Chez Natixis, tout est bon pour progresser en anglais par la pratique, et pour Céline Cussac, sa Directrice Learning & Development, la formation linguistique peut inspirer des avancées en matière d’évaluation des compétences et de transfert des acquis dans les autres domaines de formation…
Quel regard portez-vous d’une façon générale sur les pratiques d’évaluation de la formation dans le groupe Natixis ?
Céline Cussac : A l'heure du "faire plus avec moins", la question de l'évaluation de la formation reste déterminante dans le pilotage de l'efficacité de nos investissements Learning. Évaluer la satisfaction des apprenants et de leur manager quant à leurs attentes mais également la montée en compétences et mise en pratique sur le terrain.
Si nous savons calculer le NPS (Net Promoter Score) de nos actions de formation, il nous reste à le généraliser à tous nos dispositifs en nous appuyant sur notre plateforme LMS. Évaluer la montée en compétence est en revanche plus complexe. Différentes initiatives sont tout de même déployées : des évaluations “360” avant et après certains parcours de formation ; des outils d'observation en situation de travail existent pour certains métiers très opérationnels. Nous souhaitons également tester une app permettant de suivre et d’évaluer la mise en pratique sur le terrain. Le passage à l'échelle de toutes ces initiatives, de manière digitale et intégrée dans notre LMS, sera déterminant dans les prochaines années.
Quel dispositif d’évaluation avez-vous mis en œuvre dans le domaine de la formation linguistique ?
Céline Cussac : Le Bulats et plus récemment Linguaskills Business est l'outil de référence pour évaluer le niveau d'anglais de tous nos collaborateurs. Il est rendu obligatoire avant toute prescription de formations. Réalisé tous les 2 ans, il permet de mesurer le progrès des collaborateurs et plus largement de piloter le patrimoine linguistique de Natixis. En fonction du niveau obtenu par le collaborateur et son besoin de pratique dans ses missions quotidiennes sont proposés des cours distanciels et/ou présentiels.
Piloter le "patrimoine des compétences” à l'échelle d'une équipe, direction ou entreprise est un des défis à relever face à l'obsolescence des compétences. Ce défi qui vaut pour tous les domaines de compétences s’exprime avec une acuité particulière dans les langues où les solutions mises en œuvre peuvent ouvrir des perspectives intéressantes notamment dans des domaines de compétences clés et transverses à l'entreprise telles que l'agilité ou la collaboration.
En particulier, le test linguistique vous permet-il de partager un culture d’indicateurs business avec les commanditaires ?
Céline Cussac : Rendre tangibles les impacts des initiatives learning est crucial dans nos échanges avec le Business qui ont pour beaucoup une culture du chiffre et du résultat. En dehors du domaine linguistique, il est néanmoins encore trop rare de pouvoir quantifier systématiquement la montée en compétence. Ne pas se limiter à des KPIs de performance est nécessaire. Nous regardons de près les KPIs relevant d'un changement culturel tel que les taux de connexions aux ressources en libre-service et nous nous intéressons à l'indicateur de l'agilité d'apprentissage de nos collaborateurs. Un pilote est en cours sur ce dernier sujet.
Où en êtes-vous dans l’évaluation du transfert des acquis de formation linguistique ?
Céline Cussac : Une large palette de solutions digitales est disponible en libre-service (applis mobile, MOOC ou encore "Idioms of the week" postés dans notre réseau social d’entreprise) et favorise l’ancrage quotidien. Plus encore, des Coffee break, lunch & learn, mentorat entre pairs ou encore incentives et challenges, toutes ces initiatives encouragent la prise de parole décomplexée et le progrès par la pratique. Ce programme que nous avons baptisé Roger "Let's stop Learning, let's start speaking" a été initié avec les équipes RH de la Banque de Grande Clientèle. Il est une illustration tout à fait probante d'une pédagogie innovante loin du stéréotype qui voudrait qu’innovation rime avec technologies ! Bien au contraire, à l'ère du “Time To Market”, innover en formation consiste bel et bien aussi à intégrer l'apprentissage dans le flux quotidien du travail.
Propos recueillis par Michel Diaz
Actualité : Céline Cussac, ainsi que Magali Desson-Lacroze (Responsable Learning & Development, Natixis), interviendront au Séminaire Évaluation Féfaur 2020 : Évaluer la formation et le transfert des acquis, le 24 mars 2020 dans les salons du Saint James Albany à Paris.
|