Le blended learning a beaucoup évolué… Quoi de commun entre la linéarité d’un cours en salle non digitalisé précédé et suivi de quelques modules e-learning d'il y a 10 ans, et le vaste champ des modalités de formation aujourd’hui disponibles dont un nombre croissant se “jouent” sur smartphone ?… Mais avant d’en arriver là, le blended learning a subi des transformations qui ont pavé l’intégration du mobile learning…
Le blended learning, pour faire la paix…
Longtemps e-learning et présentiel se sont regardés en chien de faïence. Pour le cours en salle, le e-learning n’est pas de la formation ; tout juste peut-il prétendre à informer. Pour le e-learning, le cours en salle est dépassé, il manque d’efficacité, il est trop cher. On sait ce qu’il est advenu : une paix des braves où chacun a fini par reconnaître les mérites de l’autre, Présentiel et e-learning s’agençant en effet dans ce qu’on appellera dès lors “blended learning”, et qui se présentera dans sa première mouture comme un cours en salle précédé et suivi de modules e-learning.
La double promesse du blended learning originel
Ce blended learning des origines porte d’emblée une double promesse aux apprenants. Celle du e-learning : “j’acquiers rapidement, seul à mon poste de travail ou sur mon ordinateur à domicile (alors l’iPhone n’a pas été lancé) les connaissances théoriques dont j’ai besoin pour suivre le prochain cours en salle, ou celles qui viendront le compléter ultérieurement. Quant au cours en salle, il me permet d’apprendre avec les autres, sous guidance et accompagnement d’un formateur, via une mise en pratique dont les fondements théoriques auront été initialement apportés par le e-learning. Autre intérêt de cette approche : des modalités de formation variées, plébiscitées par les apprenants. Notons qu'il convient en général de réduire la durée du présentiel d’environ 30 à 50% - ce que le e-learning est censé permettre - pour éviter d’additionner les investissements e-learning aux coûts d’exploitation habituels du cours en salle.
Cette linéarité a la peau dure ; elle continue d’être mise en œuvre par nombre de directions formation qui en ont acquis une bonne maîtrise pédagogique, les formateurs apprivoisant au passage l’e-learning (ce n’est pas l’ennemi) en construisant un premier socle de compétences d’intégration des modalités numériques dans le dispositif de formation.
Dépasser le "blended learning desktop"
Cependant on peut pratiquement constater que, malgré le relatif confort qu’il leur apportait, les directions formation n’en sont pas restées à ce modèle initial du “blended learning desktop” - l’essentiel du e-learning étant ici délivré sur des ordinateurs de bureau (excluant de facto la formation en situation de mobilité) souvent à travers des séquences d'une durée de 30 minutes ou plus, obéissant à un scénario rigide inscrit dans un story-board âprement discuté en interne ou avec l’agence de création e-learning, et à une navigation de type magnétoscope sous dictée d’une mascotte infantilisante.
En effet on n’a pas attendu l’apparition du smartphone pour combler ces manques : le blended learning a évolué grâce à l’ajout de nouvelles modalités de formation, parmi lesquelles la classe virtuelle. Les parcours de formation ont été étendus dans le temps dans le chaînage des cellules de base (e-learning, présentiel, e-learning) entre elles, et l’intégration de jalons d’évaluation, etc. La pédagogie aussi a évolué : les formateurs ont commencé à évaluer l’intérêt des diverses modalités de formation et à renforcer la cohérence de leur assemblage, même s’il reste beaucoup à faire dans ce domaine.
Une préparation à l’intégration du smartphone dans les dispositifs blended
C’est donc sur l’assiette d’une longue expérimentation de ce que sont le blended learning, ses possibilités comme ses insuffisances, sa perception par les apprenants, que s’est dessinée la rupture introduite par le mobile learning. Sans cette maturité, qui a pris des années, sans celle additionnelle des usages grand public du smartphone loin d’avoir été immédiatement compris, le mobile learning n’en serait pas aujourd’hui au point de pouvoir s’immiscer au cœur du blended learning.
La semaine prochaine : en quoi le mobile learning est une chance pour le mobile learning.
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