Entretien avec Nicolas Hernandez (CEO, 360Learning) sur l'impact de la crise sanitaire chez ses clients, et sur sa traduction dans le nouveau positionnement de 360Learning. Il ne s'agit pas de renoncer au Collaborative Learning, au contraire, mais de le mettre au service d'une stratégie de digitalisation massive des contenus de formation présentielle.
Comment avez-vous vécu la crise du confinement chez 360Learning ?
Nicolas Hernandez : L’usage de la formation à distance a littéralement explosé pendant le confinement. Il ne faut pas s'en féliciter, mais on peut toutefois être satisfait que la formation ait pleinement joué son rôle social, et qu'elle ait contribué à renforcer les liens humains, alors que le monde changeait brutalement. Cette dimension de la formation - comme lien et préparation de l'avenir - ramène tous les professionnels de formation à la source, à la vocation qui les a fait choisir ce métier.
Comment ont réagi vos clients ?
Nicolas Hernandez : Nous avons noté 4 tendances principales chez nos clients.
D'abord, 50% environ d’entre eux ont eu pour instruction de transformer l'essentiel de leur plan en formations à distance d'ici la rentrée de septembre ou, pour les plus grandes entreprises, à partir de janvier 2021 ; ce constat vaut aussi pour Etats-Unis et le Royaume Uni où nous sommes présents. Le traditionnel cours en salle physique est d'autant plus touché que la transition vers plus de télétravail est enclenchée.
Ensuite nous avons pu mesurer une forte augmentation des formations suivies, liée à la nécessaire adaptation des opérations au nouveau contexte, à la réduction des budgets voire des effectifs, au devoir de se préparer à un monde plus éco-responsable, ou encore à l'évolution des pratiques de communication de l'entreprise avec ses clients et partenaires… des facteurs qui poussent en effet à former plus souvent, sur de plus nombreux sujets. Il faudra accompagner des changements plus rapides et plus profonds.
En troisième lieu, je le disais, une volonté de réduire les budgets et, chez certains de nos clients, les effectifs. On peut donc être assuré que les départements formation seront assujettis à la règle du "faire plus avec moins de moyens", et je vois mal, dans ce contexte et face à cette demande, comment on peut éviter d'en passer par la digitalisation de la formation.
Enfin, la formation a démontré sa capacité inégalable de faire évoluer la culture d'entreprise et de renforcer les liens entre des équipes soumises à un fort stress et un changement accéléré, avec son apport sur des sujets comme le télétravail, le management à distance, la gestion du stress, la transition écologique et la digitalisation évidemment, mais aussi parfois la réflexion sur le fameux monde d’après. Et bien souvent : un recentrage sur la culture de l’entreprise, ses valeurs fondamentales et son histoire. Quand le futur est incertain, consolider ses propres bases est essentiel.
Avez-vous constaté une évolution dans la demande de vos clients ?
Nicolas Hernandez : Oui, une évolution rapide à laquelle nous nous sommes tout aussi rapidement adaptés via des offres et un accompagnement aux Directions Formation pour les aider à digitaliser massivement leurs parcours de formation, dans les organismes de formation ou les entreprises petites ou très grandes. Nous leurs avons offert une capacité de déploiement cadrée et méthodique, de qualité, mais accélérée : 7 jours pour déployer une plateforme et ses parcours de formation. Nous avons également pratiqué des facilités de paiement pour les entreprises en difficulté et une offre gratuite pour les initiatives d’intérêt public. Le cas le plus emblématique est celui de l’APHP que j’ai détaillé dans un post Linkedin et pour qui nous avons déployé en un week-end une plateforme évidemment gratuite.
Votre "offre Covid-19" a-t-elle vocation à durer ?
Nicolas Hernandez : Notre pôle d'expertise qui a porté ces sujets clés a vocation à durer, notamment dans son offre de digitalisation massive (jusqu'à 95%) des parcours de formation, d'une dizaine à plusieurs milliers de parcours ! La complexité de ces déploiements suppose méthode et agilité : comment faire avec des moyens réduits, comment renforcer la culture, les liens humains et préparer mon entreprise au monde d’après grâce à la formation… C'est pourquoi nous avons décidé de péréniser notre offre dédiée au Covid-19 en nous appuyant sur notre propre expertise dans le domaine des déploiements stratégiques, massifs, décentralisés au sein de structures complexes, par une approche agile d'itérations très courtes. Cette crise nous a fait tous fait grandir ; je suis fier du niveau d'implication et des compétences que la période aura permis aux équipes 360Learning de développer.
Votre site Web annonce la couleur : "Digitalisez 95% de vos formations en 3 mois”… Abandon du Collaborative Learning, qui était jusque-là votre cheval de bataille ?
Nicolas Hernandez : 360Learning n'est pas en train de "pivoter" car en réalité on ne peut réussir en formation sans le Collaborative Learning ! La collaboration, c’est la démocratisation, la transformation du Learning & Development d'une fonction support "top down" qui produirait tous les contenus à celle d'un chef d’orchestre pédagogue et stratégique. C'est grâce au Collaborative Learning et à la plateforme 360Learning qui lui donne corps que les entreprises peuvent digitaliser des formations, à une vitesse et dans un volume sans communes mesures avec le e-learning traditionnel, les experts métiers ayant entre les mains un collaboratif d'utilisation simplissime. Par ailleurs, ce concept de Collaborative Learning que nous avons forgé depuis 6 ans me semble particulièrement adapté à cette période où la collaboration digitale est devenue clé ! Donc je crois plutôt que nous sommes plongés dans une nouvelle étape d'une vague de fond dont nous avons été les précurseurs dès 2014, en France comme aux Etats-Unis où 360Learning s'est hissé comme un acteur clé du Collaborative Learning.
Propos recueillis par Michel Diaz
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