Pourquoi insister autant sur le soin à apporter à l’intégration des nouvelles recrues ?

Liam Butler : Parce que les talents sont pénuriques ! Je rappelle que les taux d'emploi sont en hausse en Europe où ils atteignent 90%, en Asie-Pacifique et aux États-Unis, et que la population active continue de vieillir. L’effet de ciseaux est redoutable, ce qui explique que les entreprises commencent à mettre en oeuvre des stratégies d’attraction / rétention qui font la part belle notamment à la période d’intégration des niveaux embauchés. 

Une intégration ratée coûte cher ?

Liam Butler : C’est le moins qu’on puisse dire : on chiffre ce coût à plusieurs dizaines de milliers d’euros par recrutement raté, et pour un cadre supérieur à 213 % de son salaire ! Ce coût est aggravé par le nombre des ratages : 30 % des nouveaux employés quittent leur entreprise dans 3 premiers mois, et jusqu'à 70 % en année 1 dans certains secteurs. A contrario : une “expérience d’intégration” positive débouche sur des taux de rétention et d’engagement plus élevés à trois ans. Par ailleurs, il faut prendre en compte une forme de zapping notamment dans la génération Y : les collaborateurs changent de plus en plus souvent d’employeur… Loin d’imaginer une carrière stable dans une même entreprise, 64 % d’entre eux (75 % pour les moins de 35 ans) estiment qu’un changement d'emploi fréquent est positif pour leur carrière d’après une étude de Robert Half.

Bien accueillir les nouveaux collaborateurs, donc…

Liam Butler : Les nouveaux arrivants s'attendent à être accueillis efficacement pour vite acquérir les compétences nécessaires à leur fonction. Les deux premières semaines étant déterminantes, il est impératif de personnaliser l’accueil avec des contenus de formation adaptés, la socialisation du nouvel embauché dans les communautés existantes sur la plateforme digitale de formation, l’accès au mentoring… 

Un tel dispositif de formation peut fidéliser les collaborateurs au-delà de la période d'intégration…

Liam Butler : En effet, car les collaborateurs accordent la plus grande importance à la possibilité d'accéder à des formations de qualité et des programmes de développement professionnel qui leur permettront d’avoir de la visibilité sur l’évolution de leur carrière. On peut affirmer que les programmes de formation sont une arme précieuse dans la “guerre des talents”. 

Ces programmes peuvent bénéficier des avancées du machine learning pour identifier les besoins en hard skills et en soft skills, les plateformes permettent alors de délivrer des recommandations de développement professionnel “sur mesure” qui renforcent l'engagement des collaborateurs tout en les aidant à se préparer à un futur rôle dans l'organisation. C’est la formation qui permettra de combler l’écart entre les compétences déjà là et celles qui sont nécessaires dans le poste. 

La formation permet donc de créer des viviers de talents ?

Liam Butler : On n'a pas assez médité sur ce constat : les collaborateurs peuvent acquérir des compétences dont l’entreprise a besoin pour un sixième du coût que représenterait l’embauche correspondante (source : Deloitte) ! Investir dans les talents, c’est rentable ! En donnant de la visibilité à leur “marché du travail interne”, les entreprises peuvent motiver leurs talents, en développer le vivier tout en alignant en permanence leur capital humain sur les besoins futurs.

Les Directions formation-RH doivent donc donner la priorité à leur stratégie d’intégration et de rétention… Qu’elle soit à la fois efficace et optimisée - ce qui suppose l’utilisation d’une plateforme de gestion des talents intégrant la formation, les processus RH et dotée de fonctionnalités d’intelligence artificielle. La gestion des talents peut réellement changer la donne et donner un solide avantage concurrentiel aux entreprises qui la mettent en pratique.

Propos recueillis par Michel Diaz