Pour Steve Wainwright, Managing Director EMEA chez SumTotal (groupe Skillsoft), une formation gamifiée pousse à la concentration maximale de l’apprenant sur les savoirs que l’entreprise veut lui voir acquérir… le contraire au fond de cette mauvaise réputation du jeu qui distrairait les salariés ! Pourquoi donc s'en priver, alors que cette concentration, ce plaisir d'apprendre sont les postures efficientes du travail à l'ère digitale ?
La formation “gamifiée”, c’est vraiment utile ?
Steve Wainwright : Je sais que l’utilisation du jeu dans l’entreprise et en particulier dans la formation fait sourciller un certain nombre de dirigeants qui ne trouvent pas cela très sérieux, alors que d’autres considèrent au contraire que la gamification peut être un levier d’engagement des apprenants… Il semble bien que ceux-ci soient en train de gagner, au vu du développement rapide de cette approche !
Utilité donc des contenus de formation ludiques…
Steve Wainwright : Oui, et la gamification n’est pas forcément complexe à mettre en œuvre, car il s’agit avant tout de créer de l’interactivité entre les "learning objects" et l’apprenant, par exemple via l'introduction d'objectifs virtuels, d'outils de visualisation de la progression, de niveaux… Par ailleurs, d’autres approches comme les battles, les leaderboards et autres défis permettent de “réunir” et de mobiliser des collaborateurs dispersés géographiquement.
On constate que ces nouveaux “learning objects” sont de plus en plus courts ?
Steve Wainwright : C’est exact… gamification et micro learning vont bien ensemble ! On constate que, dans le cas où ces ressorts pédagogiques sont utilisés, les taux d’usage et d’adoption de la plateforme de formation sont nettement supérieurs ; c’est une bonne chose : des personnes qui disaient manquer de temps pour se former vont maintenant vers la formation… La gamification et ses mécanismes de récompense incitent donc les apprenants à se former et, surtout, à aller jusqu’au bout du programmes de formation. Une fois cette habitude prise, les salariés sont entrés dans un processus d'auto-développement positif pour eux et pour l’entreprise.
Vous parliez de “ressorts pédagogiques”…
Steve Wainwright : Si la gamification et le micro learning “réussissent”, c’est parce qu’ils permettent à l'apprenant de concentrer son attention sur le contenu de formation et sur les progrès qu’il est en train de réaliser. Ressort pédagogique et psychologique : ce sentiment de réussite pousse l’apprenant à aller plus loin, et même à changer de comportement, ce qui est une clé de la nouvelle économie digitale. J’ajouterai que ces effets du jeu sont bien connus, car l’utilisation du jeu en formation n’a rien de nouveau ; mais sa nécessité s’impose plus que jamais s’il permet de maintenir un haut niveau d’engagement des salariés mobiles ou télétravaillant ; au passage, on notera que la gamification de la formation peut contribuer à resserrer les liens entre l’entreprise et ses free-lancers de plus en plus nombreux, ou tout simplement ses partenaires.
Le paradoxe, c’est qu’en se formant en jouant, le collaborateur évite de se distraire !
Steve Wainwright : Parfaitement ! La gamification pousse à la concentration maximale de l’apprenant sur le contenu de formation que l’entreprise veut lui voir acquérir. Mais vous aurez compris que l’essentiel est ailleurs, dans cette posture de l’apprenant incité à développer ses compétences de son plein gré. Cette capacité d’autonomie est devenue une clé de l’employabilité. Si la gamification permet de prendre plaisir à apprendre, voire d’apprendre à apprendre, tout le monde est gagnant, l’entreprise y compris.
Propos recueillis par la rédaction
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