Les services formation se ne doivent pas se contenter d’évaluer la qualité des formations, même perçue dans le prisme de la satisfaction des stagiaires… Sauf à tenir la formation éloignée des lieux où se concoctent les véritables résultats de l’entreprise.
Évaluer la qualité des formations…
Quand la question d’évaluer la formation se pose aux pédagogues, leur première réponse, c’est qu’il faut en évaluer la qualité.
Ce réflexe s’explique :
La profession pratique cette évaluation depuis des dizaines d’années ; le processus en est parfaitement rôdé (quelques objectifs, une échelle de notes ou de smiley, des rubriques toujours les mêmes, le tout enveloppé dans du papier) ; l’habitude en est tellement ancrée que l’adjonction des feuilles d’évaluation à la facture de l’organisme de formation a pu constituer çà et là un prérequis à son bon paiement (une curiosité pas si rare, qu’on ne voit pas nulle part ailleurs) !
Par ailleurs nombre de responsables formation ne se sentent vraiment comptables que de ce qui leur semble principalement dépendre seulement d'eux : la qualité des prestations réalisées. En particulier ils considèrent que le résultat de la formation (par exemple le développement des compétences, et donc de la performance ou de la mobilité des collaborateurs) est largement en dehors de leur périmètre. On peut le comprendre, car d’autres facteurs entrent en jeu dans le transfert des acquis au travail. On peut aussi ne pas le comprendre, car l’investissement formation n’a pas d’autre objet que l’externalité (le résultat) qu’on en attend : que serait une formation “de grande qualité” qui n’aurait pas le résultat finalement escompté ? Devrait-on parler encore de qualité ? La formation est-elle si sûre de ne pouvoir jamais être appelée en responsabilité ?
Nous sommes arrivés, je pense, à ce point où la feuille d’évaluation est quasiment devenue invisible (sauf pour les services formation qui l’administrent) ; concrètement : les clients de la formation commencent à se demander s’il n’est pas temps de passer à plus consistant.
Évaluer les résultats de la formation
De toute part, dans toutes ses activités, la formation est conduite à sortir du confort douillet qu’elle s’était aménagé depuis des décennies.
Dans le domaine de l’évaluation, sortir de sa zone de confort, c’est évaluer les résultats de la formation : une absolue priorité compte tenu du retard considérable pris jusqu’ici.
Cette priorité à l’évaluation des résultats (non réduite aux statistiques de répartition de la dépense formation) serait une révolution dans la posture formation. Alors qu’évaluer la qualité laisse peu de champ aux clients de la formation (qui évaluent après coup un dispositif conçu dans l’entre soi des pédagogues), l’évaluation des résultats implique de mettre l’apprenant au centre du jeu. Ce n’est plus seulement la prestation formation qu’il faudra évaluer, mais les compétences qu’elle a aidé l’apprenant à développer, puis l’usage qu’il en aura fait post formation - ne serait-ce que pour être en mesure d’apporter le compléments de formation si nécessaire. De plus, comme on n’évalue jamais les résultats qu’en regard des objectifs visés (compétences, performance), l’évaluation doit s’étendre en amont de l’action de formation proprement dite.
Évaluer les résultats plutôt que la qualité : ce changement de posture suppose une nouvelle organisation de la formation et de ses principaux processus. Par ailleurs il étend la sphère d’action du service formation en le poussant à bâtir une nouvelle relation avec ses clients, comme avec les parties prenantes des résultats attendus de la formation.
Évaluer résultats et qualité
Dernier mot (d’un sujet inépuisable) : évaluer à fois la qualité et les résultats de la formation, ce n’est pas incompatible. Au contraire, car il serait surprenant que les services formation se désintéressent de ce que leurs clients internes ou non pensent des prestations ou des produits (Digital Learning) offerts. C’est l’ordre qu’il faut inverser : d’abord les résultats, ensuite la qualité. Se mettre en position d’évaluer les résultats, c’est une façon d’accroître la qualité des offres, dont une composante essentielle est le niveau de pertinence par rapport aux prévisions de résultat.
Si les résultats escomptés sont bel et bien là, et s’il reste du temps, on pourra toujours se préoccuper d’évaluer la qualité des formations… mais sans oublier que cette évaluation doit déboucher sur l’action, laquelle aura pour finalité de renforcer les résultats de la formation.
Actualité :
Michel Diaz animera les échanges du Séminaire annuel Féfaur sur les stratégies d'évaluation de la formation, le 24 mars 2020 dans les salons du Saint James Albany à Paris.
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