La filière EdTech française ?

Rémy Challe : Le terme “EdTech” - pour technologies de l’éducation, contraction de “Education et Technology” - désigne toutes les entreprises qui mettent la technologie au service de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la formation tout au long de la vie. Il peut s’agir de ressources, d’applications, d’outils numériques accompagnant une nécessaire transformation pédagogique à l’ère du numérique. L’objectif de l’association est de fédérer la filière, de la rendre plus lisible et plus visible, de lui donner une voix, de la consolider. Aujourd’hui, l’association compte plus de 250 membres et une quarantaine de partenaires engagés.

Quel est l’impact de la crise du Covid-19 sur la filière EdTech ?

Rémy Challe : L'impossibilité de se rassembler, d’aller à l’école, à l’université, au travail ou en formation, perturbe profondément nos habitudes et nos comportements. L’enjeu majeur pour les acteurs de l’éducation et de la formation est de pouvoir assurer la continuité pédagogique, pour que chacun d’entre nous puisse continuer d’apprendre et de se former, même en étant chez soi. Il y a sans doute une prise de conscience du retard pris par la France en matière de numérique éducatif et d’innovation technologique au service de la formation, et on comprend mieux dans ce contexte si particulier l’intérêt des dispositifs et des ressources proposées par les entreprises EdTech. Pendant les prochaines semaines, les communautés éducatives pourront faire de cette contrainte collective une opportunité pour chacun d'apprendre autrement, d'explorer de nouveaux champs d'apprentissage et de découvrir des innovations issues de pépites françaises.

Comment pouvez-vous aider la formation traditionnelle à accélérer sa transformation en ligne ?

Rémy Challe : Nous souhaitons d’abord et avant tout répondre à l’urgence de la situation. Face à cette crise sanitaire sans précédent, l’objectif n’est pas d’accélérer un passage au numérique, mais plus simplement de rendre possible la continuité des apprentissages à distance. C’est pourquoi nous avons lancé une large opération de mobilisation solidaire, à laquelle des dizaines d’entreprises ont souhaité se rallier ; près de 150 offres sont à ce jour recensées sur un portail dédié : des applications, des ressources, des outils numériques, mis gratuitement à disposition des établissements, des organismes de formation et des apprenants.

Chaque entreprise qui s’engage le fait à sa manière, et la diversité des outils, ressources ou solutions offertes, est à l’image de la diversité de la filière. Ce qui est certain, c’est qu’il s’agit pour chacune d’entre elles d’un véritable effort, d’une prise de risques également. Beaucoup de ces entreprises vont souffrir de la crise à venir, certaines ne s’en relèveront pas. Pourtant, elles ont répondu présent, souvent en proposant gratuitement leur principale offre, contenu ou service. A ma connaissance, c’est un élan de solidarité inédit de la part de tout un écosystème.

L’association a-t-elle prévu d’assurer une cohérence dans le flux de ces offres gratuites ? 

Rémy Challe : Chaque entreprise qui propose une offre solidaire doit s’engager sur la gratuité, la qualité du service, le respect de la protection des données. Ce n’est pas une opération commerciale, c’est une opération au service de l’intérêt général et de la continuité des apprentissages. Les offres sont très diverses, c’est pourquoi nous avons prévus des filtres de recherche (par cas d’usage, par public concerné) afin que chacun puisse trouver de la cohérence dans l’offre proposée. Nous encourageons également toutes les initiatives (webinaires par exemple) qui permettent d’accompagner les apprenants et les formateurs dans l’utilisation des outils et ressources numériques.

Pour en savoir plus sur l’association : edtechfrance.fr

Pour prendre connaissance des offres solidaires de la EdTech : solidarite.edtechfrance.fr

Propos recueillis par Michel Diaz