Ce qui manque cruellement à la plupart des stratégies digital learning, c’est la vision qui donne le souffle, fixe un horizon suffisamment lointain et désirable pour orienter la stratégie digital learning et décider en pertinence au jour le jour… La vision n’est pas l’apanage d’un “visionnaire” plus ou moins doué ; elle se construit méthodiquement, elle se partage… Quelques réflexions avant le séminaire stratégie digital learning (Féfaur, le 28 novembre à Paris)…
Pas de stratégie de formation sans vision
La vision, c’est celle du dispositif de formation à 3-5 ans que la Direction Learning & Development se forge : l’offre de formation telle qu’elle sera perçue / consommée par les clients internes ou externes… (la frontière se brouille progressivement : les clients internes deviennent tout aussi exigeants que les clients externes).
On notera au passage que, pour la Direction Formation, le dispositif se présente aussi comme un ensemble de processus. Par exemple, les contenus pédagogiques digitaux figurant dans l’offre aux apprenants ont dû être conçus, produits, testés, homologués, ce qui met en jeu un processus de conception / production, c’est-à-dire des acteurs, là aussi internes et/ou externes, et des outils - outils auteurs, LCMS, autres.
Pour être efficace, la vision de l’offre doit être largement partagée par… à peu près tout le monde dans l’entreprise ! À commencer par la direction. Ce partage suppose une vision exprimée de façon aussi concise et imagée que possible ; elle peut être étayée par une maquette du portail de formation, qui permet d’illustrer les ressources pédagogiques, la façon dont les apprenants y accéderont, ce qu’ils en verront via leur smartphone, le parcours de formation à finir, la certification à obtenir, etc. Une fois que le portail de formation sera opérationnel, il pourra être intéressant de maintenir en parallèle la maquette d’un portail “idéal” pour continuer d’inspirer les évolutions du portail opérationnel.
Pas de vision sans une activité de veille soutenue
Forger une vision, disions-nous. Car il s’agit en effet d’un véritable travail : il n’y pas d’un côté les visionnaires, à qui cette vision serait naturellement donnée, et les autres qui seraient limités à mettre en application à partir d’une compréhension plus ou moins fine de l’oracle ! La vision est l’affaire de tous ; personne n’en est exclus. Forger une vision est d’ailleurs un exercice largement collectif, qui tire parti du feedback qu’entraîne une formulation initiale, jusqu’à faire consensus, sous réserve qu’elle n’ait pas été changée en eau tiède dans cette longue conversation (confère la langue de bois des chartes d’entreprise).
La veille interne pour une vision opérationnelle
La veille interne, c’est celle qu’on mène dans l’entreprise, auprès des métiers, des collaborateurs, des fonctions support, de la direction. Il s’agit en particulier d’estimer leur niveau de maturité digitale pour s’assurer que le dispositif digital learning à venir (et donc la stratégie qui en est à l’origine) ne soit pas en retard ni trop en avance sur la capacité d’acceptation des clients (au sens le plus large, acceptation impliquant aussi la capacité du réseau informatique à délivrer par exemple des vidéos de formation).
On y revient : les équipes formation doivent se doter des outils et de la posture d’enquêteur (de détective, disent certains) qui leur permettent d’être toujours au fait des enjeux individuels et collectifs qu’elles ont à servir. La maturité digitale de l’entreprise s’élevant sans cesse, la veille doit être dynamique et ses résultats s’exprimer pratiquement pas à pas dans le design des réponses du digital learning aux attentes et aux besoins internes. C’est la condition d’une vision opérationnelle.
La veille externe : une bouffée d’oxygène
Si la veille interne permet d’éviter une stratégie “hors sol”, la veille externe offre une précieuse source d’inspiration aux responsables formation qui pourront s’intéresser bien sûr aux dispositifs digital learning utilisés chez des concurrents (avant que la direction soit informée par d’autres voies, qu’un concurrent a pris de l’avance en matière de digital learning). Mais c’est souvent de l’observation des dispositifs existant dans d’autres secteurs d’activité qu’on peut tirer les conclusions les plus intéressantes, notamment dans les secteurs dont la maturité digitale plus importante permet d’imaginer ce que pourrait être le futur dispositif de formation de l’entreprise.
L’enquête peut même être étendue au-delà des dispositifs de formation. Par exemple, la façon dont le commerce de détail organise son magasin physique (présentoir, flux de circulation…) en prenant en compte les possibilités du digital en dehors ou dans le magasin lui-même, de façon à offrir “la meilleure expérience client” depuis l’entrée en contact jusqu’à l’achat… voilà qui peut éclairer certaines zones d’ombre du Blended Learning !
La veille : quelle attention de la part des Directions Learning & Development ?
La conscience que les équipes formation ont de l’importance des activités de veille se traduit par le sérieux qu’elles y apportent ou pas : combien de temps lui consacrez-vous, à quel rythme ? quels objectifs tangibles lui fixez-vous, qui vous permettent d’affirmer qu’elle est ou non pratiquement utile ? est-elle dotée d’un budget, d’un plan d’action ? produit-elle des livrables ? quels en sont les liens avec vos décisions stratégiques ?… Ces questions n’épuisent pas le sujet, qui mérite la plus grande attention des Directions Learning & Development.
À suivre…
Actualité : Michel Diaz animera le Séminaire Stratégies Digital Learning by Féfaur le 28 novembre à Paris.
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