Demain, le pédagogue devenu "architecte de voyages d’apprentissage"… Premières considérations : ubérisation galopante et savoirs ubiquistes mettent en jeu le rôle traditionnel des formateurs, sans signifier pour autant leur disparition.
Ubérisation galopante
On le constate depuis plusieurs mois, de nouveaux acteurs, boostés par le « digital » s’emparent de sujets variés auxquels n’échappe pas le champ de la formation.
De par les opportunités qu’il offre, et tout en restant attentif à ce qu’il peut signifier (au risque de le voir emprunter le même chemin que les autres poncifs du moment tels « l’agilité » et le « coaching »), le « digital » ouvre de nouvelles et réelles perspectives pour la formation. Sa présence dans les dispositifs de formation n’est certes pas nouvelle (rappelons-nous l’arrivée du e-learning au début des années 2000), mais les possibilités actuelles sont telles que de nouveaux paradigmes sont réellement envisageables dans la capacité à délivrer une expérience de formation impactante (ou devrait-on dire désormais de « learning ») bout-en-bout et multimodale.
Ainsi, le « digital » donne des ailes et chacun y va désormais de son idée et de son initiative ; ce qui en cela nous semble être une belle opportunité de participation et de contribution active, soutien essentiel à une vision de la formation dont l’apprenant, l’intéressé, devrait idéalement être le premier acteur de son développement.
On trouve ici le principe d’une bidirectionnalité plus forte dans le principe d’une co-construction des savoirs, la fameuse « coéducation » relevée par Joël de Rosnay. Il s’agit d’un changement de perspective et la conviction qu’il n’y a plus un sachant « omniscient » et des apprenants, mais que chacun sait quelque chose et contribue à une résolution collective du problème.
Savoirs ubiquistes
Autre conséquence de l’avènement du digital, les savoirs ubiquistes incarnent l’idée-force de savoirs présents partout, accessibles à la majorité comme par exemple les fameux cours en lignes nommés MOOC pour Massive Open Online Course.
En ce sens, les savoirs ubiquistes incarnent aussi une forme de démocratisation du savoir, ce qui n'est pas sans poser question à ceux qui jusqu’à présent en étaient les détenteurs exclusifs.
Ces savoirs sont aussi révélateurs d’une nouvelle attitude face au savoir et d’une forme d’agilité pour trier et identifier les pépites dans un « océan de savoirs » et dans une nécessaire considération où quantitatif, loin s’en faut, ne rime guère avec qualitatif.
En cela l’image de la « tête pleine » cède le pas à celle « d’un cerveau non pas vide mais libre » pour reprendre l’expression de Michel Serres. Le savoir utile s’acquiert ainsi au fil de l’eau, tout au long de la vie et par construction progressive et renouvelée.
Forts de ce constat, institutions académiques et universités d’entreprise se questionnent sur leur valeur ajoutée et leur positionnement demain. Les scenarii les plus pessimistes incarnent le principe d’une désintermédiation accrue et sonnent le glas du « formateur » dont la présence ne serait plus nécessaire dans un dispositif autoporté, opportuniste et consumériste.
Nous pensons qu’il n’en est rien et qu’au contraire ces bouleversements peuvent être synonymes d’un « faire grandir » commun et valorisant pour toutes les parties.
A suivre…
|