L’évaluation est sans conteste un chantier prioritaire des professionnels de la formation. Donc évaluer, oui, mais quoi ? Trois objets de l’évaluation se distinguent principalement : la qualité, l’efficacité et l’efficience, qu'il faut avoir en tête dès avant de construire une stratégie d'évaluation de la formation.
La dernière réforme de la formation a fait la part belle au sujet de la qualité. Le législateur, en faisant paraître un décret spécifique, a ainsi listé un certain nombre de critères permettant d’évaluer la capacité d’un prestataire de formation à satisfaire des exigences. Pour faire simple : l’organisme de formation qui démontrera ainsi son professionnalisme sera supposé délivrer des formations de qualité. Telle est la vision du législateur. Dans la logique du modèle de Kirkpatrick, la qualité peut correspondre aux niveaux 1 et 2 (réaction et apprentissage) : il s’agit de vérifier que le « produit formation » a généré a) des réactions positives chez les apprenants et b) des apprentissages (c’est bien la moindre des choses). Là s’arrête la responsabilité du prestataire car nous savons bien qu’il n’a pas (complètement) la main sur ce qui se passe avant et après la formation…
Ainsi, une formation dite « de qualité » ne produit pas nécessairement des effets pour l’apprenant comme pour son entreprise. C’est là toute la question de l’efficacité, relative à la capacité de la formation à atteindre les objectifs fixés et obtenir les résultats recherchés. Toujours en référence au modèle de Kirkpatrick, cela correspond aux niveaux 3 et 4 (comportement et résultats) : les apprenants utilisent-ils les acquis de leur formation et cela a-t-il un impact sur les résultats de leur organisation ? La suppression du 0,9 % a amené les directions générales à se poser des questions sur l’utilité et l’efficacité des formations. Charge au responsable formation de leur fournir des preuves… On est loin des questionnaires de satisfaction et d’évaluation des connaissances…
Mais ça n’est pas tout. Le responsable formation qui aura relevé le défi précédent pourra aller plus loin pour évaluer l’efficience de la formation. Que la formation soit efficace, c’est une chose, mais l’a-t-elle été au meilleur coût ? Efficacité et efficience sont ainsi deux notions indissociables : l’efficience n’est possible que si l’efficacité est prouvée. Cela n’a donc pas de sens de comparer des modalités de formation entre elles (ex : présentielle/en ligne, externe/interne, etc.) en ne considérant que les coûts. L’efficience est à rechercher au moins à deux niveaux : en amont du projet pour optimiser les choix (quelles solutions privilégier pour avoir le meilleur impact et au meilleur coût ?) et en aval pour vérifier si ces mêmes choix étaient effectivement judicieux.
Qualité, efficacité et efficience sont telles des poupées gigognes : la qualité conditionne (en partie) l’efficacité, qui elle-même conditionne (en partie) l’efficience. Les pratiques actuelles d’évaluation se focalisent principalement sur la qualité de la formation (niveaux 1 et 2). Pourtant, avec le Digital Learning et son offre pléthorique, il est encore plus légitime d’identifier les manières d’apprendre les plus efficaces et efficientes. Charge donc aux professionnels de la formation de ne pas se limiter à la conformité légale et de répondre aux questions de ceux qui décident de l’avenir de la fonction formation dans l’entreprise.
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