Les professionnels de formation possèdent déjà sinon potentiellement la plupart des compétences qui leur permettront d’intégrer le Digital Learning dans leur pratique professionnelle. Partant des solides bases de leur métier, ils pourront adapter leurs offres et processus de formation aux nouvelles façons d'apprendre induites par les usages du Web et du mobile. Ce n'est pas mission impossible, car il leur suffit de s'auto-observer pour se mettre sur la bonne voie !
Si les professionnels de formation possèdent déjà la plupart des compétences nécessaires, c'est parce que le Digital Learning n’a pas fondamentalement changé les motivations de l’adulte à se former. Ces motivations sont décrites de longue date dans divers modèles, dont l’andragogie de Malcom Knowles est un des plus connus (l’apprenant adulte co-stratège de son parcours de formation, lequel doit viser des objectifs concrets, utiles, et s’appuyer sur l’expérience dont ne manque jamais l’apprenant).
Qu’on utilise le tableau noir et la craie ou le dernier gadget numérique, ce fond est largement immuable ; c'est celui que les concepteurs et formateurs sont censés mobiliser, car il n’y a pas de stratégie de formation qui ne s’appuie sur ces principes dont on mesure les prolongations pratiques dans le design des offres de formation comme dans les processus nécessaires à leur conception / production / diffusion. Ceci dit, les bases auront beau être solides, rien n’interdit qu’on s’assure régulièrement que les offres de formation, même traditionnelles, ne perdent pas de vue les motivations de l’apprenant adulte - des motivations qui doivent demeurer comme le Nord de la « boussole de formation ».
Le digital est toutefois passé par là. Pratiquement, l’apprenant adulte prend l’habitude de se former et de s’informer autrement, en complément des dispositifs déjà existants. Les professionnels de formation n’ont pas à chercher loin ces fameux usages (induits par le Web, le smartphone et autres objets connectés) qui semblent l’alpha et l’omega de la formation en devenir. Car il suffit de s’observer soi-même pour reconnaître cet « apprenant contemporain » : connexion permanente, consommation de vidéo, de quiz, de mini jeux, échanges au sein des réseaux sociaux, etc. Cette connaissance des nouveaux usages (pas si nouveaux) ne demande qu’un peu d’introspection (point besoin d'être un geek), une qualité plus que jamais nécessaire aux professionnels de formation, puisque c’est à partir de cette capacité à s'observer soi-même en « action digitale » qu’ils pourront bâtir des offres en prise avec les attentes du nouvel apprenant.
La difficulté à dépasser n'est pas technique, elle est de l'ordre de la posture, d’une sorte de cloison à faire tomber : professionnel dans la journée, plongé dans mes activités de conception, de production et de diffusion des savoirs, j'occulte le particulier (Webonaute, Mobinaute, Gamer, etc.) que je suis le reste du temps, et dont l'observation pourrait guider sûrement l’évolution de mes offres.
Non contents de disposer des savoirs fondamentaux attachés à leur métier (souvent aussi une vocation), les professionnels disposent donc en outre, parfois sans en avoir conscience, de la clé qui leur ouvre le champ du Digital Learning ! Une fois le seuil franchi et les premières appréhensions dépassées, une fois cette posture comprise, reste à acquérir un ensemble de techniques dont la maîtrise n'est pas si complexe qu'on veut parfois le croire. Les salariés et les métiers ont tout à y gagner : les formateurs sont essentiels au soin du capital humain de l’entreprise.
Michel Diaz
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