Rencontre avec Jonathan Pottiez, expert en management de la formation, à l'occasion de la 2ème édition de son ouvrage "L’évaluation de la formation" (Dunod, 2013), dont la parution est prévue en octobre 2017.
L’évaluation de la formation, on en parle de plus en plus… mais au fait, en quoi consiste-t-elle ?
Jonathan Pottiez : Concrètement, en matière de formation, il est possible, et souhaitable, d’évaluer trois choses. D’abord la qualité de la formation en tant que produit ou service : les apprenants ont-ils apprécié celle-ci et leur a-t-elle permis réellement d’apprendre ? Ensuite vient l’efficacité de cette formation : quels effets la formation a-t-elle sur la performance des collaborateurs et de leur organisation ? Enfin, il est aussi possible d’évaluer l’efficience : si l’efficacité est prouvée, la solution retenue était-elle la moins coûteuse ? Sur ce dernier point, notamment avec le digital learning, il y a de véritables enjeux… L’heure n’est plus aux questionnaires de satisfaction, les commanditaires veulent des preuves d’impact !
Comment l'évaluation de la formation a-t-elle évolué ces dernières années ?
Jonathan Pottiez : Historiquement, les pratiques d’évaluation se limitaient souvent aux deux premiers niveaux du modèle de Kirkpatrick (réaction et apprentissage). Ces pratiques sont désormais maîtrisées, bien que perfectibles. La grande interrogation des responsables formation est désormais celle du niveau 3 : comment évaluer et accroître le transfert des acquis ? Dans la nouvelle édition de mon ouvrage, je montre comment l’évaluation peut être utilisée comme dispositif de pilotage pour accroître le transfert des acquis et, in fine, l’impact.
Le modèle de Kirkpatrick, auquel on se réfère souvent, date de plus de 50 ans… est-il encore pertinent ?
Jonathan Pottiez : Plus que jamais ! Le modèle a été mis à jour en 2010 et j’en détaille les nouveautés dans mon ouvrage : les quatre niveaux enrichis, les leviers au niveau 3 (pour contrôler, renforcer, encourager et récompenser la mise en œuvre des comportements suite à la formation), le retour sur les attentes (ROE)… Ce nouveau modèle cadre le process de détermination des critères de succès en amont de la formation pour en tirer des critères d’évaluation en aval. Cette logique se prête bien à l’évaluation d’une action de formation, mais aussi plus largement d’un plan de formation.
Les Analytics prenant une importance croissante, pensez-vous que l’avenir de l’évaluation est dans son automatisation ?
Jonathan Pottiez : Je pense qu’il y a là de réelles opportunités, surtout au vu de l’évolution des modalités d’apprentissage. Ce qui était presque impossible à l’époque du "tout présentiel" est rendu possible par le digital learning : il devient aisé de collecter un ensemble de données, d’analyser des résultats, de prendre des décisions éclairées… Nous n’en sommes qu’au tout début. J’attends impatiemment que l’on applique les modèles d’analyse prédictive de façon à identifier les freins et les leviers majeurs à l’efficacité des formations. L’évaluateur restera le concepteur du dispositif d’évaluation, mais il pourra surtout se concentrer sur l’exploitation des résultats et le plan d’action en résultant.
Propos recueillis par Michel Diaz
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