Rencontre avec Pierre-Luc Machefer (Unifaf, Responsable de mission ingénierie-qualité-achat de la formation) autour de quelques questions-clés relatives à la qualité de la formation, vue par les OPCAs.
En tant qu'OPCA, qu'est-ce que la qualité de la formation pour Unifaf ?
Pierre-Luc Machefer : Pour Unifaf, une formation de qualité répond aux attentes et aux besoins de l’ensemble des parties prenantes. Pour les apprenants, il s’agit d’un dispositif pédagogique adapté à leur profil et à leurs modes d’apprentissage, ancré dans leurs situations professionnelles. Cet ancrage peut être plus ou moins important, mais il me semble indispensable, même dans les stages courts. Ces derniers sont souvent "tous publics" et ne prennent pas toujours en compte l’environnement des apprenants. Pour les employeurs, c’est "la bonne formation au juste prix" : la recherche de l’efficacité prime avant tout. Du côté des financeurs, notre objectif principal est de garantir la satisfaction des adhérents et des apprenants. Nous pensons que cela passe évidemment par un processus d’évaluation structuré, mais également par la transparence sur les actions de formation et les prestataires que nous finançons. L’outil Data Dock est un premier pas vers une meilleure "interconnaissance".
Le processus de certification qualité induit par le Data Dock porte-t-il sur une formation ou bien sur l’organisme de formation ?
Pierre-Luc Machefer : C’est bien l’organisme de formation qui doit figurer sur les "catalogues de référence" des financeurs, pas son offre. Il est très tentant d’assimiler Data Dock à un processus de certification, mais il n’y a pas de certification à la clé ! Il est en revanche indéniable que la mission de contrôle de la qualité est amenée à se développer, tenant compte notamment de la nouvelle donne politique et des nombreux rapports de l’IGAS. Data Dock permet aux prestataires de formation (initiale, continue, privés, publics, centre de bilan de compétences…) de n’avoir à répondre qu’une fois aux exigences communes concernant les 21 indicateurs.
Peut-on imaginer des formations "certifiables" alors que l’organisme dans son ensemble ne le serait pas ?
Pierre-Luc Machefer : Bien que ce soit l’organisme qui doive se positionner par rapport aux 21 indicateurs pour l’ensemble de son activité, certains labels qualité en formation reconnus par le CNEFOP ne portent que sur une partie de l’offre de l’organisme, ou sur un site géographique : c’est effectivement un problème dans la mesure où cela ne nous dit pas si l’organisme de formation applique cette démarche qualité sur l’ensemble de son offre. Pour autant, il sera présumé répondre aux critères du Décret et du Data Dock.
Réciproquement, un organisme de formation certifié par Unifaf voit-il automatiquement toutes ses formations certifiées ?
Pierre-Luc Machefer : Unifaf ne certifie pas les formations mais référence bien les prestataires "référençables" dans le Data Dock, indépendamment de leur offre : c’est en quelque sorte le "ticket d’entrée" sur le marché des OPCA & OPACIF. D'ailleurs ce n’est pas la nature du prestataire de formation qui détermine son obligation de déposer un dossier dans le Data Dock, mais celle du financeur. Si un financement est sollicité auprès d’un financeur (Etat, Pôle Emploi, Conseils Régionaux, OPCA, OPACIF, AGEFIPH) ayant l’obligation de référencer ses prestataires (le décret qualité du 30 juin 2015 applicable au 1er janvier 2017), alors le prestataire devra s’y inscrire s’il souhaite conserver cette part de marché.
Existe-t-il un lien pour Unifaf entre qualité et efficacité de la formation ?
Pierre-Luc Machefer : Pour être de qualité, une formation doit nécessairement être efficace. Si la qualité ne porte que sur l’acte de formation, cela revient à considérer la formation comme un espace-temps délimité, alors que c’est au contraire un processus étalé dans le temps. La qualité d’une formation s’évalue depuis l’amont, dès l’acte d’achat, jusqu’au transfert des acquis en situation, voire à la mesure d’impact sur l’association ou l’entreprise.
Les entreprises bénéficiaires de la formation ont-elles été consultées en amont de la mise en oeuvre du Data Dock, pour donner leur avis sur ce qu’est une formation de qualité ?
Pierre-Luc Machefer : Le référentiel du Data Dock est le fruit de la réflexion des financeurs, pas des entreprises. Néanmoins, des experts de la qualité en formation ainsi que des organismes de formation y ont contribué. C’est donc le dénominateur commun entre les financeurs, pour sécuriser la mise en conformité avec le décret : Data Dock n’a pas vocation à lui seul à structurer la qualité du marché de la formation, mais il va nécessairement y contribuer ! En revanche, lorsque nous sommes à la manœuvre pour acheter des actions de formation, nous prenons en compte les attentes de nos adhérents et sommes très vigilants à ce que les formations répondent à leurs exigences.
Propos recueillis par Michel Diaz
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