La Digital Factory qui vient d’être lancée chez Air France est un lieu de formation alternatif revisité par le digital, designé pour donner envie d'apprendre à tous les collaborateurs ; un lieu complémentaire des autres dispositifs de formation de la compagnie, avec lesquels il compose souplement.
La révolution du digital learning poursuit son cours…
Après avoir bouleversé les formats de formation puis l’accessibilité aux ressources, c’est au tour des lieux d’apprentissage de se renouveler grâce au digital mais ce serait un leurre de penser que seuls de jolis coussins de couleur et un mobilier modulaire suffiront... tout comme, finalement, le bien-être au travail ne se réduit pas à l’installation de tables de Ping Pong ! Le plus important à mes yeux, c’est de créer et d'incarner « un esprit des lieux » qui soit radicalement tranché par rapport au système traditionnel des salles de cours hérité du modèle scolaire.
Des nouveaux lieux de formation qui ne s'affichent pas comme tels…
C’est pourquoi, prenant le risque du paradoxe, je souhaite promouvoir l’idée que ces lieux ne doivent surtout pas s’afficher comme une émanation de « l'organisation apprenante » (alors même que c’est leur véritable vocation !), de façon à permettre au plus grand nombre de les visiter (la première fois par curiosité) et d’y revenir parce que la proposition sera enrichissante et variée sur le plan inspirationnel comme expérientiel. En somme, les apprenants deviennent des visiteurs-apprenants qui choisissent librement de revenir ou pas, ce qui me semble en faveur d’un meilleur taux d’engagement effectif.
Par ailleurs, je suis convaincue que ces nouveaux espaces peuvent permettre de réunir des « profils d’apprenants » très différents : ceux qui sont encore très attachés au modèle traditionnel et en mal de projection comme ceux qui fuient le modèle passéiste et pensent que « l’apprentissage permanent » ne les concerne pas…
Enfin, l’offre de services, ainsi que l’état d’esprit de ceux et celles qui animent ce type de lieu, doivent pouvoir rayonner et s’exporter en dehors des murs physiques du lieu originalement créé : chez Air France, il a été décidé de lancer un projet expérimental de crédit-temps pour que certains ambassadeurs digitaux (les digital officer) puissent incarner cette « extension humaine » au service de l’acculturation digitale au plus près des métiers.
Lever les réticences de certains managers à laisser leurs collaborateurs se développer…
Pour autant, l’existence de ces nouveaux lieux ne va pas résoudre tous les freins à l’apprentissage. Tout simplement parce que dans l’écosystème d’apprentissage de tout collaborateur, il faut aussi compter avec les managers, dont ceux, encore nombreux, qui ne laissent pas leurs collaborateurs se développer, sauf pour se mettre en conformité dans le cadre des formations réglementaires. Il faudra donc les attirer dans ces nouveaux espaces et leur en faciliter l’appropriation par exemple pour l’organisation d’une réunion d’équipe ou d’un team building misant que cela déclenchera un engagement d’apprentissage collectif.
Composer avec les autres dispositifs de formation…
Ces nouveaux lieux ne doivent pas non plus s’affranchir totalement de la nécessaire mesure des temps de formation, ce qui va contraindre les équipes formation à réinventer le modèle. Des discussions qui débutent à peine chez Air France, autour de la Digital Factory dont le lancement est en cours, mais dont on voit toute la portée pour les collaborateurs, les métiers et l’entreprise.
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