Les technologies numériques offrent tous les outils nécessaires pour évaluer les connaissances acquises grâce à la formation, sans lasser (au contraire l'apprenant). Pour Isabelle Dremeau, c'est bien mais insuffisant : pour les apprenants comme pour les formateurs, l'essentiel, c'est d'évaluer la bonne application de ces savoirs en situation de travail. Le numérique offre là aussi de nouvelles perspectives, promues par la Réforme de la formation professionnelle : l'apprenant devient le principal acteur de son évaluation.
Il faut avouer que les nouvelles technologies ont beaucoup facilité la tâche des formateurs en matière d’évaluation : création de quizz multimédia avec notation, récupération et suivi des résultats sous forme de fichiers Excel avec résumé graphique et rapports de statistiques sur les plateformes LMS. Pas de danger de lasser les apprenants, les formes d’évaluation sont aussi variées et flexibles que les outils numériques mis en place pour répondre au contrôle des connaissances acquises. Prenons par exemple les quizz de fin de module ou la pratique de la « classe inversée » : la diffusion de vidéo-quizz sur des services tels Vialogues, EDpuzzle ou PlayPosit permet la traçabilité des consultations et des réponses aux questions, ce qui atteste de la visualisation et de la compréhension de la leçon et donne au formateur le contrôle sur l’acquisition des connaissances.
On pourrait en rester là et se dire que l’on a répondu ainsi aux exigences du format attendu des évaluations en formation. Mais ce serait n’utiliser qu’un faible potentiel des technologies numériques. Car à ce stade on remplace simplement quelque chose d’existant et on l’enrichit d’interactivité et de multimédia. Le plus important est à venir et concerne maintenant les transformations sur notre manière de concevoir l’évaluation en se recentrant sur l’apprenant.
En effet, ce qui intéresse les formateurs va au-delà du simple contrôle de la formation. Il nous importe beaucoup plus de s’assurer que l’apprenant sera capable de réutiliser son savoir de manière autonome hors des sessions de formation afin de le mettre à profit dans l’entreprise et également pour son développement personnel.
Inverser le contrôle pour que l’apprenant soit responsable de ses apprentissages
L’apprenant devient aussi grâce aux services de partage et de création de contenus sur Internet le moteur de l’évaluation de son apprentissage. Il pratique l’auto-évaluation, se fait évaluer par ses pairs (à l’instar des MOOC), reçoit des feed-back interactifs et réactifs des formateurs, crée son e-portfolio et en retire une meilleure connaissance de sa manière d’apprendre. Tout cela en développant un jugement critique qui le met en situation de confiance pour continuer à définir des critères d’évaluation adaptés au développement de ses compétences.
La loi du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle aide à aller dans ce sens en plaçant la formation à distance et l’utilisation des outils numériques en ligne en formation dans le code du travail. C’est dorénavant l’assiduité de l’apprenant qui est prise en compte au travers de travaux réalisés et non plus les temps de connexion sur la plateforme de formation. Les nouvelles technologies vont pouvoir être utilisées dans un plus large spectre d’application en offrant à l’apprenant un apprentissage flexible, coopératif et social, qui lui permettra de s’approprier petit à petit ses propres accès à la réussite.
Les tendances du Digital Learning qui englobent des technologies comme la réalité augmentée, le mobile learning, la gamification de la formation ou les Learning analytics (l’analytique de l’apprentissage) nous amènent à repenser la modélisation de nos schémas actuels d’évaluation.
Nous enseignons différemment, nous évaluerons différemment en bousculant nos représentations et en donnant le contrôle à l’apprenant pour qu’il puisse investir, accompagné du formateur, ce nouveau champ d’exploration.
Isabelle Dremeau
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