Benoît Eymery, Responsable du CFEM, revient sur le lancement d’une stratégie digital learning réussie au niveau de la Branche Professionnelle Retraite Complémentaire et Prévoyance… Le principe : mutualiser pour gagner en efficacité et réduire les coûts, sous réserve de laisser son autonomie à chaque entreprise… Un effort collectif de longue haleine, mais payé d’un résultat autrement inaccessible
Le Centre de Formation et des Expertises Métiers en quelques mots ?
Benoît Eymery : Le Centre de Formation et des Expertises Métiers (CFEM) est le centre de formation de la Branche Professionnelle Retraite Complémentaire et Prévoyance qui couvre plus de 30 000 collaborateurs oeuvrant dans 66 métiers - gestionnaires retraite, gestionnaires frais de santé, actuaires… - dont la nature et l’exercice sont bousculés par une profonde transformation liée à plusieurs facteurs : l’industrialisation des process et la digitalisation des activités ; l’évolution de la réglementation et la montée en puissance de l’inter-régime (Retraite Complémentaire) ; la pression concurrentielle dans le monde de l’assurance ou encore le développement d’organisations moins pyramidales qui veulent renforcer l’autonomie et les initiatives des collaborateurs.
Il s’agit donc pour le CFEM d’aider les collaborateurs à prendre en charge leur montée en puissance au quotidien, et transformer les entreprises de la Branche en organisations apprenantes. Le digital learning a été au cœur de notre réflexion, alors qu’on souhaite accompagner le développement des compétences 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 ! Mais il fallu commencer par le début : le développement d’une “culture digitale” dans notre Branche Professionnelle.
Concrètement, comment vous y prenez-vous ?
Benoît Eymery : Dès 2017 la Branche Professionnelle s’est dotée d’un outil d’acculturation doublé d’un Observatoire indépendant qui étudie l’impact du digital sur la société et les entreprises. Cet outil permet d’identifier des nouveaux usages du digital et d’en expliquer simplement et façon ludique l’utilité à travers la métaphore du voyage. Les collaborateurs explore des diverses thématiques : “collaborateurs connectés”, “big data”, “savoirs connectés”, e-wellness… Nous en sommes à 3ème et dernière année de déploiement d’un projet qui doit être accompagné et porté pour réussir !
En parallèle nous avons dû nous poser la question d’une plateforme de formation commune aux entreprises de la Branche et au CFEM. Une réflexion purement technique dans un premier temps : comment déployer une plateforme LMS commune sans support technique commun ?
Comment avez-vous réussi à fédérer les entreprises du secteur autour de ce projet de plateforme LMS unique ?
Benoît Eymery : Le problème n’était pas simple à résoudre car les entreprises d’une même branche professionnelle n’ont pas toutes les mêmes objectifs RH. Cependant, nous avions tous pour objectif de réduire globalement nos frais de gestion de 600 millions d’euros sur 6 ans. Chaque DRH a pu faire ses calculs : la mutualisation de la plateforme permettait de réaliser des économies tout en gagnant en efficacité ! A titre d’exemple, le coût total de la plateforme pour les 30 000 collaborateurs de la Branche est aujourd'hui le même que celui qui était supporté par une entreprise de 5 000 collaborateurs auparavant…
Il a fallu bien sûr identifier les éventuels points de blocage, accompagner le changement et mettre en place des instances permettant de faire le suivi et de prendre des décisions, avec des réunions quasi mensuelles.
Par ailleurs la question de l’autonomie de chaque entreprise dans son portail de formation s’est vite révélée fondamentale, car il nous fallait donner des gages de confidentialité à chaque entreprise. Notre prestataire nous a aidé à développer un portail d’entrée commun et l’accès de chaque collaborateur au portail spécifique de son entreprise - une exigence qui figurait dans le cahier des charges initial. Ceci implique donc que chaque structure adhérente à notre Branche Professionnelle a son propre espace privé géré par des administrateurs nommés par l’entreprise.
Quel type de mutualisation a été accepté ?
Benoît Eymery : La réponse est plutôt simple : tout ce qui est réalisé (e-learnings, MOOC, vidéos…) par le CFEM peut être mutualisé ! Mais les entreprises ont vu rapidement tout l’intérêt de mutualiser d’autres coûts, notamment des abonnements à des contenus pédagogiques digitaux sur étagère. Par exemple le projet Voltaire qui délivre des certifications en orthographe a été mutualisé, et c’est heureux car on a jamais eu autant besoin d’écrire et de bien écrire depuis que le digital s’est généralisé ! Cette approche de mutualisation est aujourd’hui un vrai succès.
Actualité : Benoît Eymery délivrera son témoignage (enjeux, problématiques, solution) et ses bonnes pratiques lors du Séminaire Plateformes Digital Learning Féfaur 2019+ le 25 juin à Paris
Propos recueillis par Michel Diaz
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