L’univers de la formation est en plein bouleversement depuis des années ; le rythme de sa mutation ne ralentit pas. Son principal enjeu est de définir une nouvelle proposition de valeur en phase avec le monde dans lequel nous vivons. Sens et esthétique sont devenus deux incontournables de cette proposition de valeur en construction.
Une nouvelle donne pour la formation à l’ère digitale
L’entrée de la formation dans l’ère digitale s’est traduite par l’apparition d’un nouvel espace d’opportunités qui semble illimité et s’enrichit chaque jour davantage. De nouveaux acteurs émergent par vagues, offrant de compléter le panel déjà très étendu des contenus et des solutions de formations.
Les acteurs traditionnels de la formation ont été remis en cause, dans leur détention du savoir, dans la façon de le transmettre. La portée du terme même de “formation” est questionnée : souvent assimilée à la salle de classe, la formation traditionnelle est désormais une modalité parmi d’autres dans une expérience d’apprentissage beaucoup plus vaste.
Les acteurs de la formation doivent donc se “reconfigurer” autour d’une nouvelle proposition de valeur à imaginer, s’ils souhaitent conserver un rôle sur l’échiquier des savoirs et des apprentissages.
Les générateurs de sens
Cette effervescence de contenus, de modalités et de dispositifs de formation entraîne une complexité grandissante pour des apprenants le plus souvent perdus dans cet écheveau de possibilités. Pour les pédagogues, c’est un défi à deux dimensions qu’il est complexe de relever… La première dimension est celle de la qualité des contenus, qui ne rime pas avec quantité ! La seconde, c’est celle du passage des contenus de formation unitaires à un dispositif de formation construit et doté d’une ambition pédagogique.
Ce terrain offre une première opportunité aux acteurs traditionnels de la formation, qui, férus de pédagogie, sont appelés à devenir des générateurs de sens. Nous associons à cette génération de sens une triple vertu : curative (identification des contenus à valeur ajoutée dans un océan de possibilité) ; systémique (proposition d’un agencement cohérent de contenus / méthodes pédagogiques) ; une vertu enfin de guidance (accompagnement de l’apprenant au cours de son apprentissage, apport d’outils lui permettant de se développer par lui-même).
Les orfèvres de voyages d’apprentissage
L’ubiquité des contenus et des dispositifs d’apprentissage sape le principe de détention du savoir à travers la démultiplication des possibilités offertes aux apprenants ; lesquels sont devenus des consommateurs de formation opportunistes sans cesse en quête du produit qui répondra le mieux à leur demande. Ce comportement a définitivement sonné le glas d’une formation qui comptait sur des clients captifs et peu exigeants.
Pour les faire revenir dans les dispositifs de formation existants, les acteurs de la formation peuvent miser sur l’esthétique, une qualité dont on sait le potentiel de valeur ajoutée dans la formation. Pour les professionnels de formation, il s’agirait au fond de devenir de véritables orfèvres en matière de conception pour se différencier du tout-venant du Web. Cette transformation s’appuiera sur des nouveaux savoirs, par exemple le Web design qui fait son entrée dans la panoplie des compétences de la formation. Autre exemple : au sein des learning portals, on voit apparaître des espaces structurés (les “Learning Channels”) composant les contraintes de la curation, notamment avec la notion de fil conducteur, avec l’ambition d’une esthétique relevée, chaque dispositif étant unique et dûment pensé dans son design graphique… Ces exemples montrent qu’il est possible de lutter contre l’infobésité bien connue des portails digitaux !
Appelés à devenir des générateurs de sens et des orfèvres de voyages d’apprentissage, les acteurs de la formation, en fabriquant du “beau et de la consistance”, apportent et donnent de l’épaisseur à l’existence et au quotidien de chacun.
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