Apprendre c’est aussi une histoire personnelle et de tous les instants, la nôtre, sans frontières géographiques ni temporelles, et qui va bien au-delà d’une formation formelle et structurée… Quelques principes et outils en appui de cette approche devenue essentielle.
Apprendre ou une histoire "d’être au monde"
Nous vivons dans un monde complexe caractérisé par une incertitude grandissante et une accélération du changement sans précédent.
Dans le domaine des apprentissages, l’avènement d’une nouvelle ère numérique a profondément bouleversé notre rapport au savoir ou devrait-on dire "aux savoirs". Les savoirs en quelque sort devenus ubiquistes, c’est-à-dire partout autour de nous, accessibles, à la portée de tous.
Pour reprendre une expression de Michel Serres, apprendre aujourd’hui c’est avant tout une histoire de "cerveau libre" dont la culture et le développement passent par l’acquisition de nouvelles aptitudes qui refondent notre rapport au monde et au savoir : flexilité, agilité, esprit critique parmi d’autres, gage de notre capacité à identifier et collecter les "pépites" au milieu d’un océan de savoirs et à les transformer en connaissances appropriées.
Apprendre c’est aussi une histoire personnelle et de tous les instants, la nôtre, sans frontières géographiques et temporelles et qui va bien au-delà d’une formation formelle et structurée. Une formation "hors les murs" qui embrasse des univers informels que l’on retrouve dans le fameux modèle 70/20/10 d'acquisition des compétences.
Apprendre c’est donc "être au monde" et pleinement acteur de son développement dans sa relation au savoir.
Ponts jetés entre univers formels et informels
Institutions variées d’enseignement et universités d’entreprises peuvent donc s'interroger à bon escient quant à leur future valeur ajoutée sur ces nouveaux territoires des apprentissages informels, par définition difficilement accessibles par toute approche structurée.
Il nous semble en réalité qu’univers formel et informel peuvent se rejoindre lorsque le premier contribue à préparer l’apprenant à affronter le second, de retour dans son quotidien et confronté à sa propre réalité. C'est l'hypothèse que nous avons pu vérifier en 2018, dans la conception et le déploiement d'un programme de formation visant à préparer des collaborateurs à leur prochaine mission de cadre.
Comme nous l’avons observé, apprendre relève d’abord d’une histoire et d'une relation personnelle au savoir. Bâti sur les quatre piliers développés par Stanislas Dehaene - attention, engagement actif, retour sur erreur, consolidation -, le programme débute par une découverte de soi et de ses rapports aux apprentissages incluant des tests réalisés autour des styles d’apprentissage, des canaux d’accès à la mémoire et de la fameuse procrastination (tendance à remettre l’ouvrage au lendemain).
Huit principes, dans cet apprentissage guidé, sont ensuite proposés aux apprenants sous la forme d’une boite à outils avec laquelle, s’ils le désirent, ils pourront repartir pour une mise en application sur le terrain.
Ces principes et outils empruntent à diverses dimensions:
- Globale, lorsqu’il s’agit de définir sa stratégie et ses objectifs d’apprentissage ;
- Contextuelle, avec la mise en place d’un climat positif propice à l’apprentissage ;
- Innovante, dans principe de changer de point de vue pour renouveler sa vision ;
- Temporelle, en associant constance de l’effort et ancrage des apprentissages ;
- Réflexive, en donnant toute sa place au retour sur erreur ;
- Formative, en formant et en partageant ses propres savoirs avec les autres.
Ce qui est à l'œuvre ici : un développement des apprenants "au fait" visant prise de conscience et autonomie dans leur façon d’apprendre au quotidien. Ces principes et outils contribuent ainsi à l’émergence de professionnels lucides et engagés.
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