Les plateformes LMS ont déjà une longue histoire dont l'origine remonte au milieu des années 1990. On ne s'étonnera pas qu'elles aient beaucoup évolué, et qu'elles continueront de le faire. Mais jusqu'où ? Rapide panorama d'une évolution en 5 temps.
Premier temps : LMS : le logiciel des origines
Rappel : ces plateformes sont à leur première apparition des "logiciels RH" (et non des services d'abonnement dans le cloud), comme il se doit alors, installés sur des serveurs internes avec tout ce que cela implique de rigidité dans le processus d'achat et de maintenance, et de dépendance vis-à-vis de la direction informatique. Ces plateformes sont logiquement inspirées d'une organisation "top-down" de la formation ; elles sont doublement "training centric" : d'abord parce qu'elles sont empreintes des pratiques administratives et réglementaires ; ensuite parce qu'elles diffusent du e-learning produit par des concepteurs multimédia, sans que les apprenants aient beaucoup d'influence sur les stratégies pédagogiques adoptées.
Deuxième temps : la divine surprise du Cloud
Dans un deuxième temps (grosso modo, il y a une dizaine d'années), le mode SaaS "Software as a Service" qui est la première mouture du Cloud, s'installe dans le champ RH après avoir fait une entrée en force dans le CRM (Salesforce.com) : le logiciel LMS est progressivement remplacé par un abonnement à des services fournis par un opérateur externe à l'entreprise. Les bénéfices en sont connus : souplesse, prix tout compris, indépendance vis-à-vis de la DSI… Le marché décolle vraiment, l'offre et la demande ayant gagné en maturité.
Troisième temps : hors la gestion unifiée des talents, points de salut
Dans un troisième temps, le learning est vu comme un sous-domaine (certes essentiel) du domaine plus vaste de la gestion des talents (recrutement, intégration, performance, mobilité, etc.) : tandis qu'une partie des éditeurs décident d'étendre le périmètre fonctionnel de leur plateforme à ces nouveaux horizons, d'autres décident au contraire de creuser toujours plus le sillon de la formation. La compétition est féroce, et les marchés financiers favorisent les éditeurs qui affichent la carte maîtresse : la gestion unifiée des talents dans le Cloud. On est encore largement dans cette étape, même si les prémices d'un 4ème temps se font de plus en plus sentir.
Quatrième temps : le marché se complexifie
Aujourd'hui les coutures craquent, d'autres approches se font jour en effet. Learning Experience Platform, Video Platform, Mobile First Platform… : ces plateformes ont fait irruption dans le domaine de la formation, avec l'objectif de mieux coller aux attentes et aux usages des apprenants, en aidant notamment la formation à servir l'enjeu d'accélération de ses offres. Plus transversales, sociales, gamifiées, misant sur la video, raccourcissant les cycles de production des contenus en ligne par une meilleure utilisation du feed-back apprenant… elles co-existent avec des LMS devenus "traditionnels", pas toujours sans mal. La question ici posée est celle de l'intégration entre ces diverses plateformes, qui devrait être facilitée par le jeu des API (elles sont toutes dans le Cloud).
Cinquième temps : Netfix Like ?
La prochaine frontière, pas forcément lointaine, est celle d'une plateforme "Netflix Like". Concrètement, il est vraisemblable que les plateformes se concentreront de plus en plus sur leur cœur fonctionnel : délivrer toujours plus vite des contenus pédagogiques digitaux de formats variés, automatiquement sélectionnés par algorithme dans d'immenses catalogues mixtes pour répondre à des besoins individualisés juste à temps… voire avant que ceux-ci se posent, par anticipation. Le modèle de ces plateformes existe, c'est celui de Netflix (ou d'Amazon ou d'autres) et de ses recommandations fondées sur les consommations personnelles de l'apprenant ou celles de ses pairs. Les LMS "Netflix Like" sont à notre sens appelées au plus grand avenir.
Michel Diaz
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