Patrice Bertrand (Directeur associé, Experquiz) : Les exigences renforcées des financeurs en matière d'évaluation des formations ont des conséquences très positives sur l'ensemble des dispositifs, car en se demandant comment démontrer la valeur ajoutée effective d'une formation, on s'interroge aussi sur la manière, ou plutôt les différentes manières, d'en améliorer l'efficacité. Ainsi, le besoin d'évaluation a amené une réflexion nouvelle sur l'ensemble du dispositif, la part optimale de digitalisation, et les outils associés. La traditionnelle évaluation de satisfaction, à chaud comme à froid, ne suffit clairement plus à valider la pertinence d'une formation, il faut désormais démontrer et mesurer les acquis effectifs durables, activables sur le terrain, et jusqu'aux impacts opérationnels dans les processus de travail. C'est véritablement le ROI de la formation qui est à redémontrer au cas par cas.
Laura Lesueur (Head of Learning, 360Learning) : La transformation digitale des entreprises modifie la manière d'évaluer les formations. Mixant divers formats, la blended evaluation répond aux plus larges attentes des entreprises en permettant de varier les modalités d'évaluation des connaissances - auto-quiz, mises en pratique, évaluation terrain, etc. - et leur assemblage éventuel. De "simple évaluateur", le formateur devient concepteur, architecte d'un dispositif d'évaluation aligné sur la stratégie de l'entreprise. Autres tendances fortes : la culture du feed-back (dont nous sommes adeptes pour nos propres équipes !), et l’évaluation entre pairs, qui caractérisent les organisations apprenantes. Quant à la gamification, son rôle se développe à travers les challenges entre apprenants, les badges ou par exemple les escape games, avec une prime souvent à des formats d’évaluation interactifs, courts et ludiques "joués" sur équipements mobiles. J'ajouterai que toute stratégie d’évaluation est partie intégrante de la problématique plus générale de l'engagement apprenant.
Laurent Balagué (CEO, Formetris) : Les entreprises sont aujourd’hui bien conscientes que la formation est un levier de croissance stratégique. Ainsi, nous constatons une tendance de fond qui se confirme depuis plusieurs années : l’évaluation ne se conçoit plus comme une simple mesure de la satisfaction. Au contraire, les services formation s’en sont emparés comme du meilleur outil leur permettant de gagner en efficacité, d’augmenter l’impact de leurs formations pour les collaborateurs et pour l'entreprise, et de démontrer la valeur des investissements formation. La formation a profondément évolué, s’immisçant dans la vie quotidienne, devenant vraiment continue et multi-modale. Cette montée en puissance de l’accès à l’information et de la formation informelle sous-tend une tendance émergente, la forte volonté des entreprises de mesurer et valoriser le développement de compétences qui en résulte.
Louis de Froment (co-fondateur, Diduenjoy) : On peut s'attendre à ce que l'évaluation devienne plus simple, immédiate et interactive. Simple car les entreprises cherchant à maximiser le taux de réponse des apprenants, il faut utiliser des questionnaires courts, au design soigné et optimisés sur tous les équipements. Qui voudrait encore répondre à un questionnaire de 5 minutes inaccessible sur son mobile ! Immédiate pour que les entreprises puissent exploiter les résultats en temps réel et déclencher des actions correctives. Interactive avec la possibilité de "fermer la boucle" (close-the-loop) afin d'apporter une réponse aux apprenants / managers, pour leur montrer aussi que leurs retours sont lus et utiles : ils deviennent alors partie prenante de l'amélioration de l'offre de formation. Simple, immédiate et interactive, donc, pour répondre à l'enjeu n°1 de l'évaluation, qui est de collecter un maximum de retours constructifs des apprenants.
Patrice, Laura, Laurent et Louis interviendront au Séminaire Stratégies d'Évaluation Formation 2019+ organisé par Féfaur le 28 mars 2019 à Paris : Comment construire et déployer votre stratégie d'évaluation de la formation
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