Le monde devenu “VUCA” : Volatil, Uncertain (incertain), Complexe, Ambigu… Variation et éléments de posture pour la formation confrontée à la complexité croissante…
Pourquoi c'est complexe ?
C’est complexe, parce que le nombre des parties prenantes actives dans la formation est plus élevé qu'auparavant, et parce que celles-ci ont changé de posture / positionnement (par exemple l'apprenant devenu client, voulant dicter son métier au formateur, à l'instar des parents d'élèves qui pensent en savoir plus que les enseignants).
C’est complexe à cause de la technologie. Parce qu'elle a changé de nature, parce que son évolution s'accélère, sans avoir pour autant pris la place des anciennes modalités de formation ; au contraire les solutions mixtes composent aujourd’hui l’ancien et le moderne dans des assemblages délicats à agencer (difficulté d'identifier les apports spécifiques de telle modalité de formation, et a fortiori de ce que pourra donner leur agencement - un peu comme on ne connaît guère les effets émergents d’un cocktail de médicaments trop nombreux).
Complexe aussi parce que l’articulation entre les évolutions technologiques et leur impact sur les comportements des utilisateurs (les usages) restent mal connus, et difficiles à prévoir.
Takeaway pour les équipes formations : Prendre conscience de cette complexité, dresser les principaux domaines où elle s’exerce : enjeux de formation, faiblesses à dépasser, contenus, évaluation, plateforme, conduite du changement, organisation et processus… ne pas imaginer qu'on peut répondre à tout tout de suite. Dresser la liste des questions clés attachées à chaque domaine. Par exemple, concernant les contenus : sur mesure, sur étagère, abonnement ou produit spécifiquement en interne, par qui, avec quel outil auteur, dans quel délai, à quel coût ?… Mettre en évidence les liens entre ces domaines où s'exercent la complexité : comment chaque domaine peut être impacté par une décision issue d'un domaine connexe… En la matière, difficile de se passer d'une carte !
Posture de la formation confrontée à la complexité
Doit-on abandonner l’idée de prendre en compte la complexité ? Faut-il faire simple, volontairement ?
#1 Faire simple sans être simpliste
La complexité ne doit pas paralyser la décision. Or la Direction Formation doit prendre des décisions au fil de l’eau ; elle doit réagir rapidement à la demande d’un commanditaire ou à un imprévu ; elle doit agir en primitif…
Mais simplicité n’est pas simplisme : la simplicité ne saurait être "trop simple". La simplicité à rechercher, c'est celle que peut produire une haut niveau d'expertise résultant d’une longue et riche expérience de ce qui marche ou ne marche pas. C’est cette expertise, et la prise en compte d’un temps long (à côté du temps court de la décision) qui permet à force de penser en stratège.
Ceci dit, complexité n’est pas complication ; elle en est même, d’une certaine façon, le contraire. Pourtant, confondant souvent à tort les deux, on court le risque de faire compliqué quand on croyait prendre en compte la complexité des enjeux, problématiques et solutions qui s’offrent à la formation. Le responsable formation n'est pas un Shadok ; il ne se demandera pas "pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?" !
Penser en stratège, agir en primitif ; dans une autre variante : penser globalement, agir localement (on pense à une traduction qu'en ont les éditeurs de plateformes de formation : servir "glocalement").
#2 Prendre le parti de l'action
Avant de conclure sur ce point, on se souviendra de Lino Ventura (et de Michel Audiard) dans "Un taxi pour Tobrouk", lâchant (à l'issue d'une interminable réunion, en plein milieu du désert, sur la bonne direction à prendre pour en sortir) : "Deux intellectuels assis vont moins loin qu'une brute qui marche !"… Loin de nous l'objectif de nous transformer en brute… Plus sérieusement, la formation doit prendre le parti de l'action : c'est en agissant, après analyse et sans avoir toujours toutes les clés en main, qu'elle pourra progresser en qualité de ses offres et réponses, parce que l'action rencontre le réel qui réagit à son tour en nous retournant l'information utile.
Le digital vient ici à notre rescousse, car il permet le libre jeu du "test and learn", de l'agilité, meilleure antidote à la paralysie qui peut guetter devant la complexité.
Épisode 1 : La formation en environnement Volatil
Épisode 2 : La formation en environnement Uncertain
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