Quelques réflexions sur l'innovation pédagogique, par Michel Diaz et Jean-Roch Houllier… Et déjà des questions concrètes sur "l'ancien qui doit être remplacé par le nouveau"… D'autres suivront rapidement…
Une vague “digitale” sans précédent déferle sur notre quotidien avec chaque jour son lot de nouveautés. L’univers de la formation n’y échappe pas. La vision des professionnels de formation et de leurs clients internes ou externes en est profondément bouleversée, ce qui ouvre un vaste champ d’opportunités si la formation réussit à éviter les écueils qui se dressent au cœur de l’innovation, et sous réserve de disposer de quelques principes directeurs.
Un mot sur la vision. Il s’agit pour les professionnels de formation, à commencer par le “chief learning officer”, de se forger une vision communicable sous forme d’un “pitch elevator”, c’est-à-dire d’un exposé que le responsable formation pourrait éventuellement délivrer à un dirigeant de l'entreprise entre le rez-de-chaussée et le 3ème étage (par exemple) s'il le (ou la) rencontre dans l’ascenseur (cas favorable où les dirigeants n'ont pas un ascenseur réservé !). Autrement dit : 150 mots, allant à l’essentiel, décrivant les grandes lignes de la formation à venir et la valeur qu’elle créera pour l’entreprise. Si ce dirigeant vous offre alors de prendre rendez-vous pour une présentation plus complète, vous n’aurez pas perdu votre temps.
L’innovation en formation se décline largement aujourd’hui sous l’appellation non contrôlée de “digital learning”. Lequel est alimenté par une batterie de contenus, d’outils numériques et de services sans cesse et de plus en plus rapidement renouvelés. Il est indéniable que l’innovation - c’est-à-dire le remplacement de l’ancien par le nouveau (Larousse) - ouvre un large champ d’opportunités à la formation. On notera que deux questions sont d’emblée posées à la formation. D’abord quel est cet “ancien” qu'il serait souhaitable de remplacer ; impossible en effet de tout remplacer, sauf à courir le risque de jeter le bébé avec l’eau du bain. Ensuite, quel “nouveau” faut-il introduire, à quelle dose ? La réponse à ces questions ne va pas de soi, notamment parce qu'elle dépend des critères que vous aurez posés, critères qui varient en fonction du secteur d’activité de l’entreprise, de sa taille, de la maturité digitale des collaborateurs, et de bien d'autres facteurs à hiérarchiser pour éviter la paralysie.
Nous voulons faire ici deux constats :
Le premier constat, c'est celui de la réticence de la formation à se séparer de recettes qui ont fait son succès pendant des décennies, en particulier sur le marché français dont elle a largement profité de la réglementation ; de fait la formation est souvent encore orientée sur le format stage d'où partent et où reviennent les processus de production et de diffusion de la formation.
Second constat : pour un certain nombre d'équipes formation, l’innovation peut à tort prendre la forme d'une quête effervescente du prochain gadget numérique à même de séduire le client-apprenant… Exercice qui se heurte à l’ubiquité grandissante des contenus et des outils (le savoir est partout), et qui demande donc une vraie capacité à trier et sélectionner les meilleures offres (en fonction, on l'a dit, de critères à manier avec souplesse et rigueur à la fois) dans un délai écourté qui fait obstacle au recul nécessaire.
Quantité ne rimant pas avec qualité, les équipes formation doivent trouver donc de nouvelles façons d’innover pour convaincre les 48% d’apprenants insatisfaits de leur expérience d’apprentissage (source : Coursera for Business 2018, L&D from both sides of the table, 21 insights to Maximize Your L&D Investments).
Prochain épisode : Quelles sont les sources d'innovation pédagogique, qui doit être embarqué dans cette démarche ? L'occasion de traquer une première idée fausse…
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