Xavier Sillon (CEO, Vodeclic) : On peut considérer que les freins au Digital Learning appartiennent à deux grandes catégories. D’abord les freins opérationnels, liés par exemple à la solution de formation choisie, au parcours utilisateur, à l’intégration pédagogique ou l’authentification notamment. Ensuite les freins culturels, liés à l’organisation de la formation, aux publics ciblés, aux critères d’éligibilité… La principale pierre d’achoppement tient le plus souvent à la moindre capacité des équipes directement concernées par le succès du Digital Learning, de construire des solutions à même de prendre ces contraintes opérationnelles et culturelles, des solutions de formation cohérentes et créatrices de valeur.
Gérard Peccoux (Président, Callimedia) : La réussite du digital Learning suppose en effet d’anticiper sur les freins et les risques d’échouer qui sont nombreux compte tenu de la relative complexité de ces approches. La réussite du Digital Learning repose largement sur l’utilisateur. La prise en compte de l’individu (qu’il soit apprenant ou administrateur), en particulier de ce qu’on appelle “l’expérience utilisateur3, de son probable besoin d’accompagnement, ce sont à mes yeux des facteurs essentiels pour renforcer l’adhésion du plus grand nombre, des facteurs qui sont cœur de la balance succès-échec d’une stratégie Digital Learning. Dans un environnement technologique en constante mutation, l’utilisateur a besoin de codes ergonomiques, graphiques, pédagogiques et d’une cohérence entre le support offert par la plateforme et les contenus de formation afin de s’approprier ses outils, de les utiliser avec aisance… et même de les promouvoir !
Elodie Primo (CEO, MOS-MindOnSite) : Le manque de communication et d’acculturation au digital reste un frein essentiel au développement du Digital Learning dans les entreprises. Car un projet de Digital Learning n’est pas tant un projet technique qu’un projet stratégique qui va impacter toute l’entreprise. Loin d’être un effet de mode, il peut conditionner la survie de l’organisation : il faut donc veiller à partager cette vision pour lutter contre d’inévitables résistances et permettre à chacun de s’impliquer. Mon conseil : prévoyez un budget communication pour expliquer le projet mais aussi le vendre ! Pensez aussi à former tous les employés aux fondamentaux de la culture digitale, pour résoudre la fracture digitale : l’entreprise ne peut avancer si une partie de ses collaborateurs restent en marge de cette culture digitale et de ses bonnes pratiques.
Jacques Nico (Directeur général, Smartcanal) : Un des principaux freins que nous rencontrons, c’est le souvenir négatif que les salariés ont gardé de leur expérience du e-learning “ancienne génération” : une formation le plus souvent subie, non personnalisée, peu attractive voire poussive… Les utilisateurs demandent maintenant plus d’autonomie dans leur apprentissage, ils ont un regard plus critique, plus exigeant. Il s’agit donc de “réinventer” le Digital Learning, qui, même s’il a fait ses preuves pédagogiques, doit gagner en attractivité. Pour répondre à ce nouveau défi, on pensera à diversifier les modalités pédagogiques, à mieux marketer la formation, à s’appuyer sur le “micro-learning” et le rendre accessibilité à tout moment et en tout lieu. Orchestrer efficacement ces différentes améliorations redonnera, sans aucun doute, le sourire à nos apprenants !
Aude Dellacherie (Directrice associée, Féfaur) : Le premier frein reste technique… Même si les technologies du Digital Learning sont arrivées à maturité, beaucoup d’entreprises continuent de rencontrer des problèmes en termes de postes clients, de réseau informatique, de compatibilité des nombreux systèmes avec lesquels le Digital Learning doit composer. On arrive à lever ce frein, si on l’a bien identifié, et si on y consacre suffisamment de moyens, notamment en lien avec la DSI. Le deuxième frein est largement “humain”, culturel, de l’ordre de l’engagement des employés et des managers, quand ce n’est pas des formateurs eux-mêmes. Sur ce front aussi les progrès sont tangibles, car la maturité digitale gagne du terrain, mais il reste beaucoup à faire, à convaincre, par des dispositifs de qualité et un effort permanent dans la conduite du changement.
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