"Établir un langage commun" : 4ème d'une série de 10 leçons sur la stratégie et le déploiement du Digital Learning. En janvier 2014, l’Université de Thales lançait son projet Digital Learning. Jean-Roch Houllier, son directeur pédagogique international, vous réserve les dix leçons qu'il en a tirées, en avant-première de son intervention au Séminaire Stratégie Digital Learning Féfaur.
En matière de Digital Learning il ne suffit pas de partager un peu de vocabulaire anglais pour être assuré qu’on se comprend bien ! En cause : le foisonnement du domaine, l’apparition quasi quotidienne de nouveaux termes. D’où l’intérêt des bonnes pratiques qui suivent.
Affronter l’effervescence des terminologies
Parcourez la “littérature” sur le sujet et rédigez un glossaire des terminologies qui seront utilisées durant votre projet. Un exercice de ce type a pour vertu de permettre une confrontation des différentes terminologies et définitions proposées et de procéder à un travail de curation efficace. Je vous conseille de sélectionner les éléments importants qui font écho à votre projet : par exemple, dans notre cas, nous avons travaillé à définir avec précision l’approche “70:20:10” utilisée dans nos ateliers de conception de parcours multimodaux. Il peut aussi être pertinent de prévoir plusieurs langues pour votre glossaire (français+anglais par exemple) et de le faire valider par les bonnes personnes incluant votre département de la communication.
Principe de répétition et ancrage
Travaillez, tout comme en formation présentielle, sur le principe de la répétition et de l’ancrage, car la rétention, l’ancrage des terminologies prend beaucoup de temps et nécessite de communiquer en permanence, de partager, d’expliquer, de réexpliquer… Ce qui plaide pour l’usage d’un nombre restreint de termes, en évitant d’introduire des ambiguïtés. Pour citer un exemple, j’ai rencontré des difficultés à introduire la notion de “parcours multimodal” qui entrait en conflit avec la notion de “parcours de formation” tel que défini dans notre Training Management System (TMS).
Diffusion et partage
Partagez votre glossaire, par exemple en le mettant en libre accès dans votre système d’information. Veillez à ce que dernier devienne la référence dès lors qu’il est question de terminologie. Mettez-le à jour régulièrement si vous voyez surgir de nouvelles terminologies au cours de votre projet. Une autre initiative qui s’est révélée pertinente : la mise en place d’un parcours d’intégration pour nos concepteurs pédagogiques incluant le glossaire pédagogique du projet.
Crédibilité et invariance au quotidien
Œuvrez à mettre en place au quotidien une “sémantique” maîtrisée de votre projet, garantie de crédibilité et d’invariance auprès de vos différents clients et parties prenantes, ce qui est une bonne façon de lutter contre les “effets modes” et l’effervescence des terminologies liées à la pédagogie. Une bonne occasion de mettre en application cette bonne pratique, c’est par exemple de recadrer celles des demandes des clients internes qui seraient fondées sur un engouement de dernière heure : par exemple la demande impérieuse d’un MOOC ne cache-t-elle pas une simple demande de vidéo ? De même, en n’usant que de termes bien maîtrisés et dûment sélectionnés, vous contribuez à générer une forme d’invariance, utile compensateur à l’effervescence quotidienne.
Un dernier conseil : je ne saurais trop vous encourager à vous approprier en premier lieu, en tant que chef de projet, les terminologies que vous aurez choisies, votre crédibilité n’en sera que meilleure. Je pense à cette présentation du projet faite devant des partenaires sociaux de mon entreprise, où l’on m’a demandé de caractériser “numérique” et “digital”… Le fait d’avoir intégré préalablement ces deux notions dans notre glossaire n’aura pas été inutile !
(Avec la relecture amicale de Michel Diaz)
Déjà paru :
Stratégie et déploiement Digital Learning - Leçon n°3
Stratégie et déploiement Digital Learning - Leçon n°2
Stratégie et déploiement Digital Learning - Leçon n°1
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