Évaluer la formation, est-ce une tâche secondaire, pas forcément si utile ?

Cyril Thibaud : C’est loin d’être secondaire ! La réforme va d’ailleurs dans ce sens en favorisant l’acquisition de compétences et en rendant le salarié acteur de son évolution professionnelle. Et comment valider l’acquisition de compétences sans évaluation ? Évaluation et formation sont indissociables.

Si on hésite parfois à se lancer dans cette évaluation, c’est parce qu’elle oblige à se poser beaucoup de questions en amont : population cible, objectifs de la formation, indicateurs à retenir, budget et charge de travail à engager, exploitation des résultats, etc. De plus le timing de l’évaluation est important : avant, pendant, après la formation… L'important est de placer l'apprenant au coeur de l'ingénierie d'évaluation, il en est l'acteur principal ! Il ne s'agit plus seulement de mettre un intitulé de formation devant un nom.

Du grain à moudre pour les services RH et Formation…

Cyril Thibaud : Oui, les services RH et Formation ont un rôle essentiel à jouer dans l’évaluation, notamment pour impliquer les managers, parfois réticents ou peu habitués aux dispositifs d’évaluation, à leur utilisation, à la façon de communiquer les résultats… D’une façon générale, il faut dédramatiser l’évaluation, en faire un outil, pas une sanction !

Par ailleurs, l’évaluation doit être individualisée. C’est un axe fort des offres ENI aux équipes formation-RH : pré ou post formation, nos évaluations sont adaptatives. Elles permettent d’attribuer automatiquement la formation adaptée à l’apprenant, avec une durée d'évaluation qui dépend de son niveau - l’apprenant est sollicité de manière pertinente, pour qu’on ne lui fasse pas perdre son temps ! De plus, les exercices sont réalisés dans les applications concernées, par exemple dans Office 365 : ce sont les compétences réelles, pratiques de l’apprenant, et pas seulement des connaissances “virtuelles”, qui sont évaluées.

L’évaluation de la formation bureautique/IT continue-t-elle de progresser ?

Cyril Thibaud : Les progrès portent surtout sur la collecte et l’utilisation des données liées à l’évaluation. Incontournables et très précieuses si l’on prend le temps de les comprendre et de s’en servir correctement, mais encore trop peu utilisées… C’est dommage, car elles sont partie intégrante du développement des compétences d’un salarié, et parce qu’elles permettent de construire un plan de formations ciblées au service d’une évolution professionnelle plus rapide.

Je note aussi qu’on peut considérer, dans certains cas, que l’évaluation est une modalité pédagogique à part entière. Notre solution e-learning bureautique dispose par exemple des capacités d’évaluation formative : elle analyse les actions de l’apprenant dans l’application et lui retourne des réponses issues de la réalisation de l’exercice. L’apprenant se forme en s’évaluant ! Notre plateforme en ligne en environnement réel permet également à l'apprenant de s'auto évaluer tout au long de sa formation IT en réalisant les TP, refaisant les démonstrations… Les quiz jalonnant nos ressources pédagogiques permettent aussi de s’orienter vers des contenus adaptés, avec un aspect ludique qui renforce l'assimilation des savoirs et l’appropriation de la formation. Vous l’aurez compris : l’ingénierie d’évaluation est un métier, elle n’est pas réduite à la simple création de QCM !

Il est de plus en plus important d’évaluer les compétences digitales…

Cyril Thibaud : C’est une demande majeure des entreprises et des collaborateurs plongés dans une transformation numérique accélérée - 88% des actifs sont conscients des besoins de recrutement à venir dans le domaine du numérique (source : étude OpinionWay pour ENI, juin 2019). C’est pourquoi nous avons créé un outil d’évaluation pour dresser l’état des lieux, dans l’entreprise, de l’acculturation digitale, dans le but de bâtir un plan de développement des compétences numériques. Les résultats individuels et par groupe permettent de prendre les bonnes décisions face à des profils - donc des besoins en formation - hétérogènes. Certains collaborateurs peuvent devenir de vrais moteurs pour l’entreprise. Et les compétences se trouvent parfois là où on ne les attendait pas !

Quel est le niveau de reconnaissance des certifications informatiques ENI bureautique et IT ?

Cyril Thibaud : Cette activité découle de notre expertise en formation et en évaluation, elle s’appuie déjà sur un réseau de près de 200 centres agréés. Largement reconnues par le marché, nos certifications sont présentes dans de nombreux appels d’offres. Il faut noter qu’elles sont indépendantes de nos propres offres de formation, ce qui permet à tout professionnel ou offreur de formation de se les approprier sans avoir à développer sa propre ingénierie d'évaluation. Dans ce droit fil, nos certifications IT se sont concentrées sur des thématiques non couvertes. Enfin proposer des certifications reconnues au Répertoire Spécifique ouvre droit à financement par le CPF.

Quelle est l’actualité de ENI ?

Cyril Thibaud : Outre la mutualisation de nos ressources pour proposer des formats d'évaluation et d'apprentissage dans toutes les thématiques informatiques, nous nous adaptons en permanence au rythme de l’actualité du numérique, avec de nouvelles formations et certifications : travail collaboratif, nouvelles versions des produits (Office 2019, Windows 10), cybersécurité, Cloud, DevOps, intelligence artificielle… Quant à la réforme de la formation et aux nouvelles opportunités liées au CPF, nous les suivons de très près !