À l’heure où la crise sanitaire prétexte à la multiplication des opportunités de formation digitale, Vincent Belliveau (Chief Executive EMEA, Cornerstone) insiste sur le “Care” de ses clients et confirme les enjeux de l’après : la gestion des compétences demeure plus que jamais un enjeu clé de la sortie de crise…
Cornerstone lance “Cornerstone Cares” : de quoi s’agit-il ?
Vincent Belliveau : Cornerstone Cares est un site gratuit et accessible à tous, proposant du contenu de formation sur les thèmes de la prévention du virus, de la gestion du stress, et du travail à domicile. L’idée est essentiellement d’utiliser nos compétences et de les mettre à disposition du grand public pour contribuer de façon positive, à notre niveau, au soutien de l’ensemble de la population dans la crise actuelle. C’est pour cela que le portail est accessible en français, anglais, allemand, espagnol et italien. Il ne s’agit pas d’une offre marketing, mais uniquement de rendre service, suivant en cela la même philosophie qui nous a guidés il y a plus de 10 ans lorsque nous avions lancé notre Fondation.
Le succès a d’ailleurs été immédiatement au rendez-vous. Nous avons eu des centaines d’enregistrement dans les 2 premières heures suivant le lancement et avons d’ores et déjà eu des retours positifs de très nombreuses personnes, ainsi que des messages de remerciement d’organisations qui ont pu ainsi transmettre ces contenus à leurs employés dès le début du confinement dans leurs pays respectifs.
Cornerstone continue donc d’investir le marché des contenus de formation ?
Vincent Belliveau : En effet, car nous continuons de renforcer “Content Anytime”, notre offre de contenus sur abonnement. Le principe en est simple : le client choisit une bibliothèque sur un thème spécifique, dont les contenus proviennent de plusieurs éditeurs et sont mis à jour en permanence, et le règlement se fait par nombre d’utilisateurs et par an. L’offre est par ailleurs multilingue (anglais, français, allemand, espagnol essentiellement). Les bibliothèques recouvrent les sujets suivants : compétences professionnelles, leadership, compétences commerciales, conformité, et désormais travail à distance.
Les nombreux avantages de cette offre expliquent son grand succès auprès de nos clients particulièrement en France et en Europe : sa simplicité, la qualité de la curation, sa fréquente mise à jour, la transparence des coûts, et un atout très apprécié : la variété ! Car nos clients se méfient de plus en plus des larges bibliothèques de contenus dont l’uniformité finit par lasser les collaborateurs. J’ajoute que tous ces contenus de formation peuvent entrer dans le Plan de Développement des Compétences défini par la loi.
La crise sanitaire que nous vivons remise-t-elle la gestion des talents, hors la formation, à beaucoup plus tard ?
Vincent Belliveau : Ces 15 dernières années nous montrent que l’imprévu est permanent ! Crise financière de 2008, digitalisation des activités, Covid-19… nous sommes fréquemment confrontés à des situations extrêmes dont certaines sont prévisibles et d’autres non. Il est donc absolument nécessaire de se préparer à de futurs bouleversements quels qu’ils soient.
Dans ce contexte, la gestion des talents est un sujet d’une actualité brûlante dans toutes les entreprises. L’un des impacts probables de la crise actuelle sera une remise en cause de modèles d’affaires établis, des modifications de circuits d’approvisionnement et de logistique, et des priorité différentes qui déboucheront sur un besoin critique en matière de gestion des compétences. C’est cette vision qui nous a poussés à investir dans Clustree, que nous avons acquis en janvier, pour mettre le développement des compétences au cœur de la stratégie des organisations.
Les relations entre les collaborateurs et l’organisation vont aussi évoluer : de nombreuses entreprises ont été contraintes de mettre en place de nouvelles formes de travail, nécessitant de s’adapter sous la contrainte. Elles tireront les leçons de ces événements en mettant en place plus de flexibilité, créant un besoin d’utiliser le digital pour permettre aux équipes de faire un point régulier de façon plus ou moins formelle. C’est pour cela par exemple que nous avons un module “check-in” permettant de faire le lien entre une conversation entre un manager et un collaborateur, d'une part, et les objectifs de ce dernier, d'autre part.
Par ailleurs, le recrutement voyait déjà fondre la frontière entre acquisition de talents externes et mobilité interne. Ce sera encore plus le cas, avec un besoin d’une analyse plus fine des compétences des candidats.
Les entreprises accordent plus d’importance que jamais à la formation de leurs collaborateurs ?
Vincent Belliveau : C’est un constat que nous faisons largement aujourd’hui, et nous voulons les aider à promouvoir une culture de la curiosité encourageant les collaborateurs à se former en permanence sur un large choix de sujets. L’entreprise ne doit pas cloisonner la formation. Celle-ci doit se transformer selon deux axes : les formations pratiques doivent se fondre dans le quotidien, soit dans les outils qu’on utilise en permanence (Salesforce, Slack…) soit sur le lieu de travail ; les formations plus stratégiques doivent être mises en avant en lien avec les besoins en compétence à plus long terme de l’entreprise.
Propos recueillis par Michel Diaz
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