Quelle visibilité, quelle reconnaissance pour les apprentissages informels ? Une question-clé alors que ces apprentissages prennent toujours plus d'importance, car l'époque est loin, où l'on pouvait fonder toute une carrière professionnelle sur son seul diplôme universitaire. Pour Serge Ravet, pas de doute : les Open Badges sont la réponse à cette question.
Comment rendre visible et reconnaître les apprentissages informels qui représentent une composante essentielle des apprentissages tout au long de la vie ? C’est pour répondre à ce défi qu’en 2011 les fondations Mozilla et MacArthur ont conçu les Open Badges, avec l’idée de proposer un outil simple à mettre en œuvre (une image et ses métadonnées) et facilement accessible pour rendre visible non seulement les apprentissages, mais aussi les participations, les contributions, les réussites voire les affiliations.
Anatomie d’un Open Badge
Un Open Badge, c'est tout simplement un fichier image (au format png ou svg) dans lequel sont enregistrées des métadonnées dont les principales sont : l’identité du récepteur du badge ; celle de l’émetteur ; les conditions d’attribution du badge ; et last but not least les preuves qui justifient son attribution. Autres caractéristiques aux incidences pratiques : les Open Badges sont infalsifiables et vérifiables ; ils sont aussi anonymisés ce qui peut être pratique pour les CVs anonymes.
Emettre un Open Badge, c’est à dire mettre des métadonnées dans une image et l’envoyer à son destinataire, est une opération très facile à réaliser avec les outils disponible aujourd'hui. Ce qui prend le plus de temps, et de loin, c'est la conception de l’écosystème dans lequel les badges sont produits et valorisés. Bref : ne pas commencer par l'outil, mais par la stratégie de visibilité et de reconnaissance des apprentissages !
Les outils utilisés pour gérer les Open Badges sont plus ou moins sophistiqués, plus ou moins intégrés. Par exemple, Open Badge Factory, une plate-forme finlandaise, propose de nombreuses options pour la délivrance des badges : automatiquement à la suite d’un événement depuis Moodle ou Wordpress, à la demande de l’intéressé après avoir rempli un formulaire validé par ses pairs (par exemple "x" personnes possédant déjà le badge demandé) ou après vérification par un certain nombre d’experts choisis dans un panel prédéfini. Un constat ici : Open Badges et collaboratif sont liés, ce qui n'est pas fait pour surprendre, car les apprentissages informels eux-mêmes sont à forte composante sociale.
De fonctionnalités innovantes comme l’endossement des badges reçus offrent de nouvelles possibilités, comme l’émergence de réseaux de reconnaissance des apprentissages (Learning Recognition Networks), une opportunité justement saisie par les éditeurs de Portfolium (portfolium.com) ou de l’Open Badge Passport.
Open Badges et RH
Les Open Badges commencent à s’intégrer dans la panoplie des outils qui viennent servir la gestion et le développement des ressources humaines. On peut penser à IBM, qui a initié les Open Badges dans la reconnaissance de ses actions de formation externes. Les résultats sont spectaculaires : le nombre d'inscrits a augmenté de 129% et celui des inscrits allant jusqu’au test final de 694% (confère : Impact des Open Badges à IBM) !
Fort de cette première expérience, c’est l’ensemble de la gestion du développement des ressources humaines qui en 2017 commence à s’organiser autour des Open Badges — les résultats de ces nouveaux développements seront présentés lors de la prochaine conférence organisée par l’Open Recognition Alliance à Bologne les 25-27 octobre 2017.
|