La formation, devenue plurielle et multimodale, s’apparente à un "voyage d’apprentissage" susceptible d'être cartographié, notamment via la modélisation des parcours de formation. C'est le sujet de ce deuxième volet de notre article "Pour une nouvelle cartographie du parcours de formation : la formation comme voyage d’apprentissage".
Modélisation du parcours de formation
Modéliser, cela suppose déjà de caractériser chaque modalité pédagogique figurant dans le parcours de formation, selon les six dimensions mentionnées dans le premier volet de notre étude.
À chaque dimension, nous avons associé un jeu de variables. L’espace (D1) se voit attribuer 2 valeurs possibles : le distanciel et le présentiel. Le temps (D2) peut prendre la valeur asynchrone ou synchrone. La pédagogie (D3) se joue dans ces possibles : expositif, interrogatif, actif. La dimension des contenus (D4) s’actualisera dans le savoir, le savoir-faire, le savoir-être. Les émotions (temps forts) (D5) sont caractérisées dans une échelle de valeur de type Likert : faiblement important, moyennement important, important, très important. Quant à la validation (D6), on lui attachera l’une des deux valeurs : évaluation, pas d’évaluation.
Le modèle fixe à l’avance plusieurs valeurs, pour une modalité pédagogique donnée. Par exemple, la modalité “e-learning sur étagère” sera distancielle et asynchrone. Nous ne pouvons échapper à une part de subjectivité dans diverses attributions (par exemple pour la dimension liée aux temps forts et aux émotions), mais l’expertise et l’expérience du comité pédagogique qui décide de ces choix seront une solide garantie de fiabilité.
Pour d’autres modalités pédagogiques, les valeurs seront décidées par l’ingénieur pédagogique au cas par cas, selon chaque parcours et “voyage”. Pour reprendre l’exemple du e-learning sur étagère, ce sont les savoir et savoir-faire qui pourront être privilégiés plutôt que les savoir-être.
Nous avons passé en revue plus de trente modalités pédagogiques issues du modèle 70-20-10 (NDLR : selon ce modèle 70% de nos savoirs sont acquis sur le terrain, 20% avec les autres et 10% dans le cadre d’une formation structurée). Aujourd’hui, il semble qu'il faille se concentrer sur les modalités “70” et “20”, souvent moins bien prises en compte dans les parcours de formation : modalités “expérientielles” ou “sociales” qui s’exprimeront par exemple dans le cadre d’un projet à mener sur le terrain, d’une mission, d’une démarche de mentorat, et dont nous avons analysé le positionnement en regard des 6 dimensions déjà relevées.
Caractériser le parcours de formation
Il ne manquait plus qu’une règle de consolidation permettant d’avoir une vue globale et détaillée de chacune des 6 dimensions pour estimer la teneur / couleur du parcours de formation. C’est chose faite, et informatisée / configurable par l’ingénieur pédagogique en charge de la conception du parcours de formation, qui, pour chaque dimension, peut calculer une moyenne pondérée résultant des modalités utilisées ; le “poids” est laissé à sa main, ce qui lui permet de choisir une méthode plus qu’une autre (en lien avec le temps passé). Par exemple, dans le cadre d’un parcours de formation certifiant avec réalisation d’un projet sur le terrain, la modalité pédagogique “Pilotage d'un projet” pourra se voir affecter un poids plus élevé.
Chaque parcours de formation pourra être ainsi doté d’une “signature” unique, ce qui est une forme d’individualisation… de l’objet parcours de formation !
Le prochain et dernier volet de cette étude sera consacré aux applications envisagées pour cette approche.
L’auteur remercie Patrick Bergier, Delphine Canon et Bernard le Blanc de Cernex pour leurs précieuses contributions.
Premier volet
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