réparti en 3 ou 4 colonnes, est simplement réorganisé sur une seule colonne. En passant sur mobile, il n'y a donc pas vraiment d'autre choix que de télécharger tout le contenu au format grand écran. L’expérience utilisateur qui en résulte est souvent désastreuse, tout comme les impacts environnementaux qui en découlent. Il faut donc privilégier une conception "mobile first", c'est-à-dire centrée en premier lieu sur les terminaux mobiles. Cette approche peut même être poussée un cran plus loin, en s'assurant de la compatibilité des solutions développées avec les terminaux d’anciennes générations, moins puissants et avec une connexion moins puissante (3G par exemple). Ces contraintes techniques poussent les développeurs à aller à l’essentiel, en concevant des technologies frugales, à impact environnemental limité.
Simplifier le parcours apprenant
Plus le parcours apprenant (le temps passé à naviguer dans son environnement de formation ou à y consulter du contenu) est rapide, plus les impacts environnementaux associés aux technologies de digital learning seront réduits. La pratique de l'UX design est clef pour améliorer l’ergonomie de la plateforme, assurer un déroulé logique des parcours de formation ou encore limiter le volume d’informations transmises. Quelques bonnes pratiques : proposer une page d’accueil qui regroupe les principales fonctionnalités, auxquelles sont ajoutées des options de personnalisation, créer des interfaces par catégorie d'apprenants, mais aussi ne pas hésiter à supprimer les fonctions non utilisées.
Aujourd'hui, les démarches d’éco-conception, d’amélioration de l’UX et d’accessibilité numérique sont même fusionnées au sein de ce qu'on appelle "la conception responsable des services numériques", afin d’en mutualiser les coûts. Le bénéfice environnemental de ces approches vient essentiellement du fait que la durée durant laquelle un serveur est monopolisé par un utilisateur bien précis est beaucoup plus courte. Cela diminue d'autant les impacts associés aux équipements des apprenants, mais aussi le nombre de serveurs nécessaires au fonctionnement de la solution.
Optimiser le contenu de manière invisible
A l'heure du développement du social learning, une dernière piste pour réduire son impact environnemental sans dégrader l'expérience des apprenants est d'ajouter des fonctionnalités invisibles qui permettent d’optimiser à leur place les contenus qu’ils partagent sur les plateformes de digital learning ou les réseaux sociaux d'entreprise : taille, niveau de compression, etc… L'utilisation grandissante de ces solutions décuple les impacts environnementaux des contenus postés par les utilisateurs. Quand on sait que, par exemple, à la prise, les photos sont souvent 20 fois plus lourdes que nécessaire, l'opportunité d'amélioration est conséquente. Il faut imaginer l’impact que pourraient avoir ces fonctionnalités étendues à la partie administration des contenus des plateformes digitales…
Dans le sillage des travaux de cette commission du Sénat sur l'impact du numérique, une proposition de loi devrait être déposée dès l’automne. À nous, professionnels de formation, d’aller dans le sens de l'Histoire !
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