Aucune des innovations apparues ces dernières années dans le digital learning n'a pas pu détroner les plateformes LMS ; ces innovations se sont intégrées dans l'écosytème digital de la formation dont les LMS constituent plus que jamais la colonne vertébrale…
LMS is not dead
Le premier besoin apparu il y a environ 20 ans, c’est celui de diffuser massivement des modules e-learning et des documents (PDF ou Word), et de suivre les temps passés par les collaborateurs et les scores obtenus. Autour de ce service de base se sont greffées diverses fonctionnalités, comme l’assemblage de modules en parcours de formation ou de riches possibilités de reporting (souvent sous-exploitées car on s’est vite avisé, passé l’effet de curiosité, que le portail de formation ne connaissait pas toujours le trafic escompté).
Durant cette période, les plateformes LMS (puisque c’est d’elles qu’il s’agit) ont mûri leur stratégie et finit par s’installer au coeur du SI formation des grandes organisations et des ETI qui apprécient leur capacité à supporter les processus de formation centralisés. Ce constat n’a pas empêché qu’on s’interroge, en particulier sous la pression des nombreuses innovations qui jalonnent l’histoire des plateformes de formation : "is LMS dead ?" Posée il y a quelques années par des analystes américains, cette question ne semble plus de mise : qui pourrait remettre aujourd’hui en question la valeur créée par un LMS ?
Les plateformes LMS innovent…
Si les plateformes LMS ne sont pas mortes, ce n’est pas seulement grâce aux services qu'elles rendent à la formation, c'est aussi… parce qu’elles sont vivantes ! Croire en effet qu’elles seraient restées figées dans leurs fonctions de base est une erreur : elles n’ont cessé d’évoluer. Les leaders (Cornerstone, SumTotal, Saba, SuccessFactors…) ont fait considérablement évoluer les fonctionnalités de leur “learning cloud” sans remettre en cause l'essentiel, un peu comme Microsoft a développé les fonctionnalités d’Excel autour du principe du base du tableur… Le fonctionnel LMS est aujourd'hui bien établi et ses fonctionnalités de base remarquablement stables.
Autre champ d’évolution : l’expérience utilisateur. L’effort est méritoire, car la plupart des leaders sont nés bien avant l’entrée en scène de l’iPhone et de la révolution qu’il a opérée dans les usages. Les plateformes LMS ont su prendre ce virage, même s’il leur a fallu des années pour que cette remise en question donne des résultats pas trop éloignés de ce que les Learning Experience Platforms ou les Mobile Learning Platforms proposent.
Small is beautiful
Les acteurs de moindre dimension, mais dont les parts du marché français sont significatives, ne sont pas en reste. C’est sans doute chez eux qu’on trouve le plus grand potentiel d’innovation ; plus proches de leurs marchés, E-TIPI Learning, MOS-MindOnSite, Syfadis, ou Enovation dans le monde open source, pour ne citer que les éditeurs présents dans le Dossier “De la plateforme LMS à l’écosystème digital de la formation” (e-learning Letter, janvier 2020), n’hésitent pas co-innover avec leurs clients (open innovation)…
On soulignera le mérite de ces clients, grandes entreprises ou ETI, qui soutiennent ces efforts en prenant leur part de risque. C’est grâce à ces équipes - clients et fournisseurs - que le marché français du digital learning continue d’innover rapidement et de se porter comme un charme.
Ne pas lâcher la proie pour l’ombre…
Les LMS sont en permanence sous pression des directions formation et des nouvelles concurrences, les deux interagissant.
Le marché du digital learning est en permanence bombardé d’innovations soutenues par des budgets marketing conséquents (parfois supérieurs au budget de la R&D). On ne mégote pas sur les moyens de convaincre les responsables formation de la valeur du concept dernier né… De quoi pousser ces responsables à se tourner vers le fournisseur de leur LMS en exploitation : “Que dit votre roadmap en matière d’interface LXP, de Mobile Learning, d’intelligence artificielle, de support du Field coaching, etc. ?”.
On voit bien le danger pour le fournisseur et son client, qui est celui de lâcher la proie (la raison d’être du LMS, notamment sa capacité à industrialiser et individualiser les parcours de formation Blended Learning) pour l’ombre : être résolument moderne ! Le danger d’une course à l’échalote !
Approfondissement et ouverture
On convient que le SI formation tient plus aujourd’hui d’un écosystème que d’une plateforme unique qui répondrait à toutes les classes de besoin. On pourrait tout aussi bien parler de la Plateforme (majuscule) de formation comme de l’ensemble plus ou moins intégré de toutes les plateformes utilisées par la direction formation pour des services spécifiques (ce que le Gartner appelle les “point solutions”).
Dans cette Plateforme / écosystème, le LMS continuera de jouer longtemps un rôle majeur qui en fait la colonne vertébrale du SI formation, tant qu’on ne lui aura pas trouvé de remplaçant à même de rendre les services prioritaires qui ont été évoqués, et pour autant que les éditeurs soignent leur roadmap.
Mais le LMS n’est plus seul en scène. Il doit composer avec les autres éléments du nouvel écosystème digital de la formation, c’est-à-dire s’intégrer avec d’autres plateformes de formation offrant d’autres services ou d’autres expériences apprenant.
On peut considérer que la bonne santé des LMS est largement conditionnée par leur double capacité d’une part, d’approfondissement de leur projet fonctionnel initial, et d’autre part, d’ouverture aux autres plateformes via des partenariats technologiques et commerciaux orientés sur la valeur et la simplicité des solutions intégrées offertes aux directions formation.
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