Le blended learning s’est intégré au cœur des dispositifs de formation de Natixis, parce qu’il est, pour Céline Cussac, Directrice Learning & Development, “un véritable moyen de répondre aux préférences d'apprentissage des collaborateurs”. Ce n’est pas sans poser des défis qui valent d'être relevés parce que "donner envie aux collaborateurs d'apprendre et réapprendre devient incontournable".
La formation distancielle est-elle en train d’éliminer le cours en salle chez Natixis ?
Céline Cussac : Natixis investit considérablement dans le digital learning depuis quelques années à la fois pour répondre à une envie d'autonomie et de liberté attendue par les collaborateurs ; et également pour toucher un maximum de collaborateurs au-delà de toutes frontières géographiques. Le présentiel reste néanmoins incontournable notamment pour développer les compétences comportementales. Nous privilégions les formats courts et nous nous appuyons sur des pédagogies telles que le jeu, les techniques théâtrales, les méthodes agiles et collaboratives. Autant de pédagogies au service d’une expérience d’apprentissage innovante et engageante. Les classes virtuelles ou les webinars sont par ailleurs bien adaptés pour les échanges de bonnes pratiques entre collaborateurs de tout horizon. Les formats tels que les corners démo ou lunch & learn offrent quant à eux une proximité et une approche informelle très appréciées par les collaborateurs. Enfin, le coaching ou le co-développement peut être proposé en fonction des besoins individuels ou collectifs. Et nous envisageons de tester du e-coaching pour des besoins précis et ponctuels.
Le blended learning a donc fortement évolué ?
Céline Cussac : Tout d'abord, je considère le blended-learning comme un véritable moyen de répondre aux préférences d'apprentissage des collaborateurs. Et à ce titre le blended-learning doit selon moi dépasser la formule "e-learning+cours en salle+e-learning". Le blended-learning chez Natixis repose donc sur des formats très variés. Par exemple, il est possible pour développer son anglais d'accéder à des cours en présentiel ou par téléphone en fonction de son besoin, d'avoir en libre accès des applications sur mobile spécialement conçues pour Natixis, s'exercer au travers d'un MOOC ou encore profiter de l'appui d'un pair pour profiter d'échanges privilégiés en anglais et ainsi profiter par la même occasion d'une ouverture interculturelle. Autre exemple, l'accompagnement à la transformation des nouveaux modes de travail au travers d'un programme composé d'e-learning, de classes virtuelles ou de webinars, d'ateliers informels de proximité sous forme de corners ou de démo sans oublier les communautés apprenantes de notre réseau social d'entreprise. Aujourd'hui, cette approche du blended-learning repose principalement sur la liberté offerte à chacun de choisir le ou les formats les plus adéquates à son besoin et ses contraintes.
Quelles sont vos récentes innovations dans le digital learning ?
Céline Cussac : Nous avons beaucoup innové ces deux dernières années : le mobile learning, les plateformes de contenus gamifiées, le partage des savoirs dans les communautés et une plateforme pour démocratiser la création et la diffusion de contenus pédagogiques ! Plus récemment l'immersive learning en intégrant de la réalité virtuelle dans des formations comportementales, et deux projets de formation en réalité augmentée sur lesquels nous sommes en train de travailler. L'immersive Learning (VR/AR/360) représente un véritable potentiel car il a tout pour révolutionner l'expérience apprenante présentielle et distancielle de demain.
D’une façon générale, quels sont vos principaux défis en matière de blended learning ?
Céline Cussac : Tout d'abord, il nous faut poursuivre nos efforts pour mixer au maximum les pédagogies et construire ainsi des itinéraires apprenants adaptés au plus grand nombre.
Notre premier défi, c’est de pouvoir offrir une expérience apprenante “sans couture” malgré la pluralité des formats, dispositifs et devices utilisés. L'expérience doit rester simple, fluide, intuitive pour les collaborateurs. Le 2ème défi est selon moi l'exploitation de la Data et de l'intelligence artificielle (IA). S’il existe des solutions en ligne pour adapter le contenu à chaque apprenant (adaptive learning), il faut pouvoir s'appuyer sur l'IA à l'échelle de tout l’écosystème apprenant pour délivrer une expérience immersive et personnalisée de bout en bout.
Les équipes learning doivent apprendre à combiner le meilleur de chaque outil de formation, en fonction des objectifs pédagogiques poursuivis. Je perçois également l'importance grandissante des apports des neurosciences dans l'ingénierie pédagogique. Comprendre comment apprend et mémorise le cerveau par exemple est structurant pour créer des solutions apprenantes pertinentes. Un axe de développement qui va sûrement devenir incontournable pour les équipes learning.
Enfin, parce que donner envie aux collaborateurs d'apprendre et réapprendre devient incontournable, les compétences en communication prennent une place déterminante dans notre métier. Nous devons de plus en plus "raconter" et "entertainer" l'expérience formation afin que celle-ci soit comprise, attractive et engageante pour chacun.
Propos recueillis par Michel Diaz
|