Arnaud Blachon (Co-fondateur, RiseUp) identifie les réactions de ses clients, organismes de formation ou Directions Formation, dans la période ouverte par la crise sanitaire… Certains s’en sortent mieux que les autres ! On trouvera au passage quelques conseils judicieux pour se mettre en ordre de bataille…
Qu’est-ce que la crise sanitaire que nous traversons a changé dans les pratiques de formation ?
Arnaud Blachon : Avant la crise, il y avait les entreprises et centres de formation déjà équipés, ceux qui ne l’étaient pas encore, et ceux qui étaient en train de s’équiper. Les premiers ont connu une grosse accélération ; quant aux autres, ç’a été un peu “tout ou rien”. Certains ont voulu s’équiper très vite, parfois avec de bons réflexes sur les outils à chercher, les services à acheter, même si le déploiement et la qualité des formations n’ont pas toujours été pleinement au rendez-vous pour cause de précipitation. D’autres organisations se sont mises à l’arrêt total faute d’avoir investi, et parfois sans que soit posée la question de l’intérêt même d’investir dans le digital learning. Pour résumer, trois cas de figure : explosion de l’activité, démarrage forcé de la digitalisation de la formation… ou arrêt total !
Avez-vous perçu une évolution dans ces réflexions des organisations ?
Arnaud Blachon : Oui, il y a eu 2 phases bien séparées.
Au début du confinement, personne ne savait pas “à quelle sauce on allait être mangé”. Le choc a été soudain, énorme : sans préparation, tout a stoppé net - l’activité comme les décisions. Puis les choses se sont progressivement mises en place, avec plus ou moins d’allant en fonction du secteur d’activité de l’organisation et de sa capacité à se transformer. Certaines ont agi très rapidement.
En sortie de confinement, on a assisté à un redémarrage de tous les projets. Je pense que tout le monde a compris que la crise allait durer, qu’il fallait donc anticiper de nouvelles périodes de confinement et s’équiper coûte que coûte. Beaucoup d’organismes de formation ne vont pas rouvrir avant la fin de l’année mais ils vont devoir pourtant assurer des formations.
Comment les entreprises nouvellement lancées dans le digital learning ont-elles procédé ?
Arnaud Blachon : Elles ont souvent formé leurs formateurs au digital via des programmes à distance d’accompagnement à la création de contenus. Quand il existait déjà, le formateur référent en digital learning a formé ses collègues. Notons qu’on trouve aujourd’hui des offres sur étagère intéressantes en matière de formation à la conception digitale.
Les formateurs déjà formés à l'animation de classe virtuelle et à la création de contenu ont pu mettre leurs savoirs en pratique, non sans quelques difficultés, car les pédagogies en salle ou en classe virtuelle diffèrent : il faut s’exercer suffisamment pour acquérir les bons réflexes. Mais les premières frustrations disparaissent vite, quand on va de l’avant, étape par étape !
Last but not least les formateurs “100% présentiels” ont enfin pu trouver du temps pour s'initier au digital, ce qui leur a permis d’accélérer comme jamais, tout en contribuant à démystifier le digital learning : les formateurs qui se faisaient une montagne du digital ont été rassurés, d’autres sortent positivement transformés de cette période.
Des exemples ?
Arnaud Blachon : Ce qui me vient tout de suite à l’esprit, c’est un projet mené par Rise Up dans le secteur de la santé : en trois jours seulement on a réuni des experts métiers et des créateurs de contenu pour réaliser deux heures de formation digitale qui ont permis de former des centaines de professionnels à la détection de cas Covid-19 par la radiologie… Une application utile du digital learning dans pareil contexte sanitaire !
En tant qu'éditeur de plateforme de formation en ligne, quelles sont vos conseils aux organismes de formation et aux Directions Formation ?
Arnaud Blachon : Mon premier conseil : allez-y, n’attendez pas ! Quand la crise a démarré, trop d’entreprises avec qui nous discutions parfois depuis plus d’un an ont fait leur mea culpa… “On aurait dû s’y mettre avant !“… Il ne faut pas avoir peur du digital learning : en faire, c’est la meilleure façon de s’en approprier la maîtrise. Les offres d’outils de création de contenu ou de plateformes existent, avec un niveau d’engagement faible : il est possible de démarrer rapidement, à moindre coût, pour mieux comprendre son besoin, quitte à changer de solution ou de prestataire 6 mois après, parce qu’on aura amélioré la connaissance de son besoin entre temps. La meilleure façon d’échouer, c’est ne pas “oser y aller”.
Ensuite, attention à la recherche de la perfection, qui est synonyme d’immobilisme pour le premier projet. La politique des petits pas est la plus efficace : démarrer avec un premier projet, apprendre de son expérience et améliorer. Pas de recette magique dans la transition de la formation vers le digital. Preuve par l’exemple : des clients de Rise Up ont réussi à former des dizaines de milliers de personnes en très peu de temps (je pense à une formation sur les gestes barrière), avant de réouvrir leurs points de vente. Le “risque” de former via le digital a donc été payant.
Comment vont évoluer votre solution et vos services ?
Arnaud Blachon : Nous renforçons sans cesse notre accompagnement des clients pour mieux les comprendre, leur donner les bonnes méthodes selon leur secteur d’activité, leurs contraintes et enjeux, prendre en compte leurs publics de formation. Nous avons déployé des projets dans tellement de secteurs que nous avons toute capacité de les conseiller dans ce sens. Par ailleurs, il s’agit aussi d’offrir des services packagés avec nos partenaires qui permettent de donner tous les outils en main pour se lancer ( conseil, création de contenu et diffusion de la formation).
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