Pour Nicolas Hernandez (CEO, 360Learning), les Directions Learning & Development doivent préparer la suite en protégeant la santé de leurs collaborateurs et de leurs clients, tout en trouvant le bon équilibre entre la sécurité sanitaire et la viabilité économique…
Le buzz donne à penser que c’est le télétravail qui sortira gagnant de la crise ?
Nicolas Hernandez : Honnêtement, dans cette période, je ne prétends pas déjà détenir beaucoup d'enseignements. Le temps de la réflexion est trop court. Mais si je peux me risquer à un pronostic : ceux qui réfléchissent au télétravail se trompent. Il s'agit aujourd'hui de préparer la reprise. Ce sera progressif, mais néanmoins rapide avec des évolutions d'usages de semaine en semaine : port du masque, règle de distance sociale dans la rue, tracking technologique, protocole de confinement / dé-confinement selon des critères évolutifs par tranches de population, par géographie… qui nécessiteront des formations ultra-rapides, avec une intensité rapidement croissante, une puissante politique publique de relance de la consommation, et une compétition forte pour capter ces flux devenus très précieux. Il faut s'adapter au télétravail, mais c'est l'arbre qui cache la forêt du deuxième semestre !
À vous écouter, les équipes de 360Learning sont déjà sur le pont pour préparer l’après ?
Nicolas Hernandez : Notre constat à 360Learning, c’est que certaines équipes chez nos clients sont totalement à l'arrêt alors que d'autres sont en effet en train de préparer les formations, la communication, les procédures de reprise d’activité lorsque, d’ici 4 à 12 semaines, le confinement deviendra moins strict et qu'un effort transverse colossal sera déployé pour relancer l'économie. Dans le champ de la formation, tous les responsables L&D qui veulent tirer parti de notre expérience en matière de préparation peuvent me contacter directement sur LinkedIn, car nos équipes ont accompli un énorme travail de veille par industrie sur ce qui attend les entreprises au sortir de cette période du confinement.
Vous parlez d’un traumatisme…
Nicolas Hernandez : Il est certain qu’on va connaître des changements sociétaux profonds, car cette crise aura nécessairement été un "traumatisme" au sens premier : une charge émotionnelle si forte qu'elle aura pénétré les couches profondes, inconscientes, de l'individu et de l’ensemble de la population. Mais pour décrire ces changements, je pense qu'il est trop tôt. Même, au risque de me répéter, concernant des choses aussi simples que le télétravail : va-t-il se populariser, ou au contraire sera-t-il associé durablement à un souvenir négatif, qui peut savoir ? À défaut qu’elle devienne la norme, on peut être assuré que la classe virtuelle sera plus populaire… mais son image sera peut-être dévaluée parce qu’elle aura été utilisée comme une solution de repli : “c’est pour quand on ne peut pas faire autrement". Après la première guerre mondiale, la consommation de topinambours, de pommes de terre et autres soupes d'orties, qui avaient prospéré pendant le conflit, a durablement baissé. Je reste donc très prudent sur les conclusions à tirer de cette crise ; il est nécessaire que nous prenions le temps d'y réfléchir ; d’autant plus qu’on ne peut imaginer pour l’instant des changements dont la visibilité attendra plusieurs mois… par exemple sur le sujet du tracking technologique.
Dans l’urgence…
Nicolas Hernandez : Ce que je sais avec certitude, c'est qu’une double urgence s’impose aux départements formation : préparer la suite en pensant avant tout à protéger la santé de leurs collaborateurs et de leurs clients, tout en trouvant l'équilibre entre la sécurité sanitaire et la viabilité économique. C’est une bataille qui se joue sous nos yeux, dès à présent.
Propos recueillis par Michel Diaz
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