Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme… Une formule de Lavoisier que tout formateur devrait faire sienne pour prendre sa place dans le vaste mouvement qui engage pour longtemps les métiers de la formation…
Tout se transforme (de plus en plus vite…)
Enjeux et objectifs de la formation, offres et solutions, organisation et process, missions et compétences… La formation connaît un bouleversement sans commune mesure avec ceux qui l'ont précédé. Ce qui caractérise cette transformation, c’est la vitesse à laquelle elle se produit sous nos yeux, et son périmètre : aucune des multiples dimensions de la formation n’est épargnée.
Ce mouvement ne ralentira pas ; il semble même qu’on soit aux commencements du digital learning. Il aura fallu une vingtaine d’années pour digérer les déceptions du e-learning et pour que l’offre et la demande arrivent à ce point de maturité où le numérique permet à la formation de se réinventer comme jamais. Ce commencement fait écho à la transformation digitale de l’entreprise qui est loin d’être achevée, ni même parfois très avancée, sauf dans quelques secteurs économiques. La formation étant en charge d’accompagner cette montée en puissance, on voit mal comment elle-même pourrait se stabiliser avant longtemps.
Ce déséquilibre permanent, que les optimistes qualifieront d’équilibre dynamique, donne matière à penser, quand ce n’est pas à s’inquiéter, aux professionnels de formation : les raisons qui sont à l’origine de ma vocation, les compétences que j’ai acquises (comme formateur, concepteur, chef de projet formation…) sont-elles encore valables dans ce monde d’obsolescence programmée ?
Rien ne se perd…
Aucune des compétences, aucun des savoirs qu'on aurait accumulés au cœur de la vocation de formateur (la transmission) ne sont perdus. D’abord ces savoirs, profondément ancrés dans les mémoires et les expertises, ces savoirs sont réactivables à tout moment. Ensuite il s'agit principalement de compétences comportementales (en effet caractéristiques des métiers de la formation), qui vont croître en valeur avec le développement du numérique et de l’automatisation.
Car, d'où que provienne la liste des compétences différentiantes de l’ère numérique, on s’aperçoit que les formateurs sont dotés d’une large partie d’entre elles ! Alors que la formation à l’interview a été la plus demandée cet automne (source : Udemy), on peut imaginer que la compétence correspondante est déjà dans le bagage du formateur qui consacre une partie de son temps à interviewer les commanditaires pour construire des programmes de formation, ou les apprenants dans le cadre du cours en salle ou leur accompagnement dans les arcanes de leur formation / évolution professionnelle.
Rien ne se crée…
C’est sans doute le plus difficile à admettre, dans la floraison quotidienne de nouveaux programmes de formation et d’outils qui aussitôt lancés se prennent pour l’œuf de Christophe Colomb… Pourtant, un peu de recul permet de constater que les idées les plus fécondes en matière de numérique appliqué à la formation proviennent… des professionnels de formation ! Difficile (sans doute pas impossible) de trouver un outil dont les spécifications n’ont pas été inspirées de principes pédagogiques ou de pratiques de formation déjà existantes… De la classe virtuelle (calquée sur les interactions en salle) aux communautés d’apprenants (quel formateur n’a pas rêvé de connaître ses apprenants avant le cours et de pouvoir les accompagner après ?), du parcours blended (dont la scénarisation emprunte aux bases de l’ingénierie pédagogique) au jeu d’entreprise devenu serious game ou au quiz e-learning (ressemblant comme deux gouttes d’eau au QCM traditionnel)… nombre d’innovations digital learning sont allées puiser dans le corpus de la formation.
Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme…
Une formule que tout formateur devrait faire sienne pour prendre sa place dans le vaste mouvement qui engage pour longtemps les métiers de la formation.
Michel Diaz
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