Blended : mélange. Une approche "culinaire" du Blended Learning, par Sophie Maladri, Digital Learning Manager de KPMG, pertinente si l'on veut un résultat goûteux et digeste… Pour elle : "Blended Learning et mayonnaise, même combat, sans mélanger correctement l’ensemble des ingrédients, rien ne se passe, et quand on mélange mal, ça tourne… ça n'a rien plus rien de digeste, juste de l’huile !
Une difficulté accrue sur le marché mature et super innovant du digital Learning : le responsable formation dispose de nombreux ingrédients pour faire une très belle recette de Blended Learning… Top chef Learning en quelque sorte !
Mobile Learning agile, gamification obligatoire, jeux plus ou moins sérieux, base de tutos qu’il faut absolument avoir, classes virtuelles, webinaires, Small Learning, Micro Learning, Nano Learning : le grain pédagogique devient tellement petit qu’il finit par se dissoudre comme le sel dans le quotidien.
Mais n’oublions pas que ce Digital Learning agile, flexible, disruptif cohabite avec la culture du présentiel, encore très présente dans nos organisations, et revendiquée par de nombreux apprenants comme un droit : droit social, droit de vivre un moment différent, d’être invité dans des endroits sympas, d’admirer un formateur charismatique, d’être reconnu à travers la dépense faite pour ma compétence.
Ce qui ne décourage pas le top chef Learning : il se lance dans sa recette, à la recherche du dispositif miracle, bien pensé, d'où sortira une meilleure efficacité pédagogique, des économies significatives, une image innovante de la formation… le Graal.
Voici par exemple une recette très classique
- Positionner un quiz de pré-évaluation
- Administrer le e-learning sur les savoirs à acquérir avant la formation, si possible en "juste assez"
- Orchestrer une formation formidable mais de fait plus courte sinon ce n’est pas du jeu.
- Envoyer les piqures de rappels, autrement appelées Capsule !
Des questions très pratiques…
Quel tour de main faut-il pour qu’au-delà de la recette mitonnée par d'ingénieux ingénieurs pédagogiques, la sauce prenne, les apprenants se connectent et apprennent ? Comment faire pour que le e-learning proposé en amont ne se transforme pas dans la pression actuelle des priorités en un « je n’ai pas le temps, je verrai bien à la formation ». Comment faire pour que la 3ème relance faite à l’apprenant pour suivre le e-learning ne se transforme pas en un championnat du monde de clics sur le bouton suivant… ?
Plusieurs pistes à creuser pour le top chef Learning
L’un d’elle est de travailler à mon sens sur l’expérience apprenant, à l’instar de nos collègues du marketing et du monde du web pour leurs clients, devenir « apprenant centrics », penser le dispositif avant tout comme un voyage avec une promesse motivante et ne pas reléguer le distanciel à un simple habillage du présentiel, mais lui donner un rôle prédominant dans le voyage. Tous les acteurs, concepteurs, formateurs, sponsors devront alors s’engager dans cette aventure et s’impliquer dans l’ensemble des modalités, qui jouent la même partition, raconte la même histoire.
Une autre piste est également de positionner le Learning dans un ensemble plus large que sont les plans de conduite du changement accompagnant les transformations en cours et à venir. Les Learning Objects, les rencontres, les speed Learning meetings, les points coaching ou toute autre invention permettant l’adhésion et l’apprentissage, seront des atouts forts pour la réussite des projets qui s’enchaînent à grande vitesse.
Autre orientation (mais la parole est à l'imagination) : combler ce qui manque cruellement à l’apprenant lorsqu’il apprend à distance avec son ordinateur ou son smartphone, à savoir l’émulation collective ; du coup, créer des challenges, des équipes qui suivent ensemble des MOOC, des learning meetings où chacun enseigne aux autres, créer des binômes expert-débutant, avec un conseil personnalisé de l’expert sur des capsules précises en relation avec la mission à accomplir, etc.
Pour résumé : le Blended Learning, certes, mais sans recette toute faite ni dogmatisme car le dispositif ne fait pas tout ! Innovons en dehors des outils, avec empathie envers les apprenants, et la mayonnaise prendra comme tout projet fait avec cœur et passion.
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