Pour Virginie Garlasain (Directrice des Services Professionnels, XPERTEAM), la FEST offre un incroyable champ d'innovation pour réinventer de façon pragmatique une formation qui serait enfin en mesure d’être pilotée et managée par les compétences… Le contexte est porteur, les outils existent, les services Formation n’ont plus qu’à se saisir de l’opportunité !
La formation en situation de travail (FEST) sortie de la Loi Avenir Professionnel est-elle une adaptation française de l’approche 70/20/10 du développement des compétences ?
Virginie Garlasain : Totalement ! La FEST n'est pas en soi une nouveauté. Elle prend acte que nous ancrons nos compétences majoritairement par la pratique sur le terrain et les échanges avec nos pairs. Le compagnonnage et l'apprentissage en sont des applications historiques. La nouveauté, c'est qu'en reconnaissant l'AFEST (Action de Formation en Situation de Travail), la récente réforme réconcilie enfin travail et formation, tout en les encadrant.
À vouloir formaliser en partie les apprentissages expérientiels et sociaux, risque-t-on de les assécher ?
Virginie Garlasain : Il faut nuancer ! Formaliser ne signifie pas systématiser. Il ne s'agit pas de transformer chaque situation de travail en situation apprenante, encore moins de transformer chaque collaborateur-accompagnant en formateur professionnel ! Ceci dit, la formalisation est enrichissante parce qu'elle permet de “sacraliser” des moments de formation, d’améliorer la pratique de la réflexivité, d'objectiver les feedbacks, sans pour autant inhiber les capteurs émotionnels liés à l'environnement, au mimétisme entre pairs, qui nous aident à mieux nous projeter et à enrichir nos pratiques.
Qui sont pratiquement les acteurs d’une action de type FEST en entreprise ?
Virginie Garlasain : On ne peut pas tous les citer ! Car l'AFEST a le mérite d'impliquer tout le monde… Le service Formation y joue un rôle clé ; c'est à son initiative que sont conçus, planifiés, orchestrés les parcours incluant des AFEST. Ensuite le bénéficiaire lui-même, totalement impliqué dans le développement de ses compétences : l'AFEST est par excellence une modalité individualisée. Et bien entendu, le formateur nommé pour chaque situation, dont le rôle peut, c'est important, être assumé par un collègue de travail, un tuteur…un manager. Un manager d'ailleurs trop souvent cantonné à un rôle consultatif, de validateur, alors que la plupart auraient beaucoup à transmettre.
Justement, les managers vous semblent-ils prêts à “jouer le jeu” ?
Virginie Garlasain : Jouer le jeu signifie faire advenir le manager-coach, passer d'un management de contrôle ou d'expertise à un management-accompagnant. Il n'existe sans doute pas de profil magique listant ces compétences comportementales, ces softskills devenues les powerskills de demain. En la matière, la prédisposition est moins importante que la capacité à les activer par la pratique : les managers peuvent s’approprier les outils du coach pour adopter la bonne posture dans chaque situation : écoute active, lâcher prise, techniques de Feedback, ouverture à l'écosystème, autonomisation…
Il est nécessaire, bien sûr, que les managers trouvent le temps pour développer ces nouvelles compétences, car le jeu en vaut la chandelle… Si 67% d’entre eux pensent être de bons managers, 66% de leurs équipes les jugent plutôt moyens ou mauvais (source : Cadreo*) - ce qui donne matière à réflexion ! Quand on sait, par ailleurs, que 4 managers sur 10 se sont formés sur le tas, on se dit que la FEST est faite pour eux ! Plus que pour tout autre compétence peut-être, ces powerskills se développent dans des boucles d’apprentissage continues, faisant une large place à la pratique, aux échanges entre pairs, à l’analyse de pratique, éventuellement à la supervision.
Peut-on imaginer un dispositif de FEST sans plateforme digitale ?
Virginie Garlasain : La plateforme est indispensable pour dépasser l’échelle de l'expérimentation. La généralisation de la FEST suppose de pouvoir planifier des parcours ; orchestrer les interventions des formateurs, tuteurs, managers ; mesurer les progrès à partir du référentiel de compétences. Par ailleurs le dispositif doit être traçable, la traçabilité étant un des 7 critères essentiels de l'AFEST. Certaines entreprises ont construit de véritables “usines à gaz” à base de procédures Word et de matrices Excel pour ce suivi. XPERTEAM a opté pour un choix radicalement opposé : Experience Manager®, notre plateforme digitale de coaching terrain, permet d'animer des cycles de montée en compétence continue des collaborateurs.
Crise sanitaire et réorganisation du travail changent-elles les perspectives de la FEST ?
Virginie Garlasain : Moins de recrutements, en particulier pour les jeunes et les apprentis… : les applications de la FEST dans l’onboarding risquent de se voir limitées. En parallèle, les entreprises qui ont déjà développé des pratiques FEST ou assimilées, ont intérêt à aménager encore mieux les situations de travail, à proposer de nouvelles modalités plus sécurisées, intégrant aussi le distanciel, comme des missions sous forme d'exercice de simulation. Enfin, beaucoup d'entreprises sont en train de reconsidérer le recours aux modalités classiques, comme le présentiel en salle, ce qui est source d’opportunités pour la FEST et le coaching terrain.
Plus généralement, je suis convaincue que la FEST offre à moyen terme un incroyable champ d'innovation pour réinventer de façon pragmatique une formation qui serait pilotée et managée par les compétences. Les entreprises peuvent d’ores et déjà s’y préparer par EvolveSym®, un programme complet de formation des managers coach, conçu avec une équipe de coachs en transformation managériale et porté par Experience Manager®, notre plateforme de coaching Terrain.
Et puisqu’on parle d’innovation, nous sommes très fiers, dans un autre registre, des dernières évolutions de notre solution d'animation du présentiel Mobiteach qui permet d'animer aussi bien le distanciel que le présentiel !
*Enquête Cadreo menée du 24/04/2019 au 15/05/2019 auprès de 2 930 salariés en France.
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